Burn-out : un matin je me suis retrouvée complètement bloquée
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Claire, membre de notre groupe Facebook Burn-out : parlons-en ! a accepté de raconter son burn-out à nos lecteurs.
Pour toi, qu’est-ce que le burn-out ? Comment le définirais-tu ? C’est un épuisement total des ressources : physiques, mentales, émotionnelles.
C’est vraiment comme ça que je l’ai ressenti : incapable de réfléchir, de prendre des décisions, de réagir « normalement » aux événements de la vie quotidienne et aux petits tracas, et physiquement extrêmement diminuée …
Avec le recul, je définirais ça comme le plus beau cadeau que notre corps peut
nous faire : c’est un gros avertissement que notre vie ne nous convient pas et la pause forcée que le burnout impose permet de se poser les bonnes questions et de se rapprocher de la vie qui nous ressemble vraiment.
A quel âge t’est-ce arrivé ? L’année de mes 35 ans !
L’as-tu senti arriver ? Des signes annonciateurs ? Je me sentais fatiguée et irritable depuis un moment, mais je mettais ça sur le compte de la charge de travail et des réveils nocturnes de mon fils… Je pensais vraiment être « juste un peu fatiguée »… Avec le recul, je pense que ce burnout n’était pas le premier et que j’ai déjà eu des périodes de burnout, sans arriver au point de rupture physique. Pour ce dernier burnout cela faisait une grosse année que j’étais émotionnellement fragile, que je ne trouvais plus de satisfaction dans le travail.
Comment s’est-il manifesté ? Un matin avant de partir pour un énième déplacement professionnel, je me suis retrouvée complètement bloquée devant ma valise vide. Je n’arrêtais pas de me dire qu’il fallait faire cette valise mais mon cerveau ne « marchait » plus, je n’arrivais pas à réfléchir à quoi mettre dans la valise, et je suis restée figée sans parvenir à bouger pendant plusieurs minutes. J’ai eu très peur, je me suis dit que j’étais en train de faire un AVC ou quelque chose du genre… Je me suis sentie complètement vidée, comme si mon corps n’était plus qu’une enveloppe et qu’il n’y avait rien à l’intérieur.
Avant ce jour-là qui m’a décidée à consulter mon médecin (qui m’a arrêtée tout de suite et a diagnostiqué le burnout immédiatement), je me rends compte que j’avais une ribambelle de symptômes physiques depuis plus d’un an : infections urinaires à répétition, migraines quasi hebdomadaires, maux de dos réguliers, insomnies, eczema, mycoses à répétition (je n’ai plus AUCUN de ces symptômes à ce jour, preuve pour moi qu’ils étaient bien liés à mon burnout…) A cela s’ajoutaient des symptômes d’ordre psychologique : anxiété généralisée, irritabilité, crises d’angoisse…
Où en es-tu aujourd’hui ? Je suis toujours en arrêt maladie (cela fait dix mois maintenant), j’ai obtenu l’autorisation de la CPAM pour suivre une formation de reconversion tout en étant en arrêt. J’ai donc entamé ma reconversion pour devenir coach professionnel et travailler à mon compte par la suite. Je n’ai plus aucun symptôme physique lié au burnout, mais je continue à être suivie par mon psychiatre pour consolider la sortie du trouble dépressif. Même si j’ai parcouru un chemin énorme depuis dix mois, je me considère cependant encore fragile car je travaille encore sur certains traits de
personnalité et schémas de fonctionnement (perfectionnisme, exigence envers moi-même) qui restent des facteurs de risque pour le burnout.
J’ai compris ce qui me desservait, j’ai compris quelles étaient les valeurs
auxquelles j’étais attachée, j’ai appris à me mettre au centre de mes décisions, il me reste encore à concrétiser tous ces apprentissages au quotidien. Je touche au but !
Cet épisode a-t-il changé ta perception du travail ? Complètement. Le travail avait jusqu’à mon burnout une place essentielle dans ma vie, et j’y consacrais absolument toute mon énergie, au détriment de toutes mes autres sphères de vie. Aujourd’hui je considère que le travail doit lui aussi alimenter mon énergie, notamment en répondant à mes valeurs profondes.
Pour t’en sortir, quelles béquilles as-tu utilisé ? J’ai eu énormément de chance : j’ai eu l’intuition de consulter mon médecin dès la première grosse alerte, avant un effondrement physique vraiment total, et mon médecin a tout de suite compris de quoi il s’agissait, a tout de suite prononcé le
mot burnout, et m’a clairement expliqué que la guérison serait longue.
Passés les deux premières semaines où concrètement je n’ai fait que dormir, j’ai cumulé les approches pour m’occuper autant de mon corps que de ma tête, et me faire du bien : psychothérapie, naturopathie, ostéopathie, shiatsu, hypnose… Et j’ai essayé de maintenir une activité physique : danse, yoga…
Je me suis rapprochée d’une association locale qui propose des groupes de
parole pour les femmes en burnout, et cette communauté m’a été d’un grand
soutien. J’ai aussi pu compter sur le soutien indéfectible de mon conjoint qui a toujours fait preuve de compréhension et de curiosité. Il m’a fait confiance sur ma capacité à rebondir et a très vite compris que cela prendrait du temps. Comme tous les proches pour qui la compréhension du burnout est difficile, il a évidemment commis quelques maladresses, mais il a toujours été extrêmement bienveillant et ouvert.
Crains-tu de reprendre le boulot ? Oui et non. Non parce que j’ai trouvé une voie qui fait vraiment sens pour moi et qui me donne beaucoup de plaisir et d’énergie. Oui parce que je sens malgré tout que je me fatigue rapidement dès que j’ai une journée « complète », donc je sais qu’il sera vital au moment de la reprise totale de mettre en place des sas de décompression et de prise de recul pour prendre le temps de m’écouter et de me reposer. Je dois me méfier de mon enthousiasme et le canaliser !
Si tu devais comparer le burn-out à un animal, quel serait-il ? Si le burnout était un animal, je dirais un papillon… La larve et la chenille sont
moches au départ, le passage dans la chrysalide est très inconfortable mais
marque la transformation du papillon, qui doit lutter beaucoup pour ouvrir la
chrysalide… Mais quelle beauté une fois ce passage terminé !
Merci beaucoup pour ton témoignage ! Merci pour ces actions d’information, de sensibilisation et de partage !
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Marina Bourgeois, Directrice d’Oser Rêver Sa Carrière