Burn-out : je ne l’ai pas senti arriver

Marina Bourgeois
Oser Rêver Sa Carrière
3 min readJun 29, 2020
Valérie, membre de notre groupe Facebook Burn-out : parlons-en témoigne de son burn-out.

Valérie,pour toi, qu’est-ce que le burn-out ? Comment le définirais-tu ? Pour moi, c’est un abattement physique et psychologique, une perte de sens totale de ses propres valeurs.

A quel âge t’est-ce arrivé ? Cela m’est arrivé autour de 40 ans.

L’as-tu senti arriver ? Des signes annonciateurs ? Je ne l’ai pas senti arriver à proprement parler. J’ai terminé 2018 dans un état de fatigue très important nécessitant un arrêt maladie d’une semaine (je n’ai pas voulu plus me sachant en congés-voyage dépaysant-ensuite). Le voyage de quinze jours à l’étranger a été empreint de magnifiques découvertes, ce qui m’a énormément ressourcée (explication à ce 1er arrêt : « j’étais donc juste fatiguée »). Cela m’a permis de rester encore assez active pendant deux mois. Puis la non reconnaissance du travail fourni, la non prise en compte par ma N+1 de ma parole, la pression liée à la conjoncture professionnelle, les tensions dans l’équipe ont accentué le manque de sommeil, les angoisses, les troubles alimentaires, jusqu’à ne plus être capable de me lever pour aller travailler…

Où en es-tu aujourd’hui Valérie ? J’en suis sortie après deux mois et demi d’arrêt maladie: prise en charge psychologique deux foispar semaine pendant un an, méditation et travail centré sur moi, mes envies…

Un an après le début de la période d’arrêt maladie, mon couple a éclaté (début 2020), j’ai repris les activités sportives, j’ai perdu vingt kilos (pris rapidement). J’ai également changé de service et cela correspondait parfaitement à mes valeurs : esprit d’équipe, bonne humeur. Cela n’a pas été sans mal mais j’ai maintenu et assumé mes positions, et j’ai ainsi pu être nommée sur ce nouveau poste en novembre 2019. Professionnellement, je me sens à ma place. Je suis contente d’aller au travail et mes collègues/N+1 sont satisfaits de mon travail.

Cet épisode a-t-il changé ta perception du travail ? Oui, j’insiste auprès de mes équipes sur l’importance du sommeil, de répartir les temps de vacances dans l’année, j’assume mes convictions et en revanche, je n’ai plus de fierté d’appartenance à l’institution (ce qui m’est bénéfique car moins corvéable « à merci »). Lorsque je dois rester tardivement au travail, je me pose toujours la question de savoir si je suis en accord avec cela ou si je risque de le vivre comme une contrainte (auquel cas je pars).

Pour t’en sortir, quelles béquilles as-tu utilisé ? Psychologue du travail (avant de m‘arrêter), psychologue clinicienne (deux séances par semaine), méditation, repos ++++, famille que j’appelais, isolement. J’ai par ailleurs testé deux semaines le traitement anti-dépresseur prescrit par mon médecin traitant mais cela m’endormait et j’ai eu peur de la dépendance… J’ai donc très vite stoppé avant d’en être trop imprégnée.

Comment vis-tu ta reprise ? Au début (en septembre 2019), je n’étais pas à l’aise car j’étais testée et puis je représentais « celle » qui avait failli… Ensuite j’ai postulé sur un autre secteur (entretien de trente minute, nous étions 2 et j‘ai été choisi…première victoire) dans lequel je m’épanouie (deuxième victoire). Mes équipes sont contentes et nous partageons des bons moments d’échange. Je suis exigeante au travail (vis-à-vis des équipes et de moi-même) mais tout le monde est satisfait du travail bien fait, des patients accueillis et pris en charge. Il y a une vraie dynamique positive de groupe et surtout de la bonne humeur.

Valérie, si tu devais le comparer à un animal, quel serait-il ? Je dirai un papillon qui est sorti du cocon (pour le côté étriqué)

Merci Valérie pour ce témoignage !

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Marina Bourgeois, Directrice d’Oser Rêver Sa Carrière

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