Tuto: la récup’ de nourriture

On nous raconte que le capitalisme c’est l’abondance. Pourtant force est de constater que pour beaucoup capitalisme rime plutôt avec pénurie. La faim touche plus de 5 millions de personnes en Europe tandis que 1 personne sur 9 souffre encore de la faim dans le monde. Ce qui nous choque le plus dans cette soi-disante abondance, c’est le gaspillage. Les biens ne sont pas produits pour répondre à un besoin, ils sont juste produits pour être vendus. Et s’il ne trouve pas d’acquéreur, le bien sera au mieux recyclé ou donné à des animaux, au pire jeté, détruit ou abandonné. Selon une analyse menée en 2011 par la FAO, on estime que la quantité de gaspillage alimentaire dans le monde s’élève à 1,3 milliard de tonnes par an soit environ un tiers de la production totale de denrées alimentaires destinées à la consommation humaine. Nous sommes de plus en plus nombreux à avoir des difficultés à remplir notre frigo malgré l’abondance qu’on nous fait miroiter. Et surtout de quelle abondance parle-t-on? Les produits sains et respectueux de notre environnement sont bien souvent trop chers et nous devons nous rabattre sur des aliments industriels de piètre qualité.

Cela fait deux ans déjà que les JOC Namur ont décidé d’aller faire leurs courses non plus en rentrant dans les supermarchés, mais en fouillant leurs poubelles ! « Nous avons été rarement déçus de nos multiples glanages. Nous avons tellement d’invendus que nous avons décidé d’ouvrir un magasin gratuit pour partager nos trouvailles. À côté des invendus se trouvent aussi quantité de vêtements qui cherchent des acquéreurs. Nous faisons cela, car nous voulons autant court-circuiter la logique marchande et l’individualisme par la gratuité et l’entraide que lutter contre le gaspillage et la précarité sans pour autant sombrer dans la charité. Mais ça, c’est un autre débat. »

• La première étape, souvent la plus infructueuse, consiste à aller demander aux gérants du magasin s’ils sont prêts à vous donner leurs invendus. Représenter une association, fût-elle de fait, vous aidera grandement à gagner la sympathie du gérant. Mais rien n’est gagné !
• Le gérant vous envoie paître, pas de problèmes! Faites le tour du magasin et vérifiez si les poubelles ne sont pas enfermées dans un local à clé. Si ce n’est pas le cas, attendez au moins une heure après la fermeture du magasin, ouvrez la poubelle et faites votre choix ! N’oubliez pas votre lampe de poche et des gants pour y aller à pleine main ! :)
• La règle principale « en récup » c’est de seulement choisir les aliments que vous êtes certains de manger. En effet la quantité est telle qu’autant de produits gratuits et encore consommables à portée de mains, ça peut vite vous monter à la tête et vous serez tenté de tout emporter.
  Soyez raisonnables parce que sans lieux pour les stockers ni frigos pour tout congeler vous allez vite vous retrouver avec une quantité de déchets plus vraiment consommables sur les bras. Au pire cela peut alimenter votre compost !
• Une fois votre sac ou votre coffre rempli, rentrez chez vous, invitez vos amis pour un « banquet récup » et rincez toujours vos aliments en les passant sous un filet d’eau froide du robinet ou en les submergeant dans un seau dont vous changerez régulièrement l’eau.
• Enlevez les cartons d’emballages qui auraient pris l’odeur de la poubelle et concentrez-vous sur les aliments emballés sous vide, ce seront les plus propres à la consommation. À vous de juger de toute façon. Toutefois nous déconseillons toujours de récupérer de la viande et du poisson. Pour le reste si l’emballage sous vide est gonflé, c’est mauvais signe.
  Bonne nouvelle, le froid hivernal est propice à la récup.
• Pour les réticents, sachez qu’il n’y a pas que des aliments dont la date de péremption serait passée ! Quantité d’aliments dans les poubelles sont des aliments qui n’ont plus la bonne forme standard : une canette cabossée ou la bouteille d’un pack qui aurait coulé sur les autres oblige le magasin à tout jeter.