La production de polyester a doublé depuis 2000, ce qui a d’énormes répercussions sur le climat

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4 min readFeb 10, 2021

Auteur : Sarah George

La production de textiles synthétiques d’origine fossile a doublé au niveau mondial en 20 ans, alors que la production et la consommation rapide de la mode a augmenté. Un nouveau rapport indique que cela aura des conséquences importantes sur le changement climatique.

Image représentative. Copyright : DigestContent via Pixabay

Le rapport “Fossil Fashion”, produit par la Changing Markets Foundation, révèle que le polyester est présent dans plus de la moitié des textiles produits dans le monde. Alors que les recherches précédentes ont mis en évidence les défis du recyclage du polyester une fois qu’il a été mélangé à d’autres matériaux, la contribution de “la mode rapide” aux déchets et la pollution microplastique que les vêtements synthétiques perdent au lavage, le nouveau rapport souligne également l’impact climatique.

Selon ce dernier, la production de polyester vierge a doublé au niveau mondial depuis 2000. Le processus génère désormais 700 millions de tonnes de CO2e chaque année, soit autant que 180 centrales électriques au charbon. Le rapport prévoit que les émissions du secteur pourraient doubler d’ici 2030. Il envisage une croissance forte et continue dans le secteur de la mode rapide et une augmentation de l’utilisation du polyester pour les textiles à usage domestique, aggravée par l’influence du secteur des combustibles fossiles.

“L’industrie du pétrole et du gaz parie beaucoup sur les plastiques, dont sont fabriqués le polyester et les fibres synthétiques, car les revenus d’autres secteurs, tels que le transport et l’énergie, diminuent”, indique le rapport.

“Une grande partie de la croissance future de la demande de pétrole devrait provenir de la production de plastiques, BP estimant que cette part pourrait atteindre 95 %”. BP s’est notamment retiré du secteur des plastiques mais a vendu ses actifs de production plutôt que de les fermer.

Selon le rapport, une législation plus stricte sera nécessaire pour éviter que ces problèmes environnementaux existants ne s’aggravent dans les années à venir. Il souligne que si certaines grandes marques s’engagent volontairement à s’approvisionner davantage en matières synthétiques recyclées, notamment le groupe H&M, la production mondiale de produits vierges continue de faire boule de neige en raison des bonnes conditions économiques.

La Fondation des marchés en mutation lance des appels à l’action spécifiques à la Commission européenne. En effet, elle prépare actuellement une nouvelle stratégie textile et l’UE est le plus grand importateur de textiles et de vêtements au monde.

Le rapport recommande des mesures d’éco-conception pour les vêtements et les textiles, similaires à celles introduites pour l’électronique par le Plan d’action pour l’économie circulaire. Ces mesures pourraient éliminer les mélanges de matériaux difficiles à recycler et interdire l’utilisation des fibres les plus polluantes et les plus toxiques. La Fondation souhaiterait que ces mesures soient associées à une taxe sur le plastique vierge, s’étendant aux textiles vierges à base de fossiles, à de nouvelles exigences de responsabilité élargie des producteurs (REP) pour les textiles et à des incitations pour les modèles commerciaux tels que la revente et la réparation de mode.

Plus largement, le rapport demande une meilleure législation en matière de diligence raisonnable qui obligerait les entreprises à mesurer et à divulguer leurs impacts négatifs sur les questions environnementales et sociales. Il fait valoir que de nombreuses entreprises textiles ne tiennent pas compte de l’impact total de leur chaîne d’approvisionnement, souvent en attribuant la responsabilité à des fournisseurs tiers. Ce fut d’ailleurs le cas lors du scandale des droits de l’homme du groupe Boohoo en 2020.

La directrice de campagne de la Fondation des marchés en mutation, Urska Trunk, a stipulé “Nous achetons plus, nous portons moins, nous jetons plus vite, et une part de plus en plus importante provient maintenant des combustibles fossiles. Nous savons que l’industrie de la mode ne résoudra pas ce problème à elle seule. La Commission européenne doit proposer une stratégie textile de grande envergure qui remédie à la dépendance de la mode à l’égard des combustibles fossiles et place l’industrie sur une base plus durable. En tant que l’un des plus grands marchés du textile, l’UE a une formidable opportunité de s’attaquer à un point aveugle qui met en danger notre capacité à vivre dans les limites de la planète”.

Des organisations telles que la Clean Clothes Campaign et la Plastic Soup Foundation soutiennent les recommandations du rapport.

Ici, au Royaume-Uni, les députés du Comité d’audit environnemental (EAC) ont proposé une série de recommandations pour rendre l’industrie de la mode plus durable en 2019, après une enquête approfondie. Toutes les recommandations ont été rejetées.

La stratégie en matière de ressources et de déchets comprenait certaines mesures concernant la REP et le contenu recyclé. Cependant, les consultations relatives à sa mise en œuvre, prévue pour 2020, ont toutes été reportées à 2021 en raison de la décision dû au Covid-19.

L’EAC est maintenant prêt à mener une deuxième enquête de “mode de réparation”, dans l’espoir que les recommandations puissent être affinées et acceptées par le gouvernement.

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