Burn-out : le reconnaître pour l’admettre

Marina Bourgeois
Oser Rêver Sa Carrière
5 min readApr 18, 2018

Admettre que l’on va mal, que l’on est en souffrance, que l’on est usé, que l’on ne peut plus continuer et que l’on a l’impression de s’enliser dans des sables mouvants n’est pas une démarche évidente. D’autant lorsque l’on ne comprend pas très bien ce qui nous arrive. Et encore plus, évidemment, lorsque l’on est en plein déni.

Admettre son état, l’accepter, le regarder en face est pourtant capital afin, notamment, de demander de l’aide. Mais encore faut-il savoir ce qui nous arrive. Mettre un mot sur des maux…

Comme pour toute autre souffrance, il est nécessaire de savoir reconnaître un burn-out lorsqu’il est là (ou mieux encore, lorsqu’il n’est pas loin…). Qu’est-ce donc que ce fameux burn-out dont tout le monde parle en ce moment ? De quoi s’agit-il ? A quoi ressemble-t-il ?

Plusieurs définitions existent. Sorte de “petite bête qui monte, qui monte…” sournoisement, insidieusement… le burn-out désigne un état d’épuisement général, à la fois psychique, émotionnel et mental. Les batteries de l’épuisé(e) sont vides. C’est le ko technique. Pleine depuis trop longtemps, la coupe se vide d’un coup.

Classiquement, il se caractérise par la trilogie suivante :

  • un épuisement émotionnel ;
  • une dépersonnalisation, entraînant une sorte de déshumanisation de la relation aux tiers ;
  • la perte ou baisse du sentiment d’accomplissement personnel au travail.

Les “puristes” en la matière considèrent qu’il faut que ces trois éléments soient réunis, autrement dit qu’ils se cumulent, pour considérer qu’il y a burn-out. N’étant pas considéré comme une maladie professionnelle, la notion n’est pas bien balisée. L’observation et l’échange avec les victimes d’épuisement montrent qu’il s’agit d’un état protéiforme recouvrant plusieurs types de symptômes que nous avons regroupé en 3 catégories : les symptômes physiques (I), les symptômes psychiques (II) et les symptômes comportementaux (III).

I. Les symptômes physiques du burn-out

  • fatigue physique persistante (les vacances et temps de repos sont inefficaces) ;
  • manque d’énergie ;
  • troubles du sommeil (sommeil non réparateur, difficultés d’endormissement, insomnie, réveils nocturnes, cauchemars récurrents liés ou non au travail, bruxisme nocturne, hypersomnie) ;
  • troubles de l’alimentation (perte d’appétit, perte ou prise de poids, fringales répétées, nausées récurrentes, anorexie, boulimie) ;
  • troubles digestifs (désordres intestinaux et gastriques, colopathie, diarrhées, constipation) ;
  • problèmes musculaires (crampes répétées, sensation de « mal partout » persistante, raideurs, douleurs dorsales, lombalgies répétitives, lumbagos fréquents, torticolis, nuque raide, douleurs aux jambes rendant parfois la marche difficile, mâchoire crispée, TMS, etc) ;
  • maux de tête, migraines ;
  • acouphènes ;
  • vertiges, évanouissements ;
  • baisse des défenses humanitaires (sensibilité plus importante aux virus qu’à l’ordinaire. Les rhumes et états grippaux semblent plus fréquents et durent plus longtemps) ;
  • cicatrisation des plaies plus longue ;
  • palpitations cardiaques, manifestations cardio-vasculaires, hypotension, hypertension ;
  • ulcère ;
  • transpiration, gorge sèche, hyper-ventilation ;
  • perte de cheveux, pelade ;
  • intolérance au bruit et/ou à la lumière, troubles visuels ;
  • problèmes de peau inhabituels, boutons de fièvre, eczéma, psoriasis ;
  • infections urinaires à répétition chez la femme ;
  • dérèglement du système hormonal et du cycle menstruel chez la femme ;
  • anorgasmie chez l’homme et la femme ;
  • éjaculation précoce chez l’homme.

II. Les symptômes psychiques du burn-out :

  • fatigue émotionnelle importante, sensation de « vide » intérieur, abattement ;
  • sentiment de surcharge, de stress ou d’ennui au travail (bore-out) ;
  • sentiment d’être débordé(e) par toute demande professionnelle ou extra-professionnelle ;
  • sensation de toute puissance, de pouvoir tout gérer ;
  • sentiment d’être dans le speed 24h/24, d’être dans un tunnel sans fin ;
  • difficultés à traiter les différentes tâches, aussi bien au travail qu’à la maison ;
  • désintérêt, désengagement progressif pour le travail ou, à l’inverse, incapacité à s’arrêter de travailler ;
  • sensation d’accoutumance au travail ;
  • impression de “glisser”, de “perdre pied” ;
  • impossibilité de se détendre à la maison ;
  • impossibilité de ne plus penser au travail en rentrant chez soi ;
  • ne plus différencier vie privée et vie professionnelle (blurring) ;
  • humeur changeante (agacement, irritabilité, hypersensibilité, tristesse, froideur, pleurs, colère, etc) ou dépressive ;
  • tension nerveuse ;
  • patience altérée ;
  • détachement émotionnel, dépersonnalisation ;
  • sensation d’être décentré(e), “être là sans être là” ;
  • sentiment de perdre son identité ;
  • boule au ventre sur le chemin du travail ;
  • crises d’angoisse, spasmophilie ;
  • anticipation et appréhension exacerbées de tout évènement professionnel ou extra-professionnel non prévu ;
  • attitude générale pessimiste ;
  • baisse de moral, tristesse ;
  • crises de larmes répétées ;
  • mutisme, difficultés d’élocution ;
  • découragement, abattement ;
  • perte de sens, tout semble « mission impossible » ;
  • déception de soi, manque d’estime de soi et d’estime pour son travail (dépréciation du travail réalisé et de ses compétences) ;
  • culpabilité de ne pas tenir le choc et de ne pas être efficace (au travail et/ou à la maison) ;
  • impression de ne faire que courir toute la journée, sans pour autant avoir la sensation d’avoir avancé ;
  • sensation d’être pris(e) dans une spirale infernale ;
  • sensation d’être pris(e) au piège ;
  • incapacité à prendre des initiatives ;
  • procrastination (remise systématique de ses actions au lendemain) ;
  • sentiment d’échec ;
  • perte des idéaux, perte de sens ;
  • perte de confiance en ses compétences ;
  • résignation ;
  • résistance pour se rendre au travail ;
  • sensation de solitude.

III. Les symptômes comportementaux du burn-out

  • horaires à rallonge (arriver plus tôt que d’habitude au travail et en repartir plus tard durant plusieurs semaines) ;
  • travail mécanique (impression de passer en « pilotage automatique ») ;
  • repas décalés ou oubliés ;
  • attitude négative, détachée, dure, disproportionnée ou cynique envers les autres (collègues, clients, patients, etc) ;
  • non-écoute des mises en garde de l’entourage et/ou du médecin ;
  • sur-contrôle, difficulté à déléguer ;
  • sensation de ne plus rien contrôler ;
  • passer d’un sujet à un autre, sans jamais terminer ou clore une discussion ;
  • indécision prononcée ;
  • repli sur soi, isolement, évitement ;
  • abandonner ses activités extra-professionnelles usuelles (sport, loisirs, etc) ;
  • annulation des rendez-vous médicaux faute de temps ;
  • diminution très nette des interactions sociales (amis, famille, etc) ;
  • consommation accrue de tabac, café, alcool, vitamines et/ou produits stimulants ;
  • augmentation des comportements à risque (imprudences) ;
  • diminution de la tolérance à la frustration ;
  • impulsivité démesurée, hostilité, agressivité ;
  • jalousie ou cynisme envers les personnes ayant, selon vous, une vie plus “cool” ;
  • diminution de l’empathie (les problèmes des autres touchent moins), déshumanisation ;
  • paranoïa, agitation vaine ;
  • entourage impuissant ou non écouté ;
  • pensées suicidaires.

Nous vous rappelons que la 1ère des choses à faire si vous ressentez plusieurs de ces symptômes est de consulter votre médecin traitant.

Reconnaître le burn-out lorsqu’il est là ou lorsque vous le sentez arriver est essentiel pour prendre les mesures nécessaires, ne pas rester isolé face à ce mal-être et pouvoir demander de l’aide. Si vous vous sentez concernés par le sujet, n’hésitez pas à rejoindre le groupe privé Facebook Burn-out, parlons-en.

Pour en savoir plus sur le burn-out : Marina Bourgeois, Burn-Out. Le (me) comprendre & en sortir, 2018.

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