Le nouveau responsable du centre du patrimoine mondial de l’Unesco veut mettre l’Afrique sur la carte

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4 min readDec 22, 2021

Auteur : The Guardian

Lazare Eloundou Assomo veut corriger le déséquilibre qui profite aux nations riches et protéger les sites menacés par la crise climatique et la guerre.

Image représentative. Source : Michelle Raponi via Pixabay

L’Afrique s’étend sur 24 millions de kilomètres carrés, de l’Atlantique à l’océan Indien, du Sahara au nord jusqu’à Cape Point au sud. Entre les deux, on trouve certains des sites culturels les plus anciens et des merveilles naturelles les plus précieuses du monde.

Cependant, malgré sa vaste superficie, l’Afrique subsaharienne n’a jamais été représentée proportionnellement sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, ses 98 sites étant éclipsés par l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie.

Le premier Africain à être nommé à la tête du centre du patrimoine mondial a confié que cela devait changer, et vite. Lazare Eloundou Assomo, un Camerounais qui a dirigé la reconstruction des mausolées de Tombouctou après qu’ils aient été gravement endommagés en 2012 par des combattants islamistes alliés à Al-Qaida, a déclaré que ce sera une priorité de son mandat.

“Ce qui, selon nous, peut être amélioré, c’est que, lorsque vous regardez la liste, vous constatez encore, 50 ans après la signature de la convention sur le patrimoine mondial, que certaines régions du monde ne sont pas représentées de manière égale dans la liste par rapport à d’autres”, a-t-il assuré à The Guardian.

“C’est un problème que nous devons résoudre, avec les États membres de l’Unesco et les autres États parties.”

Assomo, qui a pris ses fonctions au début du mois, a stipulé que les petits États insulaires en développement ont toujours souffert d’un nombre disproportionné de sites reconnus. Sur les 27 pays dont aucun site ne figure sur la liste de l’Unesco, seuls quatre ne sont ni en Afrique ni classés comme petits États insulaires.

À l’autre bout du spectre, les pays riches, tels que l’Italie, la Chine et l’Allemagne ont augmenté le nombre de sites, tirant le meilleur parti de l’afflux d’argent et de tourisme très tangible qui découle de la notion plus abstraite de reconnaissance du patrimoine d’un pays.

Pour Assomo, il ne s’agit pas de faire la chasse aux chiffres, mais d’utiliser l’influence culturelle et financière collective de l’Unesco pour aider les pays sous-représentés à surmonter le manque de ressources et d’expertise qui s’est avéré être un obstacle dans le processus complexe et coûteux de nomination.

“La formation et le renforcement des capacités des experts du patrimoine sont des domaines sur lesquels nous devrons mettre davantage l’accent à l’avenir pour remédier à ce déséquilibre”, a exprimé Assomo. L’Unesco souhaiterait voir une plus grande coopération entre les États membres, a-t-il ajouté, avec des pays d’Europe et d’autres régions aidant à financer des programmes de formation.

“L’Afrique est le berceau de l’humanité. Elle possède tant de sites culturels et naturels qui sont importants, auxquels les gens accordent beaucoup de valeur”, a décrit Assomo. “Mais certaines catégories de sites en Afrique ne sont pas nécessairement du même type que celles que l’on trouve dans d’autres régions.”

Les “forêts sacrées” d’Afrique de l’Ouest : des parcelles de terre préservées depuis d’innombrables générations en raison de leur importance religieuse et culturelle, en sont un bon exemple, a-t-il dit. Selon une étude récente menée au Togo, ces forêts sont aussi importantes sur le plan environnemental que sur le plan culturel et, sur un continent qui subit de plein fouet la crise climatique, leur protection est vitale.

“L’Afrique est aujourd’hui en première ligne des effets du changement climatique. C’est aussi quelque chose qui nous fait penser que la mobilisation de nos efforts pour les sites du patrimoine mondial, existants en Afrique, devrait être une priorité”, selon Assomo.

Les habitats naturels, comme le parc national du Niokolo-Koba au Sénégal, et les trésors culturels, comme la forteresse de San Sebastian au Mozambique, battus par des cyclones de plus en plus intenses et des pluies torrentielles, sont tous vulnérables au changement climatique. Assomo, ancien représentant de l’Unesco au Mali, est particulièrement inquiet de l’impact sur Tombouctou, la ville légendaire du Sahara et site du patrimoine mondial depuis 1988, qui a été affectée par une désertification à long terme.

“Si nous ne faisons rien contre les effets du changement climatique, contre les catastrophes naturelles qui ne cessent de se multiplier… Si nous ne faisons rien contre le nombre croissant de feux de forêt, si nous ne faisons rien contre les ouragans… ces sites vont disparaître”.

“Notre responsabilité est de travailler avec les pays pour s’assurer que nous les maintenons et que nous les préservons et que nous les transmettons à la prochaine génération. Pour moi, c’est donc une question urgente”, d’après Assomo.

Les 98 sites africains du patrimoine mondial vont des plus célèbres : le Serengeti en Tanzanie et le parc national Kruger en Afrique du Sud, aux moins connus : comme le Koutammakou et le pays des Batammariba, au Togo.

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