À l’œil libre @Musée Guimet, Paris
7 pensées en vrac à la suite d’une visite de l’exposition “Le monde vu d’Asie — Au fil des cartes”
Visiter à l’œil libre, c’est ma façon très personnelle et ludique de profiter d’un musée ou exposition, sans jugement, sans crainte, pour le plaisir et les sensations (“esthétique”), sans auto-censure et sans connaissances a priori. Cette manière de visiter qui m’a été enseignée par ma mère et je souhaite la diffuser autour de moi car elle fait tomber les barrières souvent psycho-sociales à l’entrée des musées. Et vous, qu’allez-vous visiter à l’œil libre ?
1. Un nombril pour le monde
En Chine comme en Europe, il n’est que tout naturel de centrer sur soi-même les cartes qu’on dessine. L’ethnocentrisme est la chose la mieux partagée au monde. Aujourd’hui encore, j’en reviens toujours aux “mappes” de nos téléphones, notre positions nous est souvent indiquée par un petit nombril bleu.
2. Le connu, l’inconnu, l’inventé
Nos représentations de l’inconnu en disent beaucoup sur le connu. Et je suis toujours fasciné par la façon de remplir les vides des cartes, le paysage qu’on a jamais vu, mais aussi ses animaux ou ses habitants. J’aime particulièrement ce poisson-chien jovial, comme un basset qui aurait trop traîné dans l’eau et aurait amorcé une métamorphose de sirène.
3. Svastika : “bonne chance!” (en sanskrit)
Que ce soit en Grèce ou en Asie, ou dans sa version à trois branches sur le drapeau de la Sicile ou mon triskel breton, à chaque fois que je vois ce symbole de prospérité, d’harmonie et de mouvement, je ne peux m’empêcher de penser à la croix gammée nazie. Je me dis que c’est terrible qu’un symbole si beau ait été instrumentalisé à des fins contraires à sa propre signification. Idéologiquement, les nazis sont très vite captivés par les mythologies païennes, les philosophies orientales et interprètent les textes pour servir leur ascension au pouvoir. Par leur faute, ce symbole de vie est, en Occident, tâché, et encore pour longtemps, du sang versé pendant la Seconde Guerre Mondiale.
4. La carte et le schéma
Nulle carte n’est exacte, mais certaines le sont moins que d’autres. Ne prenez pas le plan du Métro parisien pour argent comptant car les distances entre les stations ne sont pas représentatives, et vous risquez de beaucoup marcher entre Auber et Saint-Lazare ! Ne croyez pas que le Groenland soit aussi grand que l’Afrique, il est presque 20 fois plus petit…
Lors de ma dernière visite à l’œil libre à Florence, je critiquais la projections Mercator de Google Maps, qui conserve les angles mais pas les surfaces, eh bien et 2 semaines après, ils l’ont changé pour une modélisation sphérique (#influence) ! Allez-y et zoomez hors de votre carte (sur ordinateur), vous aurez une belle surprise !
5. Shanghai n’existe pas
J’ai eu la chance et le bonheur de travailler pendant 2 ans à Shanghai dans les médias et la publicité (#YoupiPublicis). Quand cette carte a été peinte, cette ville si étendue, si élevée, si peuplée, si capitale… n’existait qu’en village.
6. Astiquer, balayer, casa toujours pimpante
En allant au musée Guimet, je m’arrête devant une scène absurde qui attire mon attention. Sur la terrasse d’un hôtel de luxe, un jeune homme souffle les feuilles mortes d’un gravier blanc immaculé à l’aide d’un engin aussi bruyant qu’inefficace (photo de droite). Le hasard objectif a voulu qu’au musée Guimet, je retrouve son frère d’infortune muni de son balai, nettoyant la cour d’une grande demeure ouverte aux quatre vents.
7. Le vent et l’eau
Une boussole est faite pour conquérir les mers et les continents, OK. Mais la boussole feng shui (vent et eau en chinois, prononcer “fong shuei”) permet de bien distribuer et aménager l’intérieur pour optimiser la circulation de l’énergie vitale. Voyager commence par chez soi.
Quel musée avez-vous envie d’explorer à l’œil libre ?
