Les travailleurs pauvres font les frais de la canicule en Inde

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3 min readMay 17, 2022

Auteur : Reuters

Pour Yogendra Tundre, ouvrier du bâtiment, la vie sur un chantier de la banlieue de la capitale indienne New Delhi est déjà assez difficile. Cette année, les températures record la rendent insupportable.

Image représentative. Source : Pixabay

Alors que l’Inde est aux prises avec une vague de chaleur sans précédent, la grande majorité des travailleurs pauvres du pays, qui travaillent généralement en plein air, sont vulnérables aux températures caniculaires.

“Il y a trop de chaleur et si nous ne travaillons pas, que mangerons-nous ? Nous travaillons pendant quelques jours, puis nous restons inactifs pendant quelques jours à cause de la fatigue et de la chaleur”, a déploré Tundre.

Les températures dans la région de New Delhi ont atteint 45 degrés Celsius cette année, ce qui rend souvent Tundre et sa femme Lata, qui travaille sur le même chantier, malades. Cela se traduit par une perte de revenus.

“À cause de la chaleur, parfois je ne vais pas au travail. Je prends des jours de congé… souvent, je tombe malade à cause de la déshydratation et j’ai alors besoin de bouteilles de glucose (fluides intraveineux)”, a confié Lata, debout devant leur maison, une bicoque temporaire avec un toit en tôle.

Les scientifiques ont établi un lien entre l’arrivée précoce d’un été intense et le changement climatique, et affirment que plus d’un milliard de personnes en Inde et au Pakistan voisin étaient d’une manière ou d’une autre menacées par la chaleur extrême.

L’Inde a connu son mois de mars le plus chaud depuis plus de 100 ans et certaines régions du pays ont connu en avril les températures les plus élevées jamais enregistrées.

Dans de nombreux endroits, dont New Delhi, la température a dépassé les 40 degrés Celsius. Plus de deux douzaines de personnes sont mortes de coups de chaleur présumés depuis la fin du mois de mars, et la demande d’électricité a atteint des sommets inégalés.

Le Premier ministre Narendra Modi a appelé les gouvernements des États à élaborer des mesures pour atténuer l’impact de la chaleur extrême.

Tundre et Lata vivent avec leurs deux jeunes enfants dans un bidonville près du site de construction de Noida, une ville satellite de New Delhi. Ils ont quitté leur État natal de Chhattisgarh, dans le centre de l’Inde, pour chercher du travail et des salaires plus élevés autour de la capitale.

Sur le chantier, les ouvriers escaladent des murs, posent du béton et portent de lourdes charges, avec des écharpes en lambeaux autour de la tête pour se protéger du soleil.

Mais même lorsque le couple termine sa journée de travail, il n’a guère de répit car sa maison est brûlante, ayant absorbé la chaleur du soleil toute la journée.

Avikal Somvanshi, chercheur en environnement urbain au Centre indien pour la science et l’environnement, a dit que les données du gouvernement fédéral montraient que le stress thermique était la cause la plus fréquente de décès dus aux forces de la nature, après la foudre, au cours des vingt dernières années.

“La plupart de ces décès surviennent chez des hommes âgés de 30 à 45 ans. Ce sont des hommes de la classe ouvrière, des cols bleus qui n’ont pas d’autre choix que de travailler sous une chaleur torride”, a expliqué Somvanshi.

En Inde, contrairement à certains pays du Moyen-Orient, il n’existe pas de lois interdisant les activités de plein air lorsque les températures dépassent un certain niveau, a précisé Somvanshi.

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