La blockchain FreeTON

Fabrice Le Fessant
OCamlPro FreeTON FR
6 min readMay 20, 2021

Cet article est le premier d’un blog que nous allons tenter d’alimenter sur la blockchain Free TON, au fur et à mesure de notre exploration de son écosystème et de sa technologie. Ce premier article présente les trois grands axes de Free TON qui la distingue de ses concurrentes :

  • Des performances hors normes
  • Une gouvernance complètement distribuée
  • Une vision d’un web totalement décentralisé

Nous allons explorer ces trois axes dans la suite, avant de rappeler la brève histoire qui a mené à la version actuelle de Free TON.

Des performances hors normes

Si on découpe l’histoire des blockchains en générations, on peut dire que Free TON appartient à la 4ème génération : la 1ère génération est celle de Bitcoin, première blockchain à apparaître ; la 2ème génération est celle d’Ethereum, qui apporte les smart contracts ; la 3ème génération se concentre sur la Preuve d’Enjeu et la Gouvernance, avec Tezos par exemple. La 4ème génération est donc celle de la performance, avec l’arrivée du sharding et de la finalité immédiate, avec Cosmos, Solanna, Polkadot et bien d’autres, et trouve son apogée dans Free TON.

Free TON pousse en effet le sharding au maximum, et pour cela, révolutionne la façon dont les smart contracts intéragissent entre eux. En effet, les smart contracts de Free TON sont de véritables agents distribués, s’échangeant des messages de façon totalement asynchrone. Le développeur blockchain s’en trouvera ainsi un peu désorienté au début : pas de transactions atomiques dans lesquelles un ensemble d’actions s’exécutent, car cela briserait la distribution des contrats sur des shards indépendants. Mais les performances sont au rendez-vous : quand les autres blockchains limitent le sharding aux transactions sans smart contract, Free TON est capable d’effectuer des milliers de transactions par seconde sur ces mêmes smart contracts. Free TON est donc déjà prête à accueillir vos applications blockchain les plus exigeantes, sans prendre le risque de voir les limites de débit faire exploser les frais de transaction.

Une gouvernance complètement distribuée

Free TON révolutionne aussi la gouvernance. Le monde de la blockchain s’était habitué à un double langage : chaque blockchain mettait en avant une gouvernance soi-disant décentralisée, mais le développement de la blockchain et des applications était largement financée par une fondation richissime, souvent elle-même assez opaque et fermée dans son organisation. Au contraire, Free TON propose une véritable gouvernance décentralisée: 5 milliards de tokens ont été créés au départ, et ces tokens sont utilisés pour financer le développement du projet, aussi bien technique que commercial et promotionnel. Mais c’est la communauté elle-même qui choisit comment ces tokens sont distribués: elle s’est organisée en une vingtaine de groupes d’experts thématiques, les sous-gouvernances, qui organisent et jugent des compétitions, permettant de financer chaque projet, de la création d’un site web à la vérification formelle d’un smart contract. Chaque individu peut ainsi participer sur les multiples groupes Telegram, poster ses propres contests sur le forum, ou participer aux contests des différentes sous-gouvernances, le tout en parfaite transparence… Espérons que ce modèle fera des émules parmi les autres blockchains !

Vers un web totalement décentralisé

Free TON innove aussi par sa vision extrêmement poussée de la décentralisation. Aujourd’hui, le modèle le plus courant d’application blockchain est un site web, relié via une extension du navigateur (Metamask, etc.) à la blockchain pour y lire et écrire des informations. Ce modèle présente un inconvénient majeur : le site web centralise l’accès à l’application, et représente donc une faiblesse, à la fois pour la censure, la cybersécurité et la législation. Grâce à ses performances hors normes, Free TON propose une alternative intéressante : les “DeBots” sont des interfaces avec les smart contracts qui sont hébergées sur la blockchain. Ces interfaces peuvent prendre diverses formes, du chat-bot avec lequel on interagit à la page web, voir l’application mobile. Aujourd’hui, Free TON développe ainsi des navigateurs capables d’exécuter nativement ces DeBots. Une simple adresse sur la blockchain permet ainsi d’interagir avec l’application sans dépendre d’aucun site web, l’application est donc totalement décentralisée.

Free TON, de Telegram à l’indépendance

Free TON est né du projet TON, Telegram Open Network. En 2017, Pavel Durov, le fondateur de Telegram, la messagerie sécurisée qui compte à l’époque près de 180 millions d’utilisateurs, s’intéresse aux blockchains et aux crypto-monnaies. Il décide de lancer un énorme projet pour financer une plateforme de crypto-monnaies adossée à Telegram. Dès 2018, une ICO privée (Initial Coin Offering) recueille de très nombreuses offres de participation, et lève près de 1.7 milliards de dollars en deux tours, auprès d’investisseurs institutionnels. Plusieurs dizaines de développeurs sont impliqués dans le développement de la plateforme, dont le code est publié en open-source. La plateforme est construite avec l’importance de la performance en tête, pour permettre aux millions d’utilisateurs de Telegram de pouvoir l’utiliser en permanence. Un réseau de test est lancé dès 2019, mais la SEC, le gendarme de la bourse américain, attaque le projet, au prétexte que la vente des jetons, les Grams, aux résidents américains, était illégale. Après une courte bataille judiciaire, Telegram décide d’abandonner le projet début 2020 et de rembourser les investisseurs.

La communauté et une partie des développeurs décident cependant de reprendre le code, open-source, et de relancer le projet indépendamment de Telegram, sous le nom Free TON. Le token s’appelle maintenant TON Crystal. La blockchain présente toutes les qualités du projet initial de Pavel Durov, avec une capacité de passage à l’échelle peu commune, grâce au sharding dynamique, et l’utilisation de la preuve d’enjeu (Proof-of-Stake) pour limiter l’empreinte énergétique.

Faute d’ICO, le projet s’appuie pour se financer sur un système “méritocratique” : des compétitions sont lancées par les validateurs pour améliorer l’écosystème, contribuer aux logiciels et à l’adoption de la plateforme, et les gagnants de ces compétitions reçoivent des tokens, puisé dans un fond initial de 5 milliards de tokens, donc moins d’un milliard sont déjà distribués. Cette gouvernance a déjà permis de financer de nombreux projets : plateformes de swap avec Ethereum et Polkadot, vérification formelle de nombreux smart contracts, associations avec des média pour la promotion et la publicité, etc.

FreeTON chez OCamlPro

Free TON est donc l’une des rares blockchains en fonctionnement qui proposent déjà la sharding dynamique et la finalité immédiate. Dune Network, le fork de Tezos lancé en 2019 par Origin Labs, a récemment fait le choix de fusionner dans Free TON pour que les deux communautés puissent contribuer au succès de cette solution.

OCamlPro, qui avait développé le prototype de la blockchain Tezos et dont plusieurs ingénieurs avaient fondé Origin Labs et ce fork Dune Network de Tezos, s’est aussi lancé dans l’aventure Free TON, et participe aujourd’hui à plusieurs de ses projets. Notre analyse est que la plupart des choix techniques faits par Free TON donnent au projet un potentiel de passage à l’échelle qu’on ne trouve pas aujourd’hui dans les autres blockchains actuelles. Ainsi, alors que presque toutes les blockchains proposent un modèle d’exécution séquentiel pour les smart contracts, Free TON est la seule à proposer un modèle d’exécution distribuée (les smart contracts s’envoient des messages sans synchronisation), seul compatible sur le long terme avec les exigences des futures applications blockchain.

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