Quatre jeunes sur dix craignent d’avoir des enfants en raison de la crise climatique

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4 min readSep 16, 2021

Auteur : Fiona Harvey

Une enquête mondiale révèle que la plupart des 16–25 ans s’inquiètent beaucoup de l’avenir et que beaucoup ont le sentiment d’avoir été abandonnés par les gouvernements.

Image représentative. Source : Stephanie Pratt via Pixabay

Quatre jeunes sur dix dans le monde hésitent à avoir des enfants en raison de la crise climatique et craignent que les gouvernements n’en fassent pas assez pour prévenir la catastrophe climatique, selon un sondage réalisé dans dix pays.

Près de six jeunes sur dix, âgés de 16 à 25 ans, sont très ou extrêmement inquiets du changement climatique, selon la plus grande étude scientifique jamais réalisée sur l’anxiété climatique et les jeunes, publiée mardi 14 septembre. Un nombre similaire a indiqué que les gouvernements ne les protégeaient pas, ni la planète, ni les générations futures, et se sentaient trahis par l’ancienne génération et les gouvernements.

Les trois quarts d’entre eux sont d’accord avec l’affirmation “l’avenir est effrayant”, et plus de la moitié pensent qu’ils auront moins d’opportunités que leurs parents. Près de la moitié d’entre eux ont affirmé se sentir angoissés par le climat au point d’affecter leur vie quotidienne et leur fonctionnement.

Le sondage, réalisé auprès d’environ 10 000 jeunes, couvre l’Australie, le Brésil, la Finlande, la France, l’Inde, le Nigeria, les Philippines, le Portugal, le Royaume-Uni et les États-Unis. Il a été financé par l’organisation de campagne Avaaz.

Les jeunes militants pour le climat ont assuré que les sentiments d’anxiété à l’égard du climat étaient désormais répandus parmi les jeunes d’aujourd’hui. Mitzi Tan, 23 ans, originaire des Philippines, a confié : “J’ai grandi en ayant peur de me noyer dans ma propre chambre. La société me dit que cette anxiété est une peur irrationnelle qui doit être surmontée, une peur que la méditation et des mécanismes d’adaptation sains vont “réparer”.” À la base, notre anxiété climatique provient de ce sentiment profond de trahison dû à l’inaction du gouvernement. Pour répondre véritablement à notre anxiété climatique croissante, nous avons besoin de justice.”

Il est désormais courant que les jeunes s’inquiètent d’avoir des enfants, selon Luisa Neubauer, une activiste climatique de 25 ans, coorganisatrice du mouvement de grève des écoles en Allemagne, qui a contribué à obtenir la victoire judiciaire qui a contraint le gouvernement allemand à réévaluer ses politiques climatiques.

Elle a signifié : “Je rencontre beaucoup de jeunes filles qui me demandent si c’est encore bien d’avoir des enfants. C’est une question simple, mais qui en dit long sur la réalité climatique dans laquelle nous vivons. Nous, les jeunes, avons compris qu’il ne suffisait pas de s’inquiéter de la crise climatique pour l’arrêter. Nous avons donc transformé notre anxiété individuelle en action collective. Et maintenant, nous nous battons partout : dans les rues, devant les tribunaux, dans et hors des institutions du monde entier. Pourtant, les gouvernements continuent de nous laisser tomber, alors que les émissions atteignent des niveaux record. La réponse appropriée à cette étude serait que les gouvernements commencent à agir comme ils l’ont promis.”

Au début du mois, l’Unicef a constaté que les enfants et les jeunes du monde entier subissaient le plus gros de la crise climatique, avec un milliard d’enfants exposés à un “risque extrême” lié aux conséquences de la dégradation du climat.

L’étude, intitulée “Young People’s Voices on Climate Anxiety, Government Betrayal and Moral Injury : A Global Phenomenon”, a été diffusée en prépublication, pendant qu’elle est en cours d’examen par les pairs, par la revue scientifique Lancet Planetary Health. L’enquête a été menée et analysée par sept institutions universitaires au Royaume-Uni, en Europe et aux États-Unis, dont l’université de Bath, l’université d’East Anglia et l’Oxford Health NHS Foundation Trust.

Le sondage s’ajoute à des enquêtes précédentes, qui ont également révélé des niveaux élevés d’anxiété face à la crise climatique dans le monde entier, y compris des craintes concernant le fait d’avoir des enfants.

Caroline Hickman, de l’Université de Bath, de la Climate Psychology Alliance et co-auteur principal de l’étude, a expliqué : “Cette étude dresse un tableau horrible de l’anxiété climatique généralisée chez nos enfants et nos jeunes. Elle suggère pour la première fois que des niveaux élevés de détresse psychologique chez les jeunes sont liés à l’inaction du gouvernement. L’anxiété de nos enfants est une réaction tout à fait rationnelle compte tenu des réponses inadéquates au changement climatique qu’ils voient de la part des gouvernements. Qu’est-ce que les gouvernements ont besoin d’entendre de plus pour agir ?”

François Hollande, qui était président de la France lorsque l’accord de Paris a été forgé en 2015, a exhorté les gouvernements réunis en novembre à Glasgow pour le sommet climatique de l’ONU Cop26 à en prendre note. “Six ans après l’accord de Paris, nous devons ouvrir les yeux sur la violence du changement climatique, sur son impact sur notre planète, mais aussi sur la santé mentale de notre jeunesse, comme le montre cette étude alarmante. Nous devons agir de toute urgence et faire tout ce qui est en notre pouvoir pour donner un avenir aux jeunes générations”, a-t-il proclamé.

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