L’une des plus anciennes expériences botaniques au monde fait germer des graines de 142 ans

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3 min readMay 15, 2021

Auteur : Cara Giaimo Pour NY Times & Léia santacroce pour GEO

Aux Etats-Unis, des botanistes de l’université d’Etat du Michigan poursuivent une expérience menée sur le campus depuis 1879. Fin avril, ils sont parvenus à faire pousser des graines en dormance depuis 142 ans.

Source : Derrick L. Turner/Michigan State University

C’est un savant et mystérieux passage de relais qui s’opère depuis 1879 entre botanistes de l’université d’Etat du Michigan, rapporte le New York Times. Cette année-là, William James Beal recueille des milliers de graines de différentes plantes adventices à East Lansing (Michigan) et dans les environs. Il les stocke dans des bouteilles et les enterre dans un endroit secret du campus de la fac. La question qui le taraude : pousseraient-elles encore après des années, des décennies, voire des siècles de dormance ?

Depuis, tous les vingt ans (le rythme a changé au fil du temps), les chercheurs en place se passent le mot, déterrent une bouteille à l’aide d’une carte en papier (véritable chasse au trésor !) et plantent son contenu. En 2021, dans le rôle des happy few : David Lowry, professeur adjoint de botanique, et quatre autres collègues. A eux l’honneur de mettre la main sur l’ultime fiole. Fin avril, ils ont eu la joie de constater que les précieuses graines, chouchoutées en laboratoire au sous-sol de l’université étaient devenues des petites pousses. “C’était un moment incroyable”, a indiqué le Pr Lowry, au New York Times.

Le 11 mai, onze avaient germé. Parmi elles : une espèce non-identifiée, et de très probables spécimens de Verbascum blattaria (molène blattaire ou herbe aux mites), une grande herbe aux fleurs jaunes qui ressort à chaque nouveau tour de l’expérience. Il faudra du temps à l’équipe pour déterminer avec certitude ce qui a pris ou non, peut-on lire dans le quotidien américain. Dans les semaines à venir, les scientifiques leur feront subir des traitements supplémentaires pour les inciter à se réveiller : un traitement au froid, un bain de fumée et une pulvérisation d’une hormone de croissance végétale.

Ce qui n’était en 1879 qu’une simple tentative de mesurer la persistance des graines s’est transformé en une expérience plus intéressante au fil des décennies. Grâce à l’amélioration de la technologie et à l’accroissement des connaissances, les botanistes peuvent examiner l’intérieur des graines pour voir comment elles fonctionnent, déterminer les facteurs de longévité et même, dans certains cas, faire renaître des espèces qui semblaient condamnées. Les enseignements tirés de leurs travaux pourraient être utiles dans tous les domaines, de la restauration des écosystèmes endommagés au stockage à long terme des semences.

Maintenant que la dernière bouteille a été “récoltée”, l’équipe réfléchit à la suite. Bien que l’aventure ne doive pas se terminer avant 2100, “il est temps” de commencer à préparer un suivi, a déclaré au New York Times Frank Telewski, professeur de biologie végétale à l’université et membre le plus ancien de l’expérience. Le principe sera le même des graines, des bouteilles, du temps, mais restera à déterminer les espèces à étudier, et à trancher la question de maintenir, ou non, un lieu secret où les enterrer.

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