Selon un rapport, Facebook a permis à l’industrie des combustibles fossiles de diffuser des informations erronées sur le climat.

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4 min readAug 7, 2021

Auteur : Chris McGreal

Le groupe de réflexion InfluenceMap accuse les géants pétroliers d’utiliser Facebook pour promouvoir le pétrole et le gaz comme des solutions à la crise climatique.

Image représentative. Source : Gerd Altmann via Pixabay

Selon une nouvelle analyse publiée jeudi, Facebook n’a pas réussi à faire respecter ses propres règles pour freiner une campagne de désinformation de l’industrie pétrolière et gazière sur la crise climatique pendant l’élection présidentielle de l’année dernière.

Le rapport du Thinktank InfluenceMap, basé à Londres, a identifié une augmentation de la publicité sur le réseau social par ExxonMobil et d’autres entreprises de combustibles fossiles visant à façonner le débat politique sur les politiques de lutte contre le réchauffement climatique.

InfluenceMap a déclaré que ses recherches montrent que l’industrie des combustibles fossiles a cessé de nier catégoriquement la crise climatique et utilise désormais les réseaux sociaux pour promouvoir le pétrole et le gaz comme faisant partie de la solution. Le rapport a également mis en évidence le rôle joué par Facebook dans la diffusion de fausses affirmations sur le réchauffement climatique, en n’appliquant pas systématiquement ses propres politiques pour mettre fin aux publicités erronées.

“En dépit de son soutien public à l’action climatique, Facebook continue de permettre que sa plateforme soit utilisée pour diffuser de la propagande en faveur des combustibles fossiles”, indique le rapport. “Non seulement Facebook applique de manière inadéquate ses politiques publicitaires existantes, mais il est clair que ces politiques ne suivent pas le rythme du besoin critique d’une action climatique urgente.”

Selon le rapport, 25 organisations de l’industrie pétrolière et gazière ont dépensé au moins 9,5 millions de dollars pour placer plus de 25 000 publicités sur les plateformes américaines de Facebook l’année dernière, qui ont été vues plus de 431 millions de fois. Exxon a dépensé à elle seule 5 millions de dollars.

“L’industrie utilise toute une série de tactiques de communication qui sont bien plus nuancées que les déclarations de déni climatique. Parmi les tactiques les plus significatives, on trouve le fait de lier l’utilisation du pétrole et du gaz au maintien d’une qualité de vie élevée, la promotion du gaz fossile comme étant vert, et la publicité des actions volontaires prises par l’industrie sur le changement climatique”, démontre le rapport.

Le rapport a noté une augmentation des dépenses en publicités Facebook en juillet 2020, immédiatement après que Joe Biden, alors candidat à la présidence, ait annoncé un plan climatique de 2 milliards de dollars pour promouvoir l’utilisation d’énergies propres. Les dépenses sont restées élevées jusqu’après l’élection, quatre mois plus tard.

“Cela suggère que l’industrie pétrolière et gazière utilise la publicité sur Facebook de manière stratégique et à des fins politiquement motivées”, explique le rapport.

InfluenceMap dit avoir trouvé 6 782 publicités de l’industrie de l’énergie sur Facebook l’année dernière pour promouvoir des affirmations selon lesquelles le gaz naturel est un combustible vert ou à faible teneur en carbone, même si les recherches du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat disent le contraire.

L’étude a révélé qu’Exxon, en particulier, utilisait Facebook pour promouvoir l’utilisation continue du pétrole, considéré comme abordable, fiable et important pour que les États-Unis ne dépendent pas d’autres pays pour leur approvisionnement énergétique.

InfluenceMap a également accusé la société de diffuser des publicités trompeuses visant à faire passer la responsabilité de la réduction des émissions de carbone de l’industrie aux choix de vie des Américains ordinaires. Selon le rapport, l’Agence internationale de l’énergie calcule que les objectifs mondiaux de réduction des émissions reposent en grande partie sur l’adoption de technologies vertes par l’industrie de l’énergie, alors que seulement 8 % des réductions proviendront des choix des consommateurs, comme la réduction du nombre de vols.

“Ces messages sont souvent intégrés dans des publicités vantant les mérites des entreprises pétrolières et gazières en matière de protection du climat et la nécessité de l’exploitation du pétrole et du gaz pour maintenir une qualité de vie élevée”, précise le rapport.

InfluenceMap a également attiré l’attention sur le rôle joué par les groupes financés par l’industrie, dirigés par l’American Petroleum Institute, qui a dépensé 3 millions de dollars en publicités Facebook l’année dernière, présentant les entreprises de combustibles fossiles comme favorables au climat.

InfluenceMap a déclaré que si Facebook a supprimé certaines publicités pour avoir fait de fausses déclarations ou pour avoir omis d’inclure une clause de non-responsabilité indiquant qu’il s’agissait de politiques environnementales, il a permis à de nombreuses autres publicités de ne pas être contestées.

Facebook a confié au Guardian qu’il avait pris des mesures contre certains groupes diffusant des publicités en faveur des combustibles fossiles et que de nombreuses publicités avaient été rejetées parce qu’elles n’étaient pas identifiées comme “politiques”.

“Nous rejetons les publicités lorsqu’elles sont jugées fausses ou trompeuses par l’un de nos partenaires indépendants chargés de vérifier les faits, et nous prenons des mesures à l’encontre des pages, groupes, comptes et sites web qui partagent de manière répétée du contenu jugé faux”, a exprimé un porte-parole de Facebook.

L’année dernière, un groupe de sénateurs américains a écrit à Mark Zuckerberg, directeur général de Facebook, pour lui faire part de ses inquiétudes quant au fait que la plateforme permettait la publication d’affirmations manifestement fausses sur la crise climatique sous prétexte qu’il s’agissait d’une “opinion”.

“La crise climatique est trop importante pour permettre aux mensonges flagrants de se répandre sur les réseaux sociaux sans conséquence.”

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