#ReinventWork : Transformer les organisations par leur mission

Comment les entreprises peuvent-elles honorer l’exigence de sens et de responsabilité sociétale tant vis-à-vis de leurs talents que de leurs clients ? C’est la question qu’a posé le cinquième événement de notre cycle Reinvent Work, organisé par l’ACSEL et NUMA, en partenariat avec Talentsoft.

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6 min readJun 21, 2018

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À l’heure où le projet de loi PACTE interroge la définition de la “mission d’entreprise” et ses liens avec l’intérêt général, une étude de Weber Shandwick publiée fin 2017 révèle que seuls 14% des salariés français se déclarent alignés avec la mission de leur entreprise, et qu’ils sont même 7% à se sentir en décalage absolu avec celle-ci. Devant de tels chiffres, il nous semblait donc indispensable de clore cette première année du cycle Reinvent Work par ce sujet.

Chez NUMA, nous sommes convaincus depuis notre création que ce sont les innovateurs issus de tous les horizons, guidés par une mission (cf. la tribune d’Arnaud Meunier, notre ex-directeur programme d’Accélération : “Why I love mission-driven entrepreneurs”), qui permettront de conduire le changement et concrétiser ce qui semblait impossible, grâce à leur agilité, détermination et leur ingéniosité.

Pour venir débattre de ce sujet, ReinventWork a invité Muriel Barnéoud, directrice de l’engagement sociétal au sein de La Poste, Luc Delage, directeur de cabinet du DG de la MAIF, Victor Genin-Gerbe, directeur RSE d’Edenred et Alexandre Pachulski, co-fondateur de Talentsoft, dans une table-ronde animée par Valentin Pringuay de Terra Incognita, pour illustrer des exemples de missions concrètement mises-en-oeuvre de manière pragmatique et digitale.

Comment garder une culture “militante” aussi vive qu’à ses débuts ? L’exemple de la MAIF

La MAIF, l’“Assureur militant”, fait partie de ces entreprises relativement atypiques, créées autour d’un projet non pas entrepreneurial mais politique — celui de proposer une assurance au meilleur prix par opposition à une logique de profit. Naturellement, les 7500 employés ont un fort engagement qui se cristallise au quotidien dans une culture de la satisfaction client extrêmement forte.

Luc Delage distingue ainsi deux cordes de rappel de leur mission très puissantes : leur mode de gouvernance spécifique avec la représentation de leurs clients “sociétaires” et de salariés dans leur conseil d’administration et leur culture d’entreprise très forte, qui leur permet de recruter et fidéliser des profils sensibles à leurs valeurs. Il indique également qu’une troisième possibilité va émerger au sein du groupe, qui s’apprête à formaliser une raison d’être dans leurs statuts, pour se donner une boussole précieuse dans un monde en pleine transformation.

Pour lui, la question la plus importante est celle de la sincérité : une mission ne peut fonctionner hors d’un alignement avec les actions de l’entreprise, sans lien avec l’interne. Personne n’est dupe de quelques mots érigés en mission, le vrai sujet est de partir d’un engagement sincère et d’une posture éthique qui font sens.

L’enjeu de La Poste : conserver les valeurs du service public après une privatisation

Comment parler d’une seule “mission” pour une entreprise qui a plus de 500 ans d’histoire ?

Après avoir porté une mission non-formalisée de maillage de territoire en partie confiée par l’État, La Poste a fait le choix en 2010 de conserver quatre missions fondamentales d’intérêt général malgré son changement de statut légal, très contextuelles dans l’histoire du pays, qui toutes portent autour de la question du vivre-ensemble intergénérationnel et immatériel :

  • la mission du service postal
  • de la distribution de la presse (surtout avant l’ère d’Internet)
  • de l’aménagement du territoire (il n’y a pas de raison qu’en vivant loin d’une ville, on vive dans un désert socio-économique)
  • et de l’inclusion et l’accessibilité bancaire sur tout le territoire.

L’engagement des salariés est pour Muriel Barnéoud la première priorité. Cela pose la question de comment survivre économiquement dans le monde de demain tout en conservant son authenticité. Bien sûr, quand on compte 250 000 employés avec une réalité de catégories sociales différentes, tout le monde ne peut pas être engagé à 100%. Néanmoins, les collaborateurs sont très sensibles à la question de se projeter dans l’avenir sans dévoyer de ses racines.

Ces missions se matérialisent par le développement de nouvelles offres, nées de la rencontre de cette idée de racine et d’une réalité chahutée d’une société vieillissante où chacun a pourtant le droit de vivre là où il en a envie. L’offre “Veiller sur mes parents” en est un bon exemple : alors que les déplacements postiers devenaient insolvables suite à l’effondrement du courrier postal, cette offre a permis d’insérer dans le process de l’organisation une action sociale, qui jusque là relevait de l’initiative individuelle, et a permis de refléter une fonction dont les facteurs témoignaient historiquement.

Edenred, une mission d’entreprise arrivée plus tardivement, en lien avec la politique RSE

En 2017, ce groupe français de 8000 collaborateurs présents dans 45 pays a entrepris une refonte de sa marque et ses valeurs, renouvellement qui lui a permis de penser autrement sa mission pour donner davantage de sens. Longtemps focalisé sur une vision B2B de son métier (autour de la pause déjeuner), il a compris que l’essor du digital lui permettait désormais de se penser en B2B2C et de se donner pour ambition de faire du travail un monde meilleur pour tous, repensant leur politique RSE.

Une étude avec toutes les parties prenantes à l’échelle mondiale a permis de dégager sept enjeux prioritaires : l’éthique des affaires, la sécurité des données, la sécurité informatique, le management des talents, l’alimentation équilibrée, l’énergie & le climat, la digitalisation responsable des paiements. S’est ainsi structurée une nouvelle approche du développement durable motrice à long-terme autour de 3 axes : “People, Planet, Progress”.

Pour illustrer l’enjeu le plus concret de cette nouvelle mission qui se reflète dans leur business, Victor Genin-Gerbe donne l’exemple de leurs solutions de paiement digital. Celles-ci permettent non seulement de satisfaire la génération smartphone, mais surtout d’amener au digital toutes les parties prenantes sur tous les territoires et de générer de la valeur en elles-mêmes.

Talentsoft, incarner sa promesse client auprès de ses talents

Au départ, l’ambition de Talentsoft répondait d’abord à un besoin “égoïste” — les co-fondateurs voulaient se libérer de la notion de travail asservissement — puis elle est devenue de faire en sorte que tous les gens qui les rejoignent vivent cette expérience différente avec eux. Leur but aujourd’hui est de transformer l’expérience du travail, en transformant plus précisément les RH en designers et les collaborateurs en acteurs de leur carrière, grâce à un outil et une communauté qui permettent d’appréhender différemment le travail.

En effet, quand Alexandre Pachulski a co-créé Talentsoft il y a 11 ans, on manageait par les “valeurs”… mais il arrivait qu’on demande à un consultant extérieur de les incarner. Un paradoxe que l’on peut retrouver aujourd’hui avec la notion de mission. Pour être crédible, il faut que la mission soit “alignée” avec la stratégie de l’entreprise. Elle doit s’incarner dans le “Pourquoi” de cette dernière, dans ce qu’elle vend et pour quelle finalité.

Cette obsession de l’alignement est clé vis-à-vis de l’engagement des collaborateurs : penser la mission comme une “obsession” implique une loyauté fondamentale vis-à-vis d’eux. Sa conviction profonde est que l’entreprise, et les RH en tête, doivent tous les jours se demander comment faire un petit pas de plus pour toutes les personnes de l’entreprise. Car il attire notre vigilance sur un point : attention à ne pas devenir élitiste et inclure uniquement “les cols blancs” en parlant de mission.

Vous souhaitez en savoir plus ? Visionnez le Facebook Live de l’événement

#ReinventWork est un cycle organisé par l’Acsel et NUMA, en partenariat, avec Talentsoft. Chaque événement est constitué en :

  • Un parcours de matinées au NUMA qui réunit 150 DRH, CDO, et entrepreneurs à chaque évènement, adhérents de l’Acsel et contacts du NUMA.
  • Une visite d’un lieu innovant ou la mise en pratique lors d’un atelier en groupe réduit.

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Le coaching d’une génération d’entrepreneurs nous a appris une chose essentielle : la seule compétence indémodable, c’est de savoir travailler.