Une entreprise lève 15 millions de dollars pour sauver le mammouth laineux de l’extinction

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4 min readSep 16, 2021

Auteur : Ian Sample

Les scientifiques ont pour objectif initial de créer un hybride éléphant-mammouth, dont les premiers petits devraient naître dans six ans.

Image représentative. Source : Pixabay

Dix mille ans après la disparition des mammouths laineux de la surface de la Terre, des scientifiques se lancent dans un projet ambitieux visant à ramener ces animaux dans la toundra arctique.

La perspective de recréer des mammouths et de les ramener à l’état sauvage fait l’objet de discussions parfois sérieuses depuis plus d’une décennie, mais lundi 13 septembre, des chercheurs ont annoncé un nouveau financement qui, selon eux, pourrait faire de leur rêve une réalité.

Ce coup de pouce se présente sous la forme d’une levée de fonds de 15 millions de dollars par la société de biosciences et de génétique Colossal, cofondée par Ben Lamm, un entrepreneur en technologie et en logiciels, et George Church, un professeur de génétique à la faculté de médecine de Harvard qui a été à l’origine de nouvelles approches de l’édition de gènes.

Les scientifiques ont pour objectif initial de créer un hybride éléphant-mammouth en fabriquant en laboratoire des embryons porteurs d’ADN de mammouth. Le point de départ du projet consiste à prélever des cellules de peau d’éléphants d’Asie, qui sont menacés d’extinction, et à les reprogrammer en cellules souches plus polyvalentes, porteuses d’ADN de mammouth.

Les gènes particuliers qui sont responsables des poils de mammouth, des couches de graisse isolantes et d’autres adaptations au climat froid sont identifiés en comparant les génomes de mammouths extraits d’animaux récupérés dans le permafrost avec ceux des éléphants d’Asie apparentés.

Ces embryons seraient ensuite portés à terme dans une mère porteuse ou potentiellement dans un utérus artificiel. Si tout se passe comme prévu, et les obstacles sont loin d’être insignifiants, les chercheurs espèrent avoir leur première série de veaux dans six ans.

“Notre objectif est de fabriquer un éléphant résistant au froid, mais il aura l’apparence et le comportement d’un mammouth. Non pas parce que nous essayons de tromper qui que ce soit, mais parce que nous voulons quelque chose qui soit fonctionnellement équivalent au mammouth, qui appréciera de passer du temps à -40°C et fera toutes les choses que font les éléphants et les mammouths, en particulier abattre des arbres”, a exprimé Church à The Guardian.

Le projet est conçu comme un effort pour aider à conserver les éléphants d’Asie en les dotant de caractéristiques qui leur permettent de prospérer dans les vastes étendues de l’Arctique connues sous le nom de steppe à mammouths. Mais les scientifiques pensent également que l’introduction de troupeaux d’hybrides éléphants-mammouths dans la toundra arctique pourrait contribuer à restaurer l’habitat dégradé et à combattre certains des effets de la crise climatique. Par exemple, en abattant les arbres, les bêtes pourraient aider à restaurer les anciennes prairies arctiques.

Tous les scientifiques ne pensent pas que créer des animaux ressemblant à des mammouths en laboratoire soit le moyen le plus efficace de restaurer la toundra. “Je pense personnellement que les justifications données, l’idée que l’on pourrait géo-ingénier l’environnement arctique en utilisant un entendu de mammouths ne sont pas plausibles”, a indiqué le Dr Victoria Herridge, biologiste de l’évolution au Musée d’histoire naturelle.

“L’échelle à laquelle il faudrait réaliser cette expérience est énorme. Vous parlez de centaines de milliers de mammouths qui mettent chacun 22 mois à avoir une gestation et 30 ans à atteindre la maturité.”

Lamm a ajouté : “Notre objectif n’est pas seulement de faire revenir le mammouth, mais de ramener dans la région arctique des troupeaux consanguins qui ont réussi à se réhabituer.”

On ne sait pas, pour l’instant, si les éléphants d’Asie voudront se reproduire avec les hybrides. “Nous pourrions avoir à les raser un peu”, a expliqué Church.

Gareth Phoenix, professeur d’écologie des plantes et du changement global à l’Université de Sheffield, a stipulé : “Si nous avons besoin d’une multitude d’approches différentes pour stopper le changement climatique, nous devons également lancer des solutions de manière responsable afin d’éviter des conséquences dommageables involontaires. C’est un énorme défi dans le vaste Arctique, où différents écosystèmes existent dans des conditions environnementales différentes.

“Par exemple, les mammouths sont proposés comme solution pour aider à arrêter le dégel du permafrost parce qu’ils enlèvent les arbres, piétinent et compactent le sol et convertissent les paysages en prairies, ce qui peut aider à garder le sol frais. Cependant, nous savons dans les régions forestières de l’Arctique que les arbres et la couverture de mousse peuvent être essentiels pour protéger le permafrost, donc enlever les arbres et piétiner la mousse serait la dernière chose à faire.”

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