Réduisez le méthane ou faites face à une catastrophe climatique, avertissent les scientifiques

Opresse
Opresse
Published in
4 min readAug 8, 2021

Auteur : Fiona Harvey

Selon le GIEC, le gaz produit par l’agriculture, le gaz de schiste et l’extraction pétrolière joue un rôle de plus en plus important dans le réchauffement climatique.

Image représentative. Source : Peggy und Marco Lachmann-Anke via Pixabay

La réduction du dioxyde de carbone n’est pas suffisante pour résoudre la crise climatique, le monde doit agir rapidement sur un autre puissant gaz à effet de serre, le méthane, pour stopper la hausse des températures mondiales, ont averti les experts.

Dans un future rapport, d’éminents climatologues lanceront l’avertissement le plus sévère qui soit, à savoir que nous sommes au bord de la catastrophe climatique.

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat publiera son sixième rapport d’évaluation, un examen complet des connaissances mondiales sur la crise climatique et la façon dont les actions humaines modifient la planète. Il montrera en détail à quel point le monde est proche d’un changement irréversible.

L’un des principaux points d’action pour les décideurs politiques sera probablement l’avertissement selon lequel le méthane joue un rôle de plus en plus important dans la surchauffe de la planète.

Ce gaz riche en carbone, produit par l’élevage, les puits de gaz de schiste et l’extraction conventionnelle de pétrole et de gaz mal gérée, réchauffe la planète bien plus rapidement que le dioxyde de carbone, son “potentiel de réchauffement” est plus de 80 fois supérieur à celui du CO2, mais sa durée de vie dans l’atmosphère est plus courte, puisqu’il persiste environ dix ans avant de se dégrader en CO2.

Durwood Zaelke, président de l’Institut pour la gouvernance et le développement durable et examinateur principal du GIEC, a précisé que la réduction du méthane était probablement le seul moyen d’éviter une augmentation de la température de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, au-delà de laquelle les phénomènes météorologiques extrêmes augmenteront et des “points de basculement” pourraient être atteints.

“La réduction du méthane est la plus grande opportunité de ralentir le réchauffement entre aujourd’hui et 2040”, a-t-il déclaré. “Nous devons faire face à cette urgence”.

Zaelke a affirmé que les décideurs politiques doivent tenir compte des conclusions du GIEC sur le méthane avant les négociations climatiques de l’ONU, la Cop26, à Glasgow en novembre. “Nous devons voir à la Cop26 une reconnaissance de ce problème, que nous devons faire quelque chose à ce sujet”.

La réduction du méthane pourrait équilibrer l’impact de l’élimination progressive du charbon, un objectif clé de la Cop26, car il s’agit du combustible fossile le plus polluant, à l’origine de la forte augmentation des émissions ces dernières années. Cependant, l’utilisation du charbon a un effet pervers sur le climat : les particules de soufre qu’il produit protègent la Terre d’un certain réchauffement en déviant une partie de la lumière du soleil.

Cela signifie que l’effet immédiat de la réduction de l’utilisation du charbon pourrait être d’augmenter le réchauffement, tout en protégeant la Terre à moyen et long terme. Selon Zaelke, la réduction du méthane pourrait compenser cet effet. “La défossilisation n’entraînera pas de refroidissement avant environ 2050. La chute du soufre dans l’atmosphère démasquera le réchauffement déjà présent dans le système”, a-t-il exprimé.

“Le changement climatique est comme un marathon, nous devons rester dans la course. La réduction du dioxyde de carbone n’entraînera pas de refroidissement dans les dix prochaines années, et au-delà, notre capacité à lutter contre le changement climatique sera si gravement compromise que nous ne pourrons plus courir. La réduction du méthane nous donne du temps”.

Les niveaux de méthane ont fortement augmenté ces dernières années, à cause du gaz de schiste, du gaz conventionnel mal géré, du forage pétrolier et de la production de viande. L’année dernière, les émissions de méthane ont augmenté d’un montant record, selon le programme des Nations unies pour l’environnement.

Les données satellitaires montrent que certaines des principales sources de méthane sont les puits de pétrole et de gaz russes mal gérés. Le gaz peut être extrait des forages conventionnels à l’aide de techniques modernes qui éliminent pratiquement toutes les émissions “fugitives” ou accidentelles de méthane. Mais alors que des pays comme le Qatar prennent soin du méthane, la Russie, qui est partie à l’accord de Paris sur le climat de 2015 mais a fait peu d’efforts pour réduire ses émissions, dispose d’infrastructures parmi les plus lacunaires.

“Aujourd’hui, plus de 40 % du gaz de l’UE est du gaz lourd en méthane provenant de Russie, ce qui est pire que le charbon pour le climat”, a expliqué Paul Bledsoe, ancien conseiller sur le climat de la Maison Blanche de Clinton, qui travaille maintenant pour le Progressive Policy Institute à Washington. “L’UE devrait commencer à mesurer puis à réglementer les émissions de méthane de toutes ses importations de gaz naturel afin d’amorcer un nettoyage du gaz naturel mondial.”

La réduction des émissions de méthane peut permettre de faire des économies. L’évaluation de l’ONU a révélé qu’environ la moitié des réductions de méthane nécessaires pourraient être réalisées avec un retour sur investissement rapide.

Zaelke a exhorté les gouvernements à envisager l’élaboration d’un nouvel accord, parallèlement à l’accord de Paris, qui couvrirait le méthane et obligerait les pays à réduire fortement leurs émissions de gaz. “Nous devrons avoir un accord mondial sur le méthane”, a-t-il proclamé.

Le méthane est également produit par la fonte du permafrost et certains éléments indiquent que la canicule sibérienne pourrait augmenter les émissions de ce gaz. Toutefois, on pense que les émissions à grande échelle dues à la fonte du permafrost sont encore loin, tandis que les émissions de méthane provenant de l’agriculture et de l’industrie peuvent être combattues dès aujourd’hui.

Source
Opresse

--

--