Une expérience des Napoléons

Arnaud Chaigneau
NUMA
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5 min readSep 24, 2017

Au retour des Napoléons (Arles), j’avais proposé à l’équipe NUMA de rédiger un REX sur cet évènement particulièrement bien tenu. Et puis, je me suis dit qu’un concept comme celui-ci, dont les clefs de succès sont nécessairement inspirantes, c’est comme un pot au feu… ça se partage.

NB : Ceci n’est pas un billet sponsorisé. ;-)

Il y a quelques choses d’assez impalpable dans ce cycle d’évenements “Les Napoléons”. Il y apparaît une culture de l’élégance discrète. Rien n’est pédant dans l’organisation, le choix des intervenants, les invités proposés. Aussi, tout est suggéré, rien n’est imposé. Ce n’est pas un moment de luxe à la bienveillance hypocrite. C’est une parenthèse, un échange, où l’on suggère, on invite. Ce qui est remarquable c’est la capacité d’exécution et la cohérence de l’évènement. Je retiens 3 mots qui peuvent le définir : l’élégance, la suggestion, l’étonnement.

L’élégance. On la retrouve comme un fil rouge le long des Napoléons. Elle est intellectuelle et appartient à Vincent Edin dans ses conversations avec les invités. On la perçoit dans le choix des lieux, dans le chapeau tissé que l’on te propose avant les conférences et que tu peux reprendre si jamais le dernier est perdu. Car il serait inélégant que tu cuises sous le soleil de Arles. On la retrouve dans le choix des fonds, noirs, qui coordonnent chaque keynote, dans ces petites bouteilles placées dans les bacs à glace, dans les cafés chauds ou froids proposés par Nespresso (sponsorship) à chaque lieu de rencontre. Cette élégance elle nous accueille par un clin d’oeil, un mot, un sourire, un rappel de ton prénom par les fondateurs Mondher et Olivier. Elle est dans les « goodies » qui ont été envoyés, par coursier, à chacun, quelques jours avant le départ. Rien n’est oublié. Tout est élégant et invite naturellement chacun à l’être dans son attitude, ses conversations, son rapport aux autres. Un point également important est le fait que les intervenants aient, lorsque que c’est possible, l’élégance de rester au moins la journée de leur intervention au mieux les trois jours de l’expérience. Car il serait dommage et peut être méprisant de picorer aux Napoléons.

La suggestion. Rien n’est obligé, tout est suggéré. Cela impose une certaine indépendance et une attitude engageante car enfin, il peut aussi rien ne vous arriver. Les journées sont rythmées par des keynotes et des workshops qu’ils vous faudra choisir. Puis viennent les déjeuners ou les dîners dont certains sont organisés et d’autres à votre choix de compagnes et compagnons. Parce que la bienveillance est là, parce que les sujets d’échanges viennent après les conférences, parce que les invités sont chacun des curieux, les premiers échanges sont faciles et les conversations suivent. L’organisation permet cela car rien n’est « massif » et rien n’est « commandé ». Par « massif » j’entends que la communauté d’invités est répartie dans plusieurs lieux de la ville, que les formats de conférences sont nombreux et sauf 1 ou 2 keynotes qu’elles réunissent de petits groupes, que si un grand dîner ouvre le le cycle, les prochains se répartissent à 5 ou 10. Un tirage au sort a même été organisé pour réunir un diner à 30. Par « commandé » j’entends qu’il n’y a pas de “G.O” imposant les choix d’activités, culpabilisant les timides, galvanisant les bavards. Concrètement, chacun doit se prendre en main. Les hôtels, les restaurants, les découvertes sont proposés. A chacun de choisir où aller, avec qui, et quoi en retenir.

L’étonnement. Jean de Loisy (Palais de Tokyo) a dit dans sa keynote que l’art consistait aussi à créer l’étonnement, en apparaissant à des moments ou des lieux improbables. Je retiens aussi cela des Napoléons et sur ce point j’y poserai même une exigence. Il faut continuellement créer cet étonnement.

Quelques clefs observés :

L’appli (Spotme): chacun reçoit une application où l’on retrouve toutes les infos (invités, speakers, accommodation, agenda…). Vraiment, c’est un coup de génie retrouvé également sur The Bridge.

Le bag : l’expérience commence par un organisateur des Napoléons qui livrent un « bag » avec plusieurs goodies qui, eux mêmes sont des messages : crèmes solaires, petit ventilo, bonnet, chocolat…

Le départ : le départ en gare est rappelé par sms le matin du départ. Un train est affrété — ce qui est déjà incroyable — et le trajet s’organise autour de dégustation, découvertes, expériences diverses. Les premiers échanges naissent de ce voyage.

L’arrivée : que ce soit Val d’Isère ou Arles, chacun est indépendant et le calendrier reste léger. L’arrivée est une nouvelle étape : on vous reçoit par une colation, un objet, puis après une pause, un dîner est organisé le soir.

Les trois jours : Une fonctionnalité de l’application offre l’agenda des keynotes et workshops. Elle permet de scanner les personnes présentes et de conserver leurs coordonnées. Dans tous les cas, il y a une messagerie interne pour pouvoir discuter avec chacun. Tous sont accessibles y compris les intervenants (sauf François Hollande…) Chacun possède un profil ou une photo ce qui facilite les rencontres. Une conciergerie est disponible si besoin. Sur Arles il a manqué à mon avis d’un plan intéractif de la ville avec les lieux de rdv des Napoléons (il existait sur The Bridge et permet d’avoir des points de repères). Je me suis demandé si il ne serait pas opportun d’ajouter 3 lignes sur chaque invité dans le profil des invités. Sur The Bridge, il y avait aussi une bibliothèque de contenu à dispo pour creuser un sujet.

Les gens : l’une des clefs de l’évènement réside dans le choix des intervenants (naturellement) mais aussi des invités. J’ai vu sur d’autres évènements à quel point l’attitude de certains pouvaient transformer le déroulé. Le système de cooptation est important et surtout la diversité des profils et des parcours. Proposer les proches mais à tout prix éviter l’entre soit. Choisir les atypiques, les héros discrets, les bienveillants et les curieux. C’est donc aussi ne pas faire de sa venue aux Napoléons, une option acquise.

Le retour : avant le départ, les invités sont moins nombreux certains sont repartis. Les organisateurs nous rejoignent à la gare, saluent les invités. A Val d’Isère, UBER était partenaire et nous avions même la possibilité d’être raccompagné chacun à domicile finalisant une expérience unique.

On sort des Napoléons en ayant le sentiment d’avoir vécu une parenthèse et d’avoir l’impression d’appartenir à quelquechose. Je me suis vu, après Val d’Isère, à porter avec malice mon bonnet au logo noir.

Bravo Mondher, Olivier, Vincent, Elodie et toute l’équipe pour cet art si particulier de recevoir. “La simplicité est la sophistication ultime” L. de Vinci

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Arnaud Chaigneau
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CMO @Schoolab @MoHo / Co-founder @intuiti ; ex @numaparis