L’Indonésie dit vouloir réduire la déforestation, mais pas y mettre fin complètement

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3 min readNov 8, 2021

Auteur : Reuters

L’Indonésie, qui abrite un tiers des forêts tropicales du monde, a fait marche arrière par rapport à l’engagement mondial de mettre fin à la déforestation d'ici à 2030, appelant à une approche graduelle qui permettra au pays de poursuivre ses plans de développement.

Image représentative. Source : Kanenori via Pixabay

Les responsables du quatrième pays le plus peuplé du monde ont affirmé qu’ils avaient une interprétation moins absolue d’une clause d’un accord signé lundi lors des négociations climatiques de la COP26, qui appelle à “arrêter et inverser” la perte de forêts.

Voici l’interprétation de la clause par l’Indonésie et ses objectifs actuels en matière de lutte contre la déforestation :

Les ministres indonésiens ont déclaré que l’engagement à mettre fin à la déforestation lors des négociations climatiques COP26 à Glasgow était “inapproprié et injuste”, et que la caractérisation de l’accord par les ministres britanniques était trompeuse.

Le gouvernement a noté qu’il n’avait jamais accepté l’arrêt complet de la déforestation d'ici à 2030 et qu’un objectif de déforestation zéro allait à l’encontre de ses plans de développement.

Les responsables précisent que le pays, qui connaît un développement rapide, a besoin de plus de terres pour construire des infrastructures, assurer la sécurité alimentaire et développer l’industrie.

“Il doit y avoir un équilibre”, a indiqué la ministre de l’environnement, Siti Nurbaya Bakar.

Quels sont les projets du pays ?

L’Indonésie est le premier producteur d’huile de palme, dont la production a été liée au défrichement des terres. Son industrie de la pâte et du papier est également liée à la déforestation et ses secteurs en plein essor du nickel et des véhicules électriques sont susceptibles d’utiliser davantage de terres.

Dans un plan de réduction des émissions de carbone et de résilience climatique soumis à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en avril, l’Indonésie a proposé des stratégies de réduction des émissions jusqu’en 2050.

Ce plan prévoit notamment un “puits net de carbone” dans son secteur forestier d’ici à 2030, ce qui signifie que ce secteur absorbera plus d’émissions de gaz à effet de serre qu’il n’en émettra d’ici à la fin de la décennie.

Dans le cadre de ce plan, l’Indonésie vise à réduire la déforestation et à accroître la réhabilitation des tourbières et des terres abandonnées, parallèlement à des pratiques de “gestion durable des forêts” pour prévenir les incendies qui ont anéanti des hectares de forêts.

D’ici à 2050, l’Indonésie souhaite que son secteur forestier absorbe jusqu’à 540 millions d’équivalents CO2, a expliqué le ministère de l’environnement dans un communiqué en août. Il n’a pas précisé la comparaison avec les niveaux actuels de captage du carbone dans l’industrie forestière.

“Éviter”, mais pas arrêter la déforestation

La lutte contre la déforestation fait partie des engagements pris par l’Indonésie dans le cadre de l’accord mondial de Paris pour lutter contre le changement climatique. Le pays avait auparavant pour objectif de limiter la déforestation à une superficie comprise entre 325 000 et 450 000 hectares par an, un niveau qui, selon le gouvernement, permettra encore le développement économique.

Le nouveau plan soumis à la CCNUCC ne précise pas de nouvelle limite de déforestation, mais stipule que l’Indonésie a étendu la superficie des forêts protégées de 26,1 %, passant de 51,8 millions d’hectares à 65,3 millions d’hectares dans son plan national de développement à moyen terme pour 2020–2024.

Le pays a également proposé de doubler son objectif de reforestation, en réhabilitant les terres abandonnées et dégradées, de 5,3 millions d’hectares.

En 2018, le président Joko Widodo a décrété un moratoire sur les permis d’exploitation d’huile de palme, en réponse aux incendies de forêt dévastateurs de 2015, au cours desquels environ 2,6 millions d’hectares ont été brûlés.

Le taux de déforestation a depuis diminué, la taille des forêts brûlées l’année dernière étant la plus faible en 20 ans, soit 115 500 hectares, ont fait état des responsables.

Le moratoire n’a pas été prolongé lorsqu’il a expiré en septembre de cette année, bien que les hauts fonctionnaires aient signalé qu’ils n’approuveraient pas de nouveaux permis de culture de palmiers.

Malgré les progrès réalisés, l’Indonésie devrait perdre des millions d’hectares de forêts au cours de la décennie, a informé le ministère de l’environnement dans un rapport.

Même en atteignant un puits de carbone net d'ici à 2030, la déforestation future de l’Indonésie s’élèvera à 6,8 millions d’hectares au minimum.

Source
Reuters

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