La mise en œuvre de l’accord de Paris pourrait contribuer à sauver la plupart des espèces menacées

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4 min readApr 14, 2021

Auteur : Sarah George

Une nouvelle étude révèle que plus de neuf espèces végétales et animales sur dix seront confrontées à des difficultés si la trajectoire actuelle du réchauffement climatique se poursuit. Mais la plupart des espèces pourraient être sauvées de l’extinction si le monde respecte l’accord de Paris.

Image représentative. Source : Pixabay

Publiée dans la revue Biological Conservation à la fin de la semaine dernière, cette étude, qui comprend des recherches menées par des équipes d’Europe, de Nouvelle-Zélande, des Caraïbes et d’Amérique du Sud, rassemble des données provenant de centaines de documents existants sur les crises du climat et de la nature.

Le rapport révèle que, si la planète se réchauffe de 3°C ou plus par rapport aux niveaux préindustriels, 95 % des espèces terrestres et 95 % des espèces marines seront confrontées à des conséquences négatives. Environ la moitié des espèces de l’ensemble de la cohorte seront confrontées à des risques d’extinction. Les Nations unies estiment qu’en 2100, le monde sera 3,2°C plus chaud que les niveaux préindustriels dans un scénario de statu quo.

Le document indique que toutes les régions et tous les types d’habitats verront des espèces indigènes menacées d’extinction sur cette trajectoire. Toutefois, les montagnes et les îles sont confrontées à des risques plus importants. Dans ces endroits, 84 % et 100 % des animaux et des plantes endémiques seront menacés d’extinction d’ici à 2100 respectivement.

L’étude souligne également à quel point les crises du climat et de la nature sont liées et se perpétuent l’une l’autre. Le réchauffement peut réduire le nombre d’espèces mais, avec moins de plantes et d’animaux, les habitats sont moins bien équipés pour absorber le carbone et la chaleur.

Si les conclusions sont sombres, l’espoir est permis. Le document révèle que, si le monde respecte la trajectoire plus ambitieuse de l’accord de Paris (1,5°C), seulement 2 % des espèces terrestres et marines endémiques seront menacées d’extinction. Cette proportion passe à 4 % dans le scénario 2°C.

Dans l’un ou l’autre de ces scénarios, le potentiel de réduction du risque naturel est plus de dix fois supérieur à celui d’une trajectoire 3°C, conclut le rapport.

“Le changement climatique menace des zones regorgeant d’espèces que l’on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde”, a déploré l’auteur principal, Stella Manes, de l’université fédérale de Rio de Janeiro. “Le risque que ces espèces soient perdues à jamais est multiplié par plus de dix si nous manquons les objectifs de l’Accord de Paris.”

“La biodiversité a plus de valeur qu’il n’y paraît. Plus la diversité des espèces est grande, plus la santé de la nature sera grande. La diversité protège également des menaces telles que le changement climatique. Une nature en bonne santé apporte des contributions indispensables aux populations, comme l’eau, la nourriture, les matériaux, la protection contre les catastrophes, les loisirs et les connexions culturelles et spirituelles.”

La publication de l’étude intervient dans la foulée du très attendu rapport “Dasgupta”. Commandé par le gouvernement britannique, ce rapport indique comment les gouvernements peuvent intégrer la véritable valeur de la nature dans les processus décisionnels et aider les secteurs public et privé à faire de même.

Dans le même ordre d’idées, le prince William a profité de sa présence à une réunion de la Banque mondiale et du FMI à la fin de la semaine dernière pour exhorter les banques et les gestionnaires d’actifs à “investir dans la nature”.

Il a évoqué le fait que la pression s’est accrue pour que les banques abordent les risques liés à la nature, notamment la déforestation, avec le même appétit pour la transition vers une économie à faible émission de carbone. Barclays et HSBC ont notamment été visées par de récentes manifestations au Royaume-Uni, tandis qu’au Danemark, le Sunrise Project et Greenpeace ont fait pression pour que Generali et Zurich agissent.

Le Prince a souligné l’importance d’investir dans la reforestation, la création de forêts, l’agriculture durable et les habitats marins, autant de domaines dans lesquels l’ONU estime ne pas avoir suffisamment investi. Il a affirmé que de tels projets “éliminent le carbone de l’atmosphère, aident à construire des communautés plus résilientes, luttent contre la perte de biodiversité et protègent les moyens de subsistance des gens.”

“Nous ne pouvons pas nous remettre durablement du coronavirus, éradiquer la pauvreté mondiale, atteindre des émissions nettes nulles ou nous adapter au changement climatique, sans investir dans la nature”, a-t-il stipulé.

“Vous tous, ici à la Banque mondiale et dans chacune des banques multilatérales de développement, avez ce rôle crucial à jouer en soutenant une reprise verte, inclusive et résiliente de la pandémie, en valorisant la nature et en la plaçant au cœur de votre travail, et en augmentant les investissements dans un avenir où le monde naturel peut prospérer.”

Une analyse récente de Positive Money a notamment constaté que la plupart des banques nationales de développement ne mettent pas en œuvre de politiques monétaires et financières fortes pour aligner leurs activités sur l’Accord de Paris.

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