De la fatigue au burn-out

Marina Bourgeois
Oser Rêver Sa Carrière
3 min readJun 11, 2019

A titre liminaire, rappelons que nous passons un bon tiers de notre vie à dormir. Cela paraît considérable (“nous avons donc tout le temps de nous reposer” diront certains). Certes, mais il est important de préciser que nous passons, pour une très grande majorité d’entre nous, un tiers de notre vie d’adulte à travailler (Léonard Anthony & Adrien Chaboche). Or, les exigences de performances, le stress et la rapidité inhérents à cette quête de performance, l’ennui au travail, le surmenage ou encore le harcèlement (sous toutes ses formes) sont des causes de fatigue dont la liste est infinie. Le hic, c’est qu’elles nous éloignent de la satisfaction que chacun devrait ressentir dans son propre travail. Sorte de bactéries nuisibles, voire toxiques, on aimerait largement s’en passer ! Mais la société d’aujourd’hui ne fonctionne pas comme ça. Accepter qu’un tiers de notre vie puisse être lié à une souffrance contaminant le peu de temps qu’il nous reste est assez alarmant…

Heureusement, cela ne signifie guère que tous les employés mécontents vivront un burn-out une fois dans leur vie. Bien souvent, s’ils vont consulter leur médecin pour une “simple fatigue”, un long chemin les séparera du burn-out, ce véritable incendie qui nous ravage de l’intérieur, nous consumme jusqu’à la moëlle et nous laisse totalement k.o…vidé.

Cet état n’arrive évidemment pas d’un seul coup. Mais il est possible que la fatigue latente pointe le bout de son nez par répétition dans le temps, par des maux distincts de la fatigue elle-même (irritabilité, cynisme, désengagement ou hyperinvestissement au travail). Mais que se passe-t-il lorsque la souffrance se prolonge ? “Insidieusement, on commence à perdre son énergie, sa motivation. Les tâches habituelles pèsent de plus en plus lourd, semblent de plus en plus difficiles, on se sent moins productifs. On a l’impression de ne plus être au niveau. Les autres paraissent bien plus compétents, certains commencent même à nous agacer (op. cit.). Et tout cela nous fatigue tant, que le reste de notre vie en est affecté. On s’isole, au travail comme ailleurs, on saute des repas, on s’use à remplir des objectifs inatteignables). On se dit qu’un peu de repos ferait du bien. Des vacances prolongées mais rien n’y fait : la batterie d’énergie est vide. H-S. On est en pleine mauvaise fatigue se transformant en syndrome d’épuisement professionnel. Alors faire quelques séances de yoga ou de pleine conscience au bureau..pourquoi pas…cela ne fait jamais de mal. Mais n’oublions pas les paroles de Marie-laure Delorme : “L’homme sollicité de tous les côtés prend le risque de ne plus se retirer en lui-même”. Là, exactement là est le risque de passer de la bonne fatigue, stimulante, motrice à son côté plus obscur : l’anéantissement de ce que l’on est et de ce que l’on aime (faire ou être). Tel que le disait François Mittérand, “le tout-économie tend à faire de la vie l’annexe du travail.” Renverser la tendance permettrait à bien des femmes et des hommes de ne pas se cramer en allant jusqu’au bout du bout. Autrement, il faut cultiver son jardin. “Non pas avec l’idée première d’améliorer la société civile ou son entreprise, ce n’est pas toujours possible, mais plutôtde ranimer le coeur même de ce qui nous tient en mouvement, de raviver toute la vitalité qui nous relie au monde et qui s’estompe à force d’être abîmée. Car c’est souvent par là que tout commence. Dès que l’on retrouve sa place dans son monde, ses sources de plaisirs, ce qui nous a motivés longtemps et qu’on a perdu un temps, peut naître une possibilité de changement. En ce sens, la fatigue peut être salutaire puisqu’elle permet de faire un pas de côté et de répondre à la question primordiale suivante : qu’est-ce que je veux faire, vraiment ?

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