La Suisse va voter pour devenir le premier pays à interdire l’expérimentation animale

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3 min readFeb 14, 2022

Auteur : Reuters

La Suisse votera pour savoir si elle deviendra le premier pays à interdire complètement les tests médicaux sur les animaux, après que des militants de la cause animale ont rassemblé suffisamment de soutien pour organiser un référendum dans le pays, qui abrite un énorme secteur pharmaceutique.

Image représentative. Source : Pixabay

Plus de 550 000 animaux sont morts lors de tests en laboratoire en 2020 en Suisse, selon les statistiques gouvernementales. Ce chiffre comprend 400 000 souris et rats, près de 4 600 chiens, 1 500 chats et 1 600 chevaux. Des primates, des vaches, des porcs, des poissons et des oiseaux ont également été tués pendant et après des expériences…

“Il est cruel et inutile d’expérimenter sur les animaux et je suis certain que nous pouvons développer des médicaments sans cela”, a affirmé Renato Werndli, un médecin du nord-est de la Suisse qui a lancé l’initiative dans le cadre du système suisse de démocratie directe.

L’interdiction ne devrait toutefois pas être adoptée, au grand soulagement du secteur pharmaceutique, qui a prévenu que cette mesure mettrait un terme au développement de nouveaux médicaments et obligerait les entreprises et les chercheurs à se délocaliser à l’étranger.

“Nous ne devrions pas exploiter les animaux à des fins égoïstes”, a indiqué Werndli, ajoutant que les méthodes de recherche telles que les biopuces, de minuscules puces qui hébergent un grand nombre de réactions biochimiques, les simulations informatiques ou le microdosage des humains étaient plus efficaces que l’expérimentation animale.

Le groupe de pression pharmaceutique Interpharma affirme que le secteur, qui comprend des entreprises telles que Roche et Novartis, contribue à hauteur de 9 % à l’économie suisse, y compris les effets indirects, et génère près de la moitié des exportations suisses.

Interpharma a pris la tête de l’opposition du secteur, affirmant que les propositions seraient dévastatrices si elles étaient adoptées.

“La recherche sur les médicaments, les études cliniques dans les hôpitaux et la recherche fondamentale dans les universités… ne seraient plus possibles”, d’après Rene Buholzer, PDG d’Interpharma.

Les patrons de l’industrie pharmaceutique ont stipulé qu’une interdiction de l’expérimentation animale pourrait entraîner la fin des nouveaux médicaments.

“Je pense que vous avez vu à l’époque du Covid-19 combien il est important de découvrir de nouveaux vaccins, combien les nouveaux médicaments sont importants. Et ils ont été testés sur des animaux”, a proclamé à Reuters Jean-Paul Clozel, directeur général d’Idorsia.

Maries van den Broek, de l’université de Zurich, mène des recherches qui consistent à implanter des tumeurs dans des souris afin d’étudier comment renforcer leur système immunitaire pour lutter contre le cancer.

“Comme nous ne comprenons même pas 10% des processus qui se déroulent à l’intérieur d’une tumeur, il est impossible d’utiliser des modèles informatiques ou des cultures cellulaires pour comprendre la biologie complexe du cancer”, a-t-elle expliqué.

Avant de commencer une expérience sur les animaux, les scientifiques doivent prouver qu’il n’y a pas d’alternative et que leur recherche est importante.

“Nous utilisons environ 750 souris par an. Elles meurent toutes à la fin de l’expérience, mais il n’y a pas d’alternative”, a-t-elle déploré. “Sans cette expérience particulière, nous ne serions pas en mesure de développer des traitements qui sauvent des vies humaines.”

Les derniers sondages d’opinion ne montrent que 26% des électeurs en faveur d’une interdiction et 68% contre.

La Suisse organise des référendums quatre fois par an. L’année dernière, les électeurs ont voté en faveur des restrictions imposées par le gouvernement en matière de coronavirus et ont approuvé le mariage homosexuel.

Werndli a dit que la campagne avait permis de sensibiliser l’opinion publique au sort des animaux de laboratoire, et elle garde l’espoir d’un succès.

“J’espère que nous finirons par changer et que la Suisse pourra être un exemple positif pour le reste du monde afin de mettre fin à la souffrance animale”, a-t-il conclu.

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