DE LA CITOYENNETÉ NUMÉRIQUE

Nicolas Coënt
Open EdTech
5 min readJun 21, 2016

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La notion de citoyenneté numérique a émergé de l’observation des chercheurs, qui ont constaté que le numérique transforme radicalement nos rapports aux autres, aux temps, à l’espace, à la connaissance et aux savoirs. Les objets et actions du quotidiens sont aussi touchés par ce changement. Mais il ne s’agit pas seulement d’un changement technologique, mais bien d’une évolution des responsabilités citoyennes : engagement, éthique, droit à la déconnexion, dématérialisation / re-matérialisation, algorithmisation de la vie social, urbanité numérique, marchandisation des données…

Mais comment définir clairement cette citoyenneté, et quel rôle doit prendre l’école dans son apprentissage ?

Définir la citoyenneté numérique

Tache ardue s’il en est une. Pour Karine Thonnard [1], la citoyenneté numérique se définit comme : ”les normes d’un comportement approprié et responsable en ce qui concerne l’utilisation de la technologie”. En effet elle considère qu’avec l’apparition du “web 2.0”, à savoir le passage de la population du simple consommateur d’informations numériques à celui de créateur de contenu, “de multiples opportunités” s’offrent aux personnes. Les technologies en question ici ne sont pas seulement un simple ramassis de gadgets, mais plutôt des outils permettant de chercher, comprendre, communiquer et partager… Bref, de créer une société. Cette citoyenneté ne se réduit donc pas à une simple politique et à des règles, mais il s’agit plutôt selon elle d’une façon de vivre dans cette société numérique en formation.

Sylvain Genevois [2] va plus loin dans cette idée, en l’associant à ce qu’il appelle la nouvelle culture numérique. Cette culture touche pour lui la génération des “natifs numériques” (fin 1990 et années 2000), qui sont des jeunes intégrants un ensemble de valeurs, connaissances et usages des outils numériques. Ceci s’ajoute à un comportement de consommation de médias et d’objets culturels en ligne, et d’habitudes précises de communications et d’expression de soi. En effet il semble que cette culture s’associe à une nouvelle façon d’être, avec une mise en scène de l’expression du moi, et une activité à la fois centrée sur l’individu et tournée vers les autres. On parle de “culture réticulaire”. A cela s’ajoute une cognition de l’apprentissage différente, basée sur l’exploration et la découverte, avec un esprit multitâche, et un temps d’attention relativement court. L’auteur pose la question de la citoyenneté de ces “digital natives”, sont-ils les citoyens d’un état nation, ou des citoyens cosmopolites ? Habernas parle de cosmo-citoyenneté. Le doute comme quoi cette e-citoyenneté ne serait qu’une rêverie de nantis post-industriels semble s’effacer face au rayonnement, se développant depuis plusieurs années, des réflexions sociales, politiques, de l’activisme et de l’engagement issus de cette génération.

Mais cette nouvelle culture se développe hors des murs de l’école, et loin du domaine des adultes, comprendre les parents et les enseignants. Comment intégrer cette l’apprentissage de cette citoyenneté à l’école ?

La citoyenneté numérique à l’école : pourquoi ?

Dans la vie “réelle”, il est attendu de chaque membre de la société un certains niveau de responsabilité, et une gamme de comportement allant avec, pour assurer le bon fonctionnement du système. Il est donc attendu de la part des parents, enseignants, étudiants et de la communauté en général d’apprendre ce qu’est être un “bon citoyen” dans le monde digital.

Un comportement responsable envers l’usage des technologies et une compréhension globale de cette citoyenneté numérique demandent des discussions régulières à propos de l’accès au digital, des communications numériques, du language numérique, de l’éthique numérique, des lois concernant le numérique, des droits et devoirs des citoyens, du bien-être et de la santé dans le numérique et plus important encore de la sécurité en ligne. [3] Comment doit on agir quand l’on est en ligne, et qu’enseigner aux générations futures à ce sujet ? Les organisations et individusse concentrant sur l’éducation à la citoyenneté numérique sont nombreux.

Enjeux de la citoyenneté numérique

Les nouvelles technologies offrent de nombreux potentiels partout au monde et pour tout le monde en ce qui concerne la démocratisation de l’information et de la communication des technologies dans la société civile. Toutefois, ces innovations et l’accès à celles-ci restent loin d’être universels du fait principalement de deux grands enjeux cachés dans cette révolution numérique.

  • La fracture numérique (en anglais: digital divise) qui cause une forme d’injustice sociale et économique parmi les habitants du monde, principalement parmi les citoyens qui habitent aux régions urbaines et régions rurales. Il y a 3 raisons primordiales qui causent le “fracture numérique”:
  1. Pas d’accès à une connexion Internet
  2. Pas accès aux matériels technologiques (par exemple: téléphone portable, ordinateur personnel)
  3. Le degré d’avancement des réseaux sociaux tels que twitter ou facebook se nourrissent de codes sociaux qui ne sont pas clairs et acquis par tous.

Selon le Rapport sur le développement dans le monde de la Banque mondiale en 2015, le nombre de personnes non connectes dans le monde mondiale est encore haut, avec l’inde et la Chine en tête des pays les plus affecté par cette situation.

http://www.alterecoplus.fr/linternet-reste-inaccessible-pour-la-majorite-de-la-population-mondiale-201602011812-00002957.html

  • L’ open data (les données ouvertes), il y a un risque lié à l’utilisation de données en publique. En ouvrant a tout le monde et offrant des données a tous les citoyens, on se trouve évidement dans un effet “boomerang”. D’une part, il y a un processus de démocratisation et sûrement des points positifs et contestables comme la transparence, l’ innovation et la productivité parmi les citoyens qui sont vraiment encouragés à la réutilisation et au développement des outils pour les traiter et les examiner. D’une autre part, il y a également les grands acteurs de l’Internet et les grands groupes multinationaux qui veulent exploiter ces données a leur profit dans un but plutôt lucratif.

La citoyenneté numérique paraît donc, en lien avec ce que l’on nomme l’identité numérique, un élèment essentielle de l’apprentissage des jeunes pour les années à venir, car elle est le reflet des inégalité et problèmes existant dans notre société. Encourager les élèves à travailler sur ces questions, et trouver leurs propres réponses, semble plus que nécessaire, tout en gardant à l’esprit qu’il s’agit d’éduquer AU numérique, et non pas PAR le numérique.

Pour le master EdTech, Lamprini Chartofylaka, Nicolas Coënt, Edgar Ornelas, Jérémie Varet.

Source :

[1] Karine Thonnard est une enseignante québecoise qui s’est spécialisée dans la réflexion sur le citoyenneté numérique (https://www.linkedin.com/in/karine-thonnard-88636415).

[2]Sylvain Genevois est enseignants chercheurs à l’université de Cergy-Pontoise et travail entre autre sur l’intégration des TIC dans l’enseignement et dans la formation. https://www.linkedin.com/in/sylvain-genevois-8b400655

[3]http://www.digitalcitizenship.net/Nine_Elements.html

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Nicolas Coënt
Open EdTech

Geologist, EdTech student, want to developp new ways of teaching ecology.