Burn-out : au coeur de la tempête

Marina Bourgeois
Oser Rêver Sa Carrière
4 min readMay 2, 2018

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Nous l’avons déjà expliqué dans nos colonnes, le burn-out ou syndrome d’épuisement professionnel, se déroule (en règle générale) en cinq phases.

S’annonçant par une grosse période de surchauffe, le corps et/ou la tête dit(sent) soudain STOP.

KO. HS. Rideau. La machine ne fonctionne plus.

L’interruption d’activité, qui aurait sans doute dû avoir lieu depuis un bon moment, s’impose. L’extraction du milieu professionnelle devient plus qu’impérative…c’est une urgence.

Que se passe-t-il chez l’épuisé(e) dans ce “creux de la vague” ? Comment vit-on au summum de la douleur liée à l’épuisement professionnel ?

Bien souvent à ce stade, l’épuisement se traduit par une impossibilité de faire quoi que ce soit. Les batteries sont vides. Le corps, le coeur et la tête sont à plat.

Les maux physiques sont terribles : douleurs liées à des TMS (troubles musculosquelettiques), problèmes de concentration (“je ne pouvais même plus suivre un dessin animé avec mes enfants à la télé”). La tête fonctionne au ralenti…quand elle fonctionne encore…

Certains épuisés racontent d’ailleurs avoir passé de nombreux examens médicaux en quête d’une maladie neurologique quelconque… Je pense notamment ici à certains de nos accompagnés ayant rencontré le même parcours médical : consultations puis examens suite à des douleurs dans les membres inférieurs (notamment). Les premiers examens ne donnant rien, des pistes telles que la sclérose en plaque (SEP), la maladie de Lyme ou encore la fibromylagie ont pu être soulevées par le corps médical. Jusqu’à ce que les résultats parlent : rien ! Rien de décelable médicalement parlant. Et pourtant une souffrance intense. Aussi bien physique que psychologique…

Dans le creux de la vague, le sommeil est souvent déréglé : hypersomnie pour les épuisé(e)s récupérant de semaines ou mois de fatigue (le corps et la tête ont besoin d’être en “off” et de ne pas consommer davantage d’énergie) ou à l’inverse insomnie due notamment au stress lié à l’arrêt de travail (“il va falloir reprendre”, “je n’y arriverai jamais”, “j’ai tellement de choses à faire au bureau”, “qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de ma vie à présent ?”). L’appétit est également altéré (“rien ne passe”, “j’ai toujours mon noeud à l’estomac”, “tout m’écoeure”, “j’ai besoin de manger, ça me calme”). Bref, la machine interne est mise à mal. Elle est en réalité déréglée depuis bien longtemps mais le vide créé par l’interruption d’activité ne fait que mettre en évidence ces symptômes aussi pénibles que douloureux.

On se rend également compte, parfois avec brutalité, à quel point il nous est devenu impossible de rester plus de deux minutes sans rien faire, à quel point nous ne savons plus quoi faire dès lors que le temps n’est plus occupé par le travail (“je ne sais pas quoi faire de mes dix doigts”, “je m’ennuie terriblement”, “je me sens totalement vide”, “je me retrouve comme un(e) idiot(e) à me demander ce que je vais faire de ma journée”). Il est difficile de se voir tout à coup diminué (“moi qui étais tellement endurant(e)”, “j’abattais un travail de dingue, “je ne suis plus capable de rien”, “je fais en une heure ce que je faisais avant en cinq minutes”, “je suis devenue lente”…). On essaie d’occuper les journées tant bien que mal mais l’énergie n’y est pas. La “honte” d’avoir seulement réussi à vider le lave-vaisselle est récurrente…(“je n’ai plus rien à raconter le soir”, “je ne suis plus rien”, “je n’ai plus de rôle social”).

Les personnes épuisé(e)s se rendent alors compte du néant dans lequel les a plongé le surinvestissement au travail. Elles se rendent compte d’avoir (parfois) négligé leur famille, leur époux(se), leur(s) enfant(s), leur santé, leur(s) ami(s) et, plus fondamentalement,…elles-mêmes. C’est l’heure de la prise de conscience qui, bien souvent, fait mal : « mais comment en suis-je arrivé là ? », « comment ai-je autant pu m’oublier ? », « tout ça pourquoi ?… ».

Vient la culpabilité, l’amertume voire parfois la colère à l’égard de l’entreprise, de l’institution et de soi-même. D’autant qu’il est socialement difficile d’être en arrêt. En marge de la « masse » se rendant au travail tous les jours, la personne arrêtée pour burn-out culpabilise de ne pas se rendre au travail, de ne pas avoir « tenu le choc » comme les autres. Elle se sent « faible » et s’imagine ne plus jamais être à la hauteur. Un mécanisme de dévalorisation se met en place (perte de confiance en ses compétences, en ses capacités de décision, etc) On ne le dira jamais assez mais le risque est alors de broyer sévèrement du noir et de basculer dans la dépression.

La durée de cette période “noire” est évidemment variable d’un individu à l’autre. Protéiforme, aucun burn-out ne ressemble à un autre. La remontée peut être lente et sinusoïdale. Mais rassurez-vous, après la pluie vient le beau temps. Petit à petit, l’énergie revient. Il y a bien un après burn-out

Pour en savoir plus sur le burn-out : Marina Bourgeois. Burn-Out. Le (me) comprendre & en sortir, 2018.

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