Le Wisconsin autorise les chasseurs à tuer 300 loups cet automne, contre l’avis des biologistes

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3 min readAug 16, 2021

Auteur : Maya Yang

Les responsables de la faune du Wisconsin ont autorisé l’abattage de 300 loups pour la saison de chasse de l’automne 2021, soit plus du double de la limite de 130 loups recommandée par les biologistes.

Image représentative. Source : Pixabay

Les scientifiques du département des ressources naturelles de l’État (DNR) ont recommandé la limite de 130 après que la saison de chasse de quatre jours en février ait vu les chasseurs tuer presque deux fois plus de loups que ce qui était alloué pendant la saison de reproduction des loups, ce qui a soulevé des inquiétudes quant aux ramifications potentielles à long terme pour la population.

“Nous ne sommes pas certains de l’impact de la chasse de février”, a indiqué Keith Warnke, administrateur de la division des poissons, de la faune et des parcs, lors d’une réunion publique tendue avec des défenseurs de la nature et le conseil d’administration du DNR. “La situation justifie la prudence”, a-t-il ajouté.

Paul Collins, directeur d’État de l’association Animal Wellness Action, a critiqué les responsables de la faune sauvage de l’État, déclarant : “Ce qu’on appelle la gestion des loups dans cet État est un assaut de vengeance perpétré par des chasseurs légaux, des intérêts spéciaux malhonnêtes et leurs alliés anti-loups dans la législature de l’État”.

Les membres du conseil d’administration à tendance conservatrice ont rejeté les critiques selon lesquelles la chasse d’automne menacerait la population de loups, citant l’estimation de juin du DNR sur “l’abondance des loups”.

“Je ne suis pas vraiment préoccupé par le fait que, si nous fixons ce chiffre trop haut, nous courons davantage le risque que les loups soient réinscrits sur la liste des espèces menacées”, a confié William Bruins, membre du conseil.

Certains partisans de la chasse ont même demandé au conseil d’administration d’augmenter le quota d’automne jusqu’à 500 animaux, en insistant sur le fait que le DNR a considérablement sous-estimé la population de loups. D’autres membres du conseil ont fait valoir qu’ils avaient la responsabilité de contrôler la meute et de protéger le bétail environnant contre les attaques de loups.

Le conseil a finalement voté à 5 contre 2, rejetant le quota d’abattage de 130 loups recommandé.

Le vote de mercredi marque une nouvelle étape dans le débat sur la gestion des loups dans le Wisconsin.

En octobre dernier, l’administration Trump a supprimé la protection du loup gris en tant qu’espèce en voie de disparition, ce qui a suscité une vive réaction de la part des défenseurs de l’environnement. Pendant 45 ans, les loups gris ont bénéficié d’une protection fédérale, l’espèce ayant été confrontée à une quasi-extinction dans le pays à un moment donné.

Selon les dernières estimations du DNR de l’hiver 2019–2020, la population de loups gris du Wisconsin a atteint 1 000 animaux. Le plan de gestion du département, qui a été créé en 1999, fixe un objectif de population de 350.

Alors que l’espèce a fait son retour, les résidents locaux et les défenseurs de l’environnement se sont retrouvés mêlés à un débat acharné sur la façon de gérer la population.

De nombreux agriculteurs du nord du Wisconsin affirment que la chasse est le seul moyen de contrôler les animaux, qu’ils considèrent comme une menace pour leur bétail et leurs animaux de compagnie. Les défenseurs de la nature insistent sur le fait que la population est encore trop faible pour permettre la chasse et que les loups sont trop majestueux pour être abattus.

Malgré le quota global de 300 loups abattus, le quota fixé pour les chasseurs titulaires d’un permis d’État sera presque certainement inférieur à 300. Les tribus Chippewa du Wisconsin ont le droit de réclamer jusqu’à la moitié du quota en vertu de droits issus de traités remontant aux années 1800. Les Chippewa considèrent le loup comme sacré et refusent de le chasser. Si les tribus réclament la moitié du quota, les chasseurs titulaires d’un permis d’État ne pourront tuer que 150 loups.

“La haine envers cet être est basée sur un mythe”, a raconté John Johnson Jr, président du Lac du Flambeau Band of Lake Superior Chippewa.

“Ce qui va manquer aujourd’hui, c’est le respect. Le respect de la science, le respect de la communauté tribale, le respect du ma’iingan”, a exprimé Johnson, en utilisant le terme chippewa pour désigner le loup.

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