De l’agrochimie à l’entrepreneuriat

Marina Bourgeois
Oser Rêver Sa Carrière
8 min readJan 2, 2020

Nilay, quel âge avez-vous ?

Presque 40 ans.

Que faisiez-vous exactement dans votre « vie d’avant » ?

Oh, c’est une longue histoire ! En fait, à la base, j’ai un diplôme d’ingénieur chimiste, j’ai travaillé durant 10 ans dans le secteur de l’agrochimie et de la
chimie fine. Dans mon dernier boulot, je supervisais une équipe de laborantins. J’aimais cette fonction managériale mais l’environnement dans lequel je travaillais était très dur, le métier était exigeant, et en 2014, ce qui devait arriver arriva, j’ai fait un burnout avec paralysie physique : je me suis retrouvée coincée dans ma chaise de bureau. Il m’a fallu un long moment avant de reprendre le boulot. J’ai alors entrepris une première reconversion en 2015, j’ai suivi une formation pour me diriger dans des fonctions plus transversales . Cela m’a permis de changer de secteur et j’ai atterri dans le domaine des transports publics de la ville de Bruxelles en 2016. Mais comme il y a eu une « première rupture » il y a 5 ans avec mon burnout, je ne portais plus le même regard sur le monde des entreprises. Très rapidement, je me suis rendue compte que ce job bien pépère ne me correspondait pas, j’ai alors commencé à avoir des envies de création et d’entreprenariat. J’ai alors créé un blog personnel sur l’entrepreneuriat féminin et la reconversion professionnelle. Sans que je m’y attende, je me suis intéressée aux nouveaux métiers du web et notamment au copywriting. Environ 1 an plus tard, un organisme de formation découvrait mon blog et m’a demandé si je ne
voulais pas travailler en copywriter freelance pour eux. Je n’ai pas hésité une
seconde ! J’ai quitté un job de salarié bien confortable qui se transformait de plus en plus en « bullshitjob », j’avais déjà vécu un bunt-out et je ne voulais pas finir avec un bore-out ; ça aurait été le comble !

Aujourd’hui, en quoi consiste votre nouveau métier ?
Je suis copywriter freelance/ créatrice de contenus rédactionnels ; j’aide les
organisations, les femmes entrepreneures à augmenter leur visibilité sur la toile. En gros, mon travail consiste à écrire des articles de blog, des pages web, des newsletters, de créer un calendrier éditorial ou encore de créer et animer des posts sur les réseaux sociaux. A côté de cela, je suis aussi l’auteure du blog Elles ont osé entreprendre ! Un blog consacré à l’entrepreneuriat et la reconversion professionnelle axé sur les femmes ! Je crée du contenu sur ces thématiques en interviewant , entre autre, des femmes qui se sont lancées en tant qu’entrepreneures ou qui se sont reconverties.

Ton blog est donc orienté pour les femmes, tu nous en touches un mot ?
J’ai été interpellée lorsque j’ai appris que les femmes représentaient moins de
30% des entrepreneurs belges et je remarque, que nous les femmes, nous
sommes moins confiantes pour nous lancer, nous pensons qu’être entrepreneure ou repenser nos carrières est compliqué. Le but du blog est de créer une communauté de femmes qui sont entrepreneurs, salariées qui ont repensé leur carrière et qui sont prêtes à aider des femmes qui n’osent pas en leur donnant des conseils pratico-pratiques via leurs interviews.
Le second but du blog, qui découle du premier, est de devenir un média de
référence pour toutes ces femmes qui se sentent coincées professionnellement
ou qui n’osent pas aller au bout de leur envie en leur donnant du courage et en
leur prouvant que c’est possible !

Comment est née l’idée de ce changement ?

Grâce à un accompagnement professionnel. Depuis mon burnout en 2014,
j’étais tiraillée entre : continuer une carrière classique d’ingénieur ou choisir la voie qui me correspond le mieux. L’accompagnement m’a libérée de ce nœud !

Pouvez-vous expliquer aux lecteurs d’Oser Rêver Sa Carrière comment
avez- vous pu passer de l’idée à la concrétisation ?

Ma coach a utilisé des outils intuitifs, et là ça a été une véritable révélation, je
me suis retrouvée, j’ai retrouvé mon premier amour qu’est l’écriture. J’ai écrit un premier article sur LinkedIn, cette expérience m’a plu, j’étais sur le point de publier un second article lorsque je me suis dit « pourquoi je ne créerais pas ma propre plateforme ? » Après cela, tout s’est enchainé très vite. Moi qui suis très lente dans la prise de décisions et ne suis pas geek pour un sou, ( je n’avais
même pas de profil Facebook !), je me suis lancée dans la création du blog
(pourtant je n’y connaissais rien à la technique !).

Avez-vous dû lever des barrières psychologiques pour vous reconvertir

Et comment ! Ouvrir son esprit à d’autres possibilités ne se fait pas du jour au
lendemain. J’ai vraiment eu du mal à lâcher cette formation et ce passé
prestigieux d’ingénieur. Je suis la première à dire que nos carrières ne sont pas
linéaires mais me concernant, l’accompagnement m’a fait remarquer que j’avais une définition classique de la réussite professionnelle, pourquoi je tenais énormément à me réaliser via le travail. D’où l’importance de se faire
accompagner, un bon coach vous aide à faire le point.

On parle souvent de « montagnes russes émotionnelles » en matière de
reconversion, qu’en pensez-vous ?

Je suis d’accord à 1000%, un jour on se sent super confiante, un autre jour,
il suffit qu’une personne ne soit pas enthousiaste à votre projet et vous voilà
démontée ! De plus, quand on décide de changer de métier, on ne s’estime pas
forcément légitime dès le début : bonjour alors le fameux syndrome de
l’imposteur ! Il faut être préparé à cela : une reconversion est comme une
odyssée en plein océan, parfois la mer est calme et vous naviguez en pleine
confiance, à d’autres moments, elle est plus agitée !

Quel rôle a joué votre entourage dans ce changement de cap ?

Au départ, leurs réactions ont été assez mitigées en fait. Certains
comprenaient ma démarche et me trouvaient courageuse. D’autres étaient plus dubitatifs. Tous ces nouveaux métiers liés à internet sont des nouveaux métiers et finalement méconnus du grand public. De plus, mon entourage avait également beaucoup de craintes par rapport à mon envie de me lancer à mon compte, si je m’en sortirais financièrement etc…….Mais comme je suis confiante en mes projets, mon entourage est moins stressé par ma situation. En fait, j’ai réussi à les rassurer ;-).

Des obstacles particuliers ?

Le regard des autres qui vous renvoient leurs propres peurs. Et puis, certains
pensent qu’une reconversion est un luxe de toute femme trentenaire célibataire sans enfant. Combien de fois ne m’a-t-on pas fait comprendre « C’est normal, tu es seule, tu t’ennuies, il faut bien que tu t’occupes ». C’est exaspérant ! Non, une reconversion n’est pas seulement envisageable pour des cadres bobos sans enfant, beaucoup de femmes et d’hommes se posent des questions sur leurs carrières et veulent faire le point à certains moments clefs !

Finalement, qu’est-ce qui a été le plus dur à gérer ?

Le fait d’avoir tout appris quasi toute seule sur mon nouveau métier de
copywriter. Sur ce coup, j’ai été une véritable autodidacte. Et comme déjà
expliqué, le syndrome de l’imposteur n’est jamais loin quand on change de
métier.

A quoi ressemble votre journée « type » aujourd’hui ?

Mon début de semaine est réservé à mon travail de copywriter freelance.
Et à partir de jeudi, je consacre mon temps à mes projets personnels
d’écriture et de blog.

Estimez-vous avoir « trouvé votre voie » ?

C’est une bonne question. Je dirais plutôt qu’entreprendre une reconversion m’a permis de mieux me connaître aussi bien sur le plan professionnel que
personnel. Cela me permet aussi de mieux saisir les opportunités qui me
conviennent. Aujourd’hui, je m’épanouis avec l’écriture et le copywriting mais je sais que mon cheminement est loin d’être terminé. Je ne veux pas me mettre d’œillères stupidement et me sentir « bloquée » dans une unique voie. Je suis beaucoup plus ouverte en fait.

Comment voyez-vous votre avenir professionnel ?

Je suis beaucoup plus sereine, moins anxieuse par rapport à cela. Je ne veux
pas me mettre de pression par rapport à cela, je veux me laisser aller dans cette aventure avec comme points d’appui le blog et l’écriture. Je rêve de développer davantage le blog Elles ont osé entreprendre ! en un média ou webzine de référence. Peut-être vais-je monter un dossier de presse et l’envoyer à des journaux ou magazines pour être chroniqueuse freelance ? Qui sait ? A côté de cela, j’achève un projet d’écriture en auto-édition« T’as un bug ? Appuie sur reset » qui j’espère sortira pour 2020.
Il s’agit de ma propre histoire sur mon burnout et ma reconversion
professionnelle. Il y 5 ans, je me suis retrouvée en épuisement professionnel, je pensais vraiment que ma carrière était terminée. J’aimerais que mon témoignage redonne espoir à toutes les personnes qui se sentent coincées dans une situation professionnelle.

Si c’était à refaire ?

J’aurais entrepris un travail avec un accompagnement plus tôt, dès mon
burnout. Mais bon, ma première reconversion m’a également appris des choses !

Etre entrepreneure, est-ce simple pour vous ?

Pour être honnête, c’est loin d’être simple mais pas impossible. Cela demande
beaucoup d’investissement de soi, il faut savoir sortir de sa zone de confort.
Mettre la main sur ce qu’on ne connait pas. Les retombées ne sont pas forcément immédiates mais il faut avoir foi en son projet. Pour entreprendre, il faut un mental solide ! (j’apprends à l’être).

Quelles sont, selon vous, les principales difficultés de la vie d’un entrepreneur ?

La solitude, il faut savoir s’entourer, se constituer un réseau, cela ne se fait
pas du jour au lendemain. Il faut également développer d’autres compétences
que son « core business » : comptabilité, marketing, savoir se positionner en tant que freelance, prospecter etc….………Et enfin, les infos, aides sur
l’entrepreneuriat sont dispersées. C’est chronophage de récolter toutes ces
informations. Le statut de micro-entrepreneur n’existe pas en Belgique, par
contre, on peut créer son activité via des « couveuses d’entreprises », ou coopératives d’activités. Il faut donc prendre le temps de chercher la meilleure
solution qui corresponde à sa situation.

Les plus grandes joies ?

Le fait de savoir que tout est dans nos mains, de voir son projet grandir jour
après jour, c’est grisant, on a un certain sentiment de fierté. Je pense qu’il ne faut pas entreprendre pour dire d’entreprendre ! et la cerise sur le gâteau, lorsque mon client me dit que je l’aide à rajouter de la valeur dans son business ou que des lectrices du blog me contactent et m’encouragent, mon travail prend alors tout son sens !

Merci pour cette interview !
Merci à toi Marina.

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