La pollution lumineuse des satellites “constitue une menace” pour l’astronomie

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4 min readApr 1, 2021

Auteur : Nicola Davis

Des chercheurs ont découvert que les satellites artificiels et les débris spatiaux en orbite autour de la Terre peuvent augmenter la luminosité du ciel nocturne, et les experts ont prévenu qu’une telle pollution lumineuse pourrait entraver la capacité des astronomes à observer notre univers.

Photographie : David Trood/Getty Images

Selon l’Agence spatiale européenne (ESA), plus de 9 200 tonnes d’objets spatiaux sont en orbite autour de la Terre, allant de satellites qui ne marchent plus à de minuscules fragments. Il semble maintenant que les débris spatiaux ne constituent pas seulement un risque de collision, mais qu’ils contribuent, avec d’autres objets spatiaux, à la pollution lumineuse.

Dans un article publié dans le Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, les chercheurs décrivent comment la lumière solaire réfléchie et diffusée par les objets spatiaux peut apparaître sous forme de traînées dans les observations effectuées par les télescopes terrestres.

“Comme ces traînées sont souvent comparables ou plus brillantes que les objets d’intérêt astrophysique, leur présence tend à compromettre les données astronomiques et constitue une menace de perte irrémédiable d’informations”, d’après l’équipe.

Mais pour certains instruments, l’impact pourrait être encore plus important. “Lorsqu’ils sont imagés avec une haute résolution angulaire et des détecteurs à haute sensibilité, beaucoup de ces objets apparaissent comme des traînées individuelles sur les images scientifiques”, écrivent-ils. “Cependant, lorsqu’ils sont observés avec des détecteurs relativement peu sensibles, comme l’œil humain non assisté, ou avec des photomètres à faible résolution angulaire, leur effet combiné est celui d’une composante diffuse de la luminosité du ciel nocturne, un peu comme le fond de lumière stellaire intégré non résolu de la Voie lactée.”

Les calculs effectués dans le rapport suggèrent que cette lueur pourrait atteindre jusqu’à 10 % de la luminosité naturelle du ciel nocturne, un niveau de pollution lumineuse précédemment fixé par l’Union astronomique internationale (UAI) comme étant la limite acceptable sur les sites des observatoires astronomiques.

Bien que les chercheurs affirment que l’idée d’un “niveau naturel” de luminosité présente des difficultés, ils soulignent que des recherches supplémentaires sont nécessaires, ajoutant que la situation pourrait s’aggraver avec le lancement de nouveaux satellites, y compris des “méga-constellations”.

Greg Brown, un astronome de l’Observatoire royal qui n’a pas participé à l’étude, a affirmé que la pollution lumineuse était un gros problème pour les astronomes.

“Des télescopes comme l’Observatoire Vera C Rubin, qui sera bientôt opérationnel, s’attendent à une vaste contamination de leurs images par les méga-constellations attendues dans les prochaines années, ce qui sera difficile et coûteux à compenser et risque sérieusement de priver les scientifiques de découvertes essentielles”, a-t-il déclaré.

Bien que Brown ait indiqué qu’il n’était pas certain que les hypothèses formulées dans l’étude se vérifient, étant donné les changements dans la conception des satellites et la difficulté d’estimer les petits débris spatiaux, il a ajouté que les observations astronomiques seraient de plus en plus affectées par cette pollution lumineuse.

“C’est vraiment le moment de s’inquiéter de l’avenir de l’astronomie professionnelle et amateur”, a-t-il déploré.

Le professeur Danny Steeghs, de l’université de Warwick, a expliqué qu’il fallait trouver un équilibre entre les avantages des satellites et leur impact sur notre capacité à étudier le ciel nocturne, mais il a reconnu que la pollution lumineuse était susceptible de devenir un problème croissant et de plus en plus grave.

“En tant qu’astronomes, nous pouvons supprimer ou réduire quelque peu l’impact direct sur nos données en utilisant des techniques de traitement de l’image, mais bien sûr, ce serait beaucoup mieux s’ils n’étaient pas là”, a-t-il noté.

Fabio Falchi, de l’Institut de science et de technologie de la pollution lumineuse en Italie, a reconnu que le problème était mondial. “La distribution des débris spatiaux est assez uniforme autour de notre planète, donc la contamination est déjà présente partout”, a-t-il dit, suggérant que les responsables du problème devraient aider à le résoudre.

“Peut-être qu’Elon Musk peut mettre ses ingénieurs au travail pour trouver une solution, au moins pour contrebalancer les dommages que sa méga-constellation de satellites Starlink va causer au ciel étoilé”, a-t-il conclu.

Alors que des projets ont récemment été lancés pour nettoyer les débris spatiaux, Steeghs a certifié que l’une des difficultés était que les petits fragments pouvaient être difficiles à balayer mais pouvaient néanmoins contribuer à la pollution lumineuse.

Chris Lintott, professeur d’astrophysique à l’université d’Oxford, a également souligné la nécessité d’agir. “Il semble que des efforts simples, comme la construction de satellites à partir de matériaux plus sombres pourraient être très utiles, et j’espère que les opérateurs prendront de telles mesures dès que possible”, a-t-il statué.

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