Les cultures tolérantes au sel “révolutionnent” la vie des agriculteurs bangladais en difficulté

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4 min readSep 26, 2021

Auteur : Redwan Ahmed

Face à l’élévation du niveau de la mer, les agriculteurs emploient des méthodes innovantes pour s’adapter aux sols salins.

Image représentative. Source : Khurshid Alam via Pixabay

Comme des millions de personnes au Bangladesh, Anita Bala, 45 ans, compte sur une petite parcelle de terre pour nourrir sa famille.

Mais pendant des années, rien ne poussait. Son mari élevait des crevettes dans les étangs salés de leur terrain, mais le sol environnant était stérile. Les efforts de Bala pour cultiver des haricots et des légumineuses ont échoué à plusieurs reprises. Elle a fini par abandonner.

Bala vit dans un village de la région côtière sud du district de Patuakhali, une zone extrêmement vulnérable aux inondations et aux cyclones, et ses problèmes agricoles sont dus à la salinité accrue du sol.

Selon l’ONG néerlandaise Cordaid, 53 % du littoral du Bangladesh est touché par la salinisation. D’ici à 2050, on prévoit qu’une personne sur sept dans le pays sera déplacée en raison de la dégradation du climat. Le niveau de la mer devrait s’élever de 50 cm sur la même période, ce qui entraînerait la perte d’environ 11 % des terres du Bangladesh.

Outre les catastrophes naturelles aggravées par l’urgence climatique, l’élevage non durable de crevettes aggrave le problème, mettant en péril la vie de ceux qui dépendent de l’agriculture.

Mais les agriculteurs de Patuakhali s’adaptent. Suivant l’exemple d’un agriculteur néerlandais innovant qui a découvert que certaines variétés de fruits et légumes pouvaient pousser et prospérer dans un sol salin, ICCO (qui fait désormais partie de Cordaid) a commencé à initier les agriculteurs de la région aux cultures tolérantes au sel.

Son projet, la Solution saline, a touché 5 000 petits agriculteurs, dont Bala, qui affirme que cette technique a “révolutionné” ses pratiques agricoles. Des semences tolérantes au sel importées des Pays-Bas ont été distribuées, des parcelles de démonstration ont été créées et une formation aux nouvelles méthodes de plantation a été dispensée. Des agriculteurs communautaires de premier plan ont été identifiés pour aider à faire passer le message.

Des pommes de terre, des carottes, des courges, des betteraves rouges, des choux, des épinards indiens, de la coriandre et bien plus encore ont été récoltés depuis le début du projet en 2017. L’initiative vise à atteindre 5 000 autres agriculteurs d’ici à 2024.

Abdul Aziz, 50 ans, agriculteur et l’un des responsables communautaires du projet, a montré du doigt ses terres agricoles dans le village de Kumirmara, où il récolte des courges amères et des pastèques.

“J’ai utilisé des lits surélevés pour planter les graines. Les lits surélevés offrent de multiples avantages, la croissance des mauvaises herbes est réduite et les racines ont plus de facilité à pousser. Entre les deux, des tranchées peuvent être utilisées pour les plantes à feuilles à croissance facile. Et avant de planter, nous testons le niveau de salinité du sol à l’aide d’un kit de test rapide”, explique Aziz.

Auparavant, les agriculteurs devaient apporter des échantillons de sol à un laboratoire gouvernemental situé à plusieurs kilomètres de là. ICCO a donc introduit un kit de test de salinité qui donne des résultats en quelques minutes et aide les agriculteurs à décider quelles graines planter pour un rendement maximal.

“Les petits exploitants agricoles du monde entier seront les plus durement touchés par les effets du changement climatique, comme ce problème de salinisation. Avec cette forme d’adaptation au climat, nous transformons un problème croissant en une solution durable. Au lieu de combattre le sel dans le sol, nous voulons que les sols salins puissent à nouveau être utilisés pour l’agriculture”, a indiqué Masud Rana, de la division agricole d’ICCO au Bangladesh.

Quatre ans après le début du projet, ICCO s’est associé à des institutions privées et publiques pour assurer la durabilité de l’initiative à long terme. Parmi les partenaires figurent l’Université agricole du Bangladesh, qui ajoute l’agriculture saline à son programme d’études, et le Soil Resource Development Institute, qui contribue à informer la politique gouvernementale. Le semencier bangladais Lal Teer développe des semences commercialement viables et abordables afin de réduire la dépendance vis-à-vis des importations.

“En tant qu’organisme d’aide, nous avons certaines limites. Si nous ne pouvons pas assurer la logistique, la formation et les compétences des agriculteurs, ce sera en vain”, a assuré Rana.

Entre-temps, le projet “Solution saline” a contribué à améliorer le régime alimentaire de milliers de familles d’agriculteurs, tout en leur fournissant une source de revenus grâce à la vente des récoltes excédentaires.

“L’argent supplémentaire me permet de payer les études secondaires de mon fils”, a exprimé Bala.

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