Trois millions de masques sont jetés chaque minute et servent de vecteurs à d’autres substances toxiques dans l’environnement, selon les experts

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3 min readMar 14, 2021

Auteur : Joe Pinkstone

Trois millions de masques faciaux sont jetés chaque minute en raison de leur adoption massive causée par la pandémie de coronavirus, et les experts préviennent que cela pourrait bientôt conduire à une catastrophe environnementale.

Le 13 mai 2020, Gary Stokes, fondateur du groupe environnemental Oceans Asia, pose avec des masques jetables abandonnés sur une plage de Discovery Bay, sur l’île périphérique de Lantau, à Hongkong. ANTHONY WALLACE / AFP

Les masques faciaux sont portés par la majorité des individus dans le monde afin de freiner la propagation du SRAS-CoV-2, le coronavirus à l’origine du Covid-19.

Cependant, ils présentent un risque plus important pour l’environnement que les sacs plastiques, en raison de leur omniprésence et du fait qu’il n’existe aucun moyen de les décontaminer et de les recycler en toute sécurité.

Dans un article publié par l’université du Danemark du Sud, des experts qualifient de “bombe à retardement” l’énorme quantité de masques portés et jetés.

Ils ajoutent que les masques jetés se décomposent en microfibres dangereuses et qu’ils peuvent également transporter des produits chimiques dangereux dans l’environnement.

Elvis Genbo Xu, écotoxicologue à l’université du Danemark du Sud, et Zhiyong Jason Ren, professeur d’ingénierie civile et environnementale à l’université de Princeton, ont rédigé un article sur le sujet dans la revue Frontiers of Environmental Science & Engineering.

Et l’énigme du sort à réserver à ce récent déluge de masques constitue véritablement une nouvelle frontière pour les scientifiques, qui n’ont jamais été confrontés à une explosion aussi rapide d’un produit pour lequel il n’existe aucune méthode d’élimination responsable établie.

“Avec l’augmentation des rapports sur l’élimination inappropriée des masques, il est urgent de reconnaître cette menace environnementale potentielle et d’empêcher qu’elle ne devienne le prochain problème écologique”, préviennent les chercheurs.

Les masques jetables, bien qu’excellents pour réduire la transmission virale, sont délicats à recycler car ils sont fabriqués à partir de nombreux matériaux différents.

Les masques chirurgicaux jetables courants sont constitués de trois couches”, expliquent les chercheurs.

La couche extérieure est composée d’un matériau non absorbant (par exemple, du polyester) qui protège contre les éclaboussures de liquide.

La couche intermédiaire est constituée de textiles non tissés (par exemple, polypropylène et polystyrène) créés à l’aide d’un procédé de “fusion-soufflage”, qui empêche la formation de gouttelettes et d’aérosols grâce à un effet électrostatique.

La couche intérieure est constituée d’un matériau absorbant, comme le coton, qui absorbe la vapeur d’eau.

Tout cela garantit une filtration, un confort et une durabilité adéquats pour protéger le porteur et les autres personnes des gouttelettes infectieuses pouvant contenir un agent pathogène.

La production de masques faciaux est désormais équivalente à celle des bouteilles en plastique, soit environ 43 milliards d’articles par mois.

Mais grâce aux efforts acharnés des militants écologistes pour améliorer le recyclage depuis de nombreuses années, une bouteille sur quatre est désormais entièrement recyclée. En revanche, aucun masque ne l’est.

S’ils sont jetés imprudemment dans la nature, les masques se décomposent en micro et nanofibres plastiques en quelques semaines.

Ces fibres minuscules, d’une taille inférieure à 5 mm et 1 mm respectivement, représentent un risque énorme pour la santé animale et humaine.

On a constaté que les microplastiques se déplacent sur les courants aériens et qu’ils ont été repérés dans les régions les plus désolées du monde, notamment dans les Alpes, en Antarctique et dans la “zone de mort” du mont Everest.

Les chercheurs ont proposé une série de moyens pour minimiser les retombées environnementales des masques faciaux.

“La communauté des chercheurs en environnement doit agir rapidement pour comprendre et atténuer les risques que les masques présentent pour l’environnement”, écrivent-ils.

“Une réflexion critique sur les trois “R” peut être utile : réglementer (évaluation du cycle de vie sur la production, l’élimination et la décontamination), réutiliser (masques jetables) et remplacer (matériaux biodégradables) les masques à usage unique”.

Ils recommandent également aux gens d’opter, dans la mesure du possible, pour des masques en coton plutôt que pour des masques jetables.

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