Le CO2 atteint un nouveau record malgré le confinement

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3 min readNov 25, 2020

Auteur : Damian Carrington

La baisse des émissions cette année est une “petite brèche” dans l’accumulation des gaz à effet de serre, selon l’agence des Nations unies.

Fumée d’une centrale électrique au charbon en Chine. Photographie : Greg Baker/AFP/Getty Images

Les gaz responsables du réchauffement climatique ont atteint des niveaux records dans l’atmosphère malgré le confinement mondial causé par la pandémie de coronavirus, a déclaré l’Organisation météorologique mondiale des Nations unies.

On estime que les émissions auront diminué de 4,2 à 7,5 % en 2020 en raison de l’arrêt des voyages et d’autres activités. Mais l’OMM a déclaré qu’il s’agissait d’un « petit écart » par rapport à l’accumulation continue de gaz à effet de serre dans l’air causée par les activités humaines, et inférieur à la variation naturelle observée d’une année sur l’autre.

Le rapport de l’OMM indique que la moyenne mensuelle de CO2 pour septembre à la station de référence de Mauna Loa à Hawaï était de 411,3 ppm (partie par million), contre 408,5 ppm en septembre 2019. La même chose a été observée au cap Grim en Tasmanie, en Australie, avec une augmentation à 410,8 ppm contre 408,6 ppm en 2019.

Le rapport indique qu’il y a eu une “poussée de croissance” du niveau moyen de CO2 pour l’ensemble de l’année 2019, qui a augmenté plus que le taux moyen de la dernière décennie. Les données montrent que les mesures visant à réduire les émissions sont actuellement loin d’être suffisantes pour éviter les pires effets de l’urgence climatique.

Graphique. Source : US Earth System Research Laboratory, mesures prises à Mauna Loa, Hawaii. Note : les niveaux de CO2 sont augmentés par les activités humaines mais varient selon la saison

Les scientifiques ont calculé que les émissions doivent diminuer de moitié d’ici 2030 pour avoir une bonne chance de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C, au-delà duquel des centaines de millions de personnes seront confrontées à davantage de canicules, de sécheresses, d’inondations et de pauvreté.

Les nations s’étaient engagées à accélérer leurs réductions d’émissions lors d’un sommet des Nations unies à Glasgow ce mois-ci, mais la réunion a été reportée d’un an en raison de la Covid-19.

« La baisse des émissions liée au confinement n’est qu’un petit spot sur le graphique à long terme. Nous avons besoin d’un aplatissement durable de la courbe », a affirmé Petteri Taalas, le secrétaire général de l’OMM. « Nous avons dépassé le seuil mondial annuel de 400 ppm en 2015 et, quatre ans plus tard, nous avons franchi la barre des 410 ppm. Un tel taux d’augmentation n’a jamais été observé dans l’histoire de nos records ».

« Le CO2 reste dans l’atmosphère pendant des siècles. La dernière fois que la Terre a connu une concentration comparable, c’était il y a 3 à 5 millions d’années, alors que la température était de 2 à 3 °C plus élevée et que le niveau de la mer était de 10 à 20 mètres plus haut que maintenant. Mais il n’y avait pas 7,7 milliards d’habitants humains ».

Le Bulletin de l’OMM sur les gaz à effet de serre, publié lundi, montre que le CO2 dans l’atmosphère est aujourd’hui 50 % plus élevé qu’en 1750, avant la révolution industrielle. Le CO2 emprisonne les deux tiers de la chaleur retenue à la surface de la Terre par les gaz à effet de serre, et cet effet de réchauffement a augmenté de 45 % depuis 1990.

Le méthane, qui est produit par le bétail, les rizières et l’exploitation des combustibles fossiles, est responsable de 17% de l’effet de rechauffement. Sa concentration est aujourd’hui deux fois et demie supérieure à celle de l’époque préindustrielle. Un autre gaz à effet de serre important est l’oxyde nitreux, qui provient de la surutilisation des engrais agricoles et du brûlage des forêts. Il est aujourd’hui 23 % plus élevé qu’en 1750.

Les données sur les gaz à effet de serre sont collectées par le réseau de surveillance de l’atmosphère du globe, qui comprend des stations dans l’Arctique, en haute montagne et dans les îles tropicales. Ces stations ont continué à fonctionner malgré les restrictions imposées en raison de la Covid-19 qui entravent le réapprovisionnement et la rotation du personnel dans des endroits souvent difficiles et isolés.

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