« Rétablir l’équilibre » entretien avec Frédéric Bardolle, co-fondateur de Data for Good

Daria Kromka
OpenCollective Paris
4 min readApr 1, 2019

Comment l’idée de Data for Good est-elle née ?

L’idée à l’origine de Data for Good est qu’il existe de nombreux secteurs (les ONG, les institutions ou les entreprises de l’ESS…) où la science des données et la technologie pourraient être utilisées pour transformer la société. Aujourd’hui, seuls les géants de la tech et les start-ups ont les ressources humaines et financières nécessaires pour les mettre à profit. D’un autre côté, beaucoup de data scientists, de développeurs et de designers sont satisfaits de leurs carrières professionnelles et souhaitent en même temps s’engager pour le bien commun. C’est là où Data for Good intervient : nous sélectionnons de super projets portés par des acteurs de l’intérêt général et nous recrutons des équipes de volontaires intéressés pour les mener à bien.

Votre tâche principale consiste donc à aider des volontaires à s’organiser, logistiquement et légalement pour réaliser un projet ?

Tout à fait. Aujourd’hui, Data for Good organise des saisons d’accélération, comme cela existe dans l’univers des start-ups, sauf que nous accélérons des projets à impact social. Il y a deux saisons par an, une en automne et une au printemps, qui durent environ trois mois chacune. Pendant la journée de lancement de la saison, nous réunissons tous les volontaires intéressés et les porteurs de projet leur présentent les défis qu’ils cherchent à relever. Chacun choisit le projet qui l’intéresse et commence à coder. Lors de la saison, nous fournissons un lieu et des mentors, et proposons des ateliers sur des sujets spécifiques si un besoin se fait sentir. À la fin de la saison, nous organisons un Demo Day où les équipes présentent le fruit de leur travail acharné !

Est-ce que vous avez un projet dont vous êtes particulièrement fiers ?

C’est très difficile d’en choisir un. Un des projets de la dernière saison qui m’a marqué s’appelle Redécoupage citoyen. Suite à l’annonce du gouvernement de changer le nombre de députés, nous avons aidé l’association f0rk (maintenant Code for France) à analyser ce qu’il pourrait se passer lors d’un redécoupage de la carte électorale en utilisant de l’open data. L’objectif était de rendre visible ce sujet dans le débat démocratique et d’éviter une pratique appelée gerrymandering, très répandue aux États-Unis, où le redécoupage est un outil d’influence sur les élections.

Parmi les projets en cours, une équipe travaille avec l’hôpital Foch sur un projet lié aux transplantations pulmonaires appelé Transplant. Ils construisent un outil d’aide à la décision pour savoir quand retirer l’assistance respiratoire en fin d’opération grâce à de l’apprentissage automatique. C’est un projet incroyable !

Enfin nous nous sommes penchés sur des sujets mêlant l’éthique et la technologie : avec «AlgoTransparency » pour expliquer aux citoyens le fonctionnement des algorithmes des grandes plateformes et avec le « Serment d’Hippocrate pour Data Scientist » pour responsabiliser les personnes qui travaillent avec des données à l’aide de conseils concrets.

Quels sont vos projets pour l’avenir de Data for Good ?

Nous voulons que nos projets aient toujours plus d’impact, même si c’est toujours difficile à mesurer. Une de nos préoccupations principales en ce moment c’est la poursuite des projets une fois la saison d’accélération finie et le Demo Day passé. Comment s’assurer que les projets continuent de vivre après Data for Good ? Pour la saison 6, nous allons donc tester un nouveau format en nouant des partenariats avec des incubateurs dédiés à la Tech for Good et en accélérant des projets déjà sélectionnés, sur lesquels un·e entrepreneur·e est engagé·e.

Qu’attendez-vous de Data for Good ?

Un de nos objectifs à long terme est de créer une « licorne » de la Tech for Good, un projet qui transforme profondément la société et que nous avons aidé à lancer. Pour y parvenir, nous actionnons deux leviers : premièrement, pour améliorer la qualité des projets, nous sommes de plus en plus sélectifs lors de la sélection. Deuxièmement, pour augmenter la quantité de projets, nous sommes en train d’ouvrir de nouvelles branches de Data for Good dans plusieurs villes françaises et européennes.

À votre avis, quelles sont les qualités principales de Data for Good ?

Nous sommes particulièrement fiers de la communauté très forte qui s’est créée autour du projet. Les volontaires sont le cœur de Data for Good. Sans eux l’association n’est rien. C’est une communauté unique dans le monde de la tech. Nous accueillons tout le monde, la seule condition est d’avoir une motivation sans faille ! La nouvelle saison commencera au printemps — nous vous attendons nombreux !

Propos recueillis par Daria Powichrowska

Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site de Data For Good.

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