Les condors en voie de disparition reviennent dans le ciel de la Californie du Nord après près d’un siècle

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3 min readMar 30, 2021

Auteur : Sierra Cistone

La tribu Yurok va créer un centre de reproduction en captivité dans le parc national de Redwood pour les oiseaux qui pourraient être relâchés dès cet automne.

Un condor de Californie est perché au sommet d’un pin dans la forêt nationale de Los Padres, à l’est de Big Sur, en Californie. Photographie : Marcio José Sánchez/AP

Après un siècle d’absence, le condor de Californie, espèce menacée, est sur le point de revenir dans le ciel du nord-ouest du Pacifique.

Le condor planait autrefois de la Colombie-Britannique au Mexique, mais la perte d’habitat, la chasse excessive, et surtout, l’empoisonnement par les munitions de chasse ont conduit les oiseaux à une quasi-extinction.

Au début des années 1980, ces menaces avaient provoqué un tel déclin de la population qu’il n’en restait plus que 22 à l’état sauvage. Dans le but de reconstituer leur nombre, les biologistes ont capturé les oiseaux restants et ont lancé un programme de reproduction.

Depuis lors, le condor a été réintroduit dans le sud et le centre de la Californie. Sa population s’est étendue à certaines parties de l’Utah, de l’Arizona et de la Basse-Californie au Mexique, les experts estimant à plus de 300 le nombre d’oiseaux volant librement.

L’oiseau va maintenant être réintroduit dans le nord de la Californie. Les efforts de réintroduction ont été en grande partie menés par la tribu Yurok, dont les terres ancestrales englobent de vastes étendues de forêt et de littoral dans le nord de la Californie, ainsi que des parties du parc national Redwood qui abritaient autrefois le condor.

La tribu planifie le retour de l’oiseau depuis plus de dix ans et sa proposition a été acceptée le 24 mars par l’US Fish and Wildlife Service.

Grâce à une étroite collaboration avec le parc national de Redwood, la tribu va commencer à créer une installation de reproduction en captivité dans les limites du parc. L’installation abritera des condors élevés en captivité qui pourraient être relâchés dans le parc dès cet automne.

Bien que la population de condors soit en hausse, sa survie dans l’État doit encore relever des défis. La Californie a interdit la grenaille et les munitions en plomb, mais il est peu probable que ces lois permettent d’éradiquer complètement le problème du saturnisme. Le braconnage de la faune sauvage et l’utilisation illégale de munitions au plomb pourraient encore constituer un risque pour la faune sauvage et pour tout condor réintroduit, a déploré Chris West, le responsable du programme “condor de la tribu Yurok”.

Pourtant, West est optimiste quant à l’avenir de l’oiseau. “Cette nouvelle population de condors de Californie dans la partie la plus septentrionale de l’État pourrait offrir à l’oiseau une meilleure chance de survie globale”, a-t-il affirmé.

L’augmentation de la population pourrait également contribuer à protéger l’espèce contre les effets croissants des incendies de forêt, du changement climatique et de la perte de diversité génétique. Les condors sont un élément important d’un écosystème sain et fonctionnel. En tant que charognards, les oiseaux sont un élément essentiel de l’équipe de nettoyage de la nature.

Leurs grands becs puissants leur permettent d’ouvrir des carcasses fraîches, une tâche trop difficile pour leurs proches parents, les Urubus à tête rouge. Leurs efforts permettent à d’autres animaux sauvages d’accéder aux carcasses, et accélèrent le recyclage des nutriments dans le paysage.

Pour le peuple Yurok, le retour du condor représente une étape importante. Le condor joue un rôle essentiel dans la tradition et la culture du peuple, et le retour de l’oiseau sur le territoire ancestral apporte un sentiment de renouveau tant pour les gens que pour la terre, selon Tiana Williams-Claussen, directrice du département de la faune de la tribu Yurok.

En 2003, la communauté des anciens Yurok a identifié l’oiseau comme l’animal terrestre le plus important à ramener sur la terre ancestrale. Le programme de réintroduction est né quelques années seulement après cette décision, d’après Williams-Claussen.

“Quand je vois à nouveau un condor dans le ciel”, a confié Williams-Claussen, “c’est comme si je réparais cette blessure qui a été portée par mes aînés, qui est portée par moi et qui, du moins en partie, ne sera pas portée par mes enfants.”

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