Des scientifiques révèlent que les émissions de gaz à effet de serre réduisent la stratosphère

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3 min readMay 14, 2021

Auteur : Damian Carrington

L’amincissement de la stratosphère révèle l’impact profond de l’homme et pourrait affecter les satellites et les GPS.

Selon les chercheurs, l’épaisseur de la stratosphère a diminué de 400 mètres depuis les années 1980. Photo : Alamy

Les énormes émissions de gaz à effet de serre de l’humanité font rétrécir la stratosphère, révèle une nouvelle étude.

Selon les chercheurs, l’épaisseur de la couche atmosphérique s’est contractée de 400 mètres depuis les années 1980 et s’amincira encore d’environ un kilomètre d’ici à 2080 si les émissions ne sont pas réduites de manière significative. Ces changements risquent d’affecter le fonctionnement des satellites, le système de navigation GPS et les communications radio.

Cette découverte est la dernière en date qui montre l’impact profond de l’homme sur la planète. En avril, des scientifiques ont montré que la crise climatique avait déplacé l’axe de la Terre, la fonte massive des glaciers redistribuant le poids sur le globe.

La stratosphère s’étend d’environ 20 km à 60 km au-dessus de la surface de la Terre. En dessous se trouve la troposphère, dans laquelle vivent les êtres humains, et où le dioxyde de carbone réchauffe et dilate l’air. Cela fait remonter la limite inférieure de la stratosphère. Mais, en outre, lorsque le CO2 pénètre dans la stratosphère, il refroidit l’air, ce qui entraîne sa contraction.

Le rétrécissement de la stratosphère est un signal fort de l’urgence climatique et de l’influence à l’échelle planétaire qu’exerce désormais l’humanité, selon Juan Añel, de l’université de Vigo, Ourense en Espagne et membre de l’équipe de recherche. “C’est choquant”, a-t-il déclaré. “Cela prouve que nous perturbons l’atmosphère jusqu’à 60 kilomètres”.

Les scientifiques savaient déjà que la troposphère prenait de l’altitude avec l’augmentation des émissions de carbone et avaient émis l’hypothèse que la stratosphère rétrécissait. Mais la nouvelle étude est la première à le démontrer et montre qu’elle s’est contractée autour du globe depuis au moins les années 1980, lorsque les données satellitaires ont été recueillies pour la première fois.

La couche d’ozone qui absorbe les rayons UV du soleil se trouve dans la stratosphère et les chercheurs pensaient que les pertes d’ozone au cours des dernières décennies pouvaient être à l’origine de ce rétrécissement. Moins d’ozone signifie moins de réchauffement dans la stratosphère. Mais les nouvelles recherches montrent que c’est l’augmentation du CO2 qui est à l’origine de la contraction constante de la stratosphère, et non les niveaux d’ozone, qui ont commencé à remonter après l’interdiction des CFC par le traité de Montréal en 1989.

L’étude, publiée dans la revue Environmental Research Letters, est parvenue à ses conclusions en utilisant le petit ensemble d’observations par satellite réalisées depuis les années 1980 en combinaison avec plusieurs modèles climatiques, qui tiennent compte des interactions chimiques complexes qui se produisent dans l’atmosphère.

“Il peut affecter les trajectoires des satellites, leur durée de vie orbitale et leur récupération […], la propagation des ondes radio et, en fin de compte, les performances globales du système mondial de localisation et d’autres systèmes de navigation spatiaux”, ont affirmées les chercheurs.

Le professeur Paul Williams, de l’université de Reading au Royaume-Uni, qui n’a pas participé à cette nouvelle recherche, a expliqué : “Cette étude trouve la première preuve observationnelle de la contraction de la stratosphère et montre que la cause est en fait nos émissions de gaz à effet de serre plutôt que l’ozone.”

“Certains scientifiques ont commencé à appeler la haute atmosphère la “ignorosphère” parce qu’elle est si peu étudiée”, a-t-il ajouté. “Ce nouvel article renforcera les arguments en faveur de meilleures observations de cette partie lointaine mais d’une importance critique de l’atmosphère.”

“Il est remarquable que nous découvrions encore de nouveaux aspects du changement climatique après des décennies de recherche”, a confié Williams, dont les propres recherches ont montré que la crise climatique pourrait tripler le nombre de turbulences graves subies par les voyageurs aériens. “Cela me pousse à me demander quels autres changements nos émissions infligent à l’atmosphère que nous n’avons pas encore découverts.”

La domination des activités de l’humanité sur la planète a conduit les scientifiques à recommander la déclaration d’une nouvelle époque géologique : l’Anthropocène.

D’autres scientifiques ont proposé que la pollution plastique généralisée soit le marqueur d’un âge plastique, qui succéderait aux âges du bronze et du fer.

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