L’industrie intensifie son lobbying à l’approche des votes importants sur le climat dans l’UE

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3 min readJun 6, 2022

Auteur : Reuters

Les législateurs de l’Union européenne ont été inondés de lobbyistes à l’approche des votes sur les politiques plus ambitieuses de l’UE en matière de changement climatique, certaines industries les incitant à revoir les propositions à la baisse.

Image représentative. Source : Pixabay

Le Parlement européen doit confirmer sa position sur une série de propositions visant à réduire plus rapidement les émissions responsables du réchauffement de la planète au cours de la décennie à venir, avant les négociations avec les pays de l’UE sur la législation finale.

Parmi ces mesures figurent la modernisation du marché européen du carbone, l’instauration d’un tarif douanier visant à imposer le coût du CO2 aux produits importés et l’interdiction effective de la vente de voitures neuves à moteur à combustion dans l’Union à partir de 2035.

Des courriels adressés aux législateurs européens révèlent une pression de dernière minute de la part d’industries mécontentes des positions approuvées par la commission de l’environnement du Parlement et soumises au vote de l’assemblée plénière cette semaine.

“Nous sommes submergés par les demandes et les sollicitations des lobbies”, a déclaré Marie Toussaint, membre du groupe des Verts.

L’un des points chauds du débat est le projet de la commission de l’environnement d’accélérer l’élimination progressive des permis d’émission de CO2 gratuits que l’UE accorde aux industries pour les aider à concurrencer leurs concurrents étrangers qui ne paient pas pour leurs émissions de carbone et pour décourager les industries de s’installer dans des régions où les politiques climatiques sont plus faibles. Elle propose de les remplacer d’ici à 2030 par un mécanisme d’ajustement aux frontières pour le carbone (CBAM), c’est-à-dire une nouvelle taxe sur les importations de produits à forte teneur en carbone tels que le ciment, l’acier et les engrais.

La Commission européenne, qui élabore les politiques de l’UE, avait proposé une élimination progressive en 2036 et l’association de l’industrie sidérurgique EUROFER a envoyé la semaine dernière aux législateurs une déclaration mettant en garde contre l’avancement de la date.

Signée par 50 PDG et publiée en ligne, cette déclaration les invite à éviter toute nouvelle réduction du système actuel “jusqu’à ce que le CBAM ait prouvé son efficacité et qu’une solution pour les exportations soit en place”.

L’Union européenne estime que les permis gratuits doivent disparaître lorsque sa nouvelle taxe sur le carbone entrera en vigueur, afin d’éviter d’enfreindre les règles de l’Organisation mondiale du commerce en offrant aux entreprises européennes une “double” protection.

L’augmentation du coût du CO2 est un outil clé dans les plans de l’UE pour lutter contre le changement climatique, en donnant aux entreprises une incitation financière à réduire leurs émissions. Si les prix déjà élevés du carbone dans l’UE ont fait grimper les coûts pour les pollueurs ces dernières années, ils ont également permis de récolter des milliards d’euros pour les budgets des gouvernements nationaux.

De nombreuses industries souhaitent toutefois conserver plus longtemps leurs permis gratuits. Une autre déclaration envoyée aux législateurs par les industries à forte consommation d’énergie, dont EUROFER, le Cefic et Cembureau, met également en garde contre une réduction plus rapide de ces permis. EUROFER co-organisera un “dîner-débat” pour les législateurs afin de présenter sa position avant les votes de l’assemblée.

Un porte-parole d’EUROFER a confié que les entreprises sidérurgiques européennes soutiennent les objectifs climatiques de l’UE et ont 60 projets à faible émission de carbone en cours, mais qu’accélérer la suppression des permis gratuits augmenterait leurs coûts du carbone, ce qui leur laisserait moins d’argent à investir dans la décarbonisation.

Le groupe de l’industrie agricole Copa-Cogeca a également écrit aux législateurs pour les avertir que le plan de la commission de l’environnement était “trop ambitieux” et qu’il ferait peser une “charge supplémentaire” sur l’agriculture.

Copa-Cogeca a affirmé qu’une introduction plus rapide de la taxe carbone à la frontière entraînerait une nouvelle hausse des prix des engrais importés, qui ont grimpé en flèche ces derniers mois en raison de la flambée des prix du gaz et des matières premières.

D’autres courriels montrent que les groupes de pression du secteur automobile exhortent les législateurs à s’opposer aux projets visant à mettre fin aux ventes de voitures polluantes en 2035.

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