Reconversion : quand et comment en parler à l’entourage ?
Nous vous parlions récemment de l’insupportable question “t’en es où ?” souvent posée par les proches lorsque l’on décide de se changer de v(o)ie. L’entourage ne s’en rend pas forcément compte mais cette question peut s’avérer ultra pressurisante et culpabilisante, surtout en début de processus lorsque l’on ne sait pas du tout ce vers quoi on va se diriger. Un petit peu comme lorsque l’on est célibataire ou sans enfant et que l’on se voit demander à chaque repas de famille “Alors, les amours ?” ou “C’est pour quand le bébé ?”… Il est en effet des situations dans lesquelles on souhaiterait se ruer vers son interlocuteur et lui dire “ta g…..” ou se cacher sous la table et disparaître à jamais ;-).
Pour s’éviter le syndrome de Bridget Jones, autrement dit la culpabilité de ne pas être “dans les clous”/dans la norme comme (soit-disant) tout le monde, mieux vaut être prévenu (1 reconverti prévenu en vaut 10…) : vous allez devoir face à tout un tas de questions pénibles auxquelles vous ne parviendrez pas toujours à répondre. Pire, vous aurez sans doute envie à certains moments d’envoyer balader vos parents, vos ami.e.s et la voisine de palier. Voilà, c’est dit. Vous ne pourrez pas dire que l’on ne vous a pas prévenu ;-).
Mais nous n’allons pas vous laisser seul.e face à ce drame du reconverti en devenir ! Ce n’est pas notre genre ;-). Voici donc quelques conseils de bon sens et d’expérience pour ne pas vous laisser pourrir par les peurs, les maladresses et les injonctions des autres.
Comment s’alléger la charge (mentale) inhérente aux autres et au fameux “alors, t’en es où ?” ? Autrement dit, comment et quand parler de son projet de transition aux proches ?
- Faire “l’audit” de son entourage
A l’évidence, tout dépend de votre entourage et de son degré d’ouverture quant au changement. Vous rencontrerez parmi vos proches (parents, conjoint.e, frères/soeurs, ami.e.s, collègues…) des réactions très différentes : certains seront enthousiastes pour vous, d’autres seront dubitatifs. Lorsque l’entourage est bienveillant et de nature optimiste, cela peut être un vrai moteur. Appuyez-vous sur ces personnes ! Si en revanche vos proches sont plutôt frileux de nature, n’attendez pas d’eux qu’ils changent. N’exigez pas d’eux ce qu’ils ne peuvent pas vous apporter dans cette période particulière que vous vivez. Si vous, vous êtes en train de changer, ce n’est pas leur cas. Vous êtes dans une asymétrie de situation. Ce n’est pas parce que vous avez décider de faire bouger les lignes de votre vie qu’il faut attendre d’eux qu’ils changent celles de leur esprit. Il est essentiel d’avoir cela bien en tête pour s’éviter tout conflit, déception ou frustration. “Auditez” votre entourage et posez vous la question suivante : qui, parmi mes proches, peut m’apporter du “plus” ? Qui est moteur et positif ? Qui ne me jugera pas ? Et, à l’inverse, demandez-vous quelles sont les personnes vis-à-vis desquelles vous ressentez un inconfort ? Quelles sont celles qui ont tendance à être envieuses ou négatives (ouvrez la chasse aux “démotivateurs” !) ? Qui risque de vous saper le moral et de vous démontrer par A + B que votre projet ne tient pas la route (“tu es sûr ?”, “et si ça ne marche pas ?”, “Et si tu ne valides pas ta formation, tu fais quoi ?”…) ? Autrement dit, quelles sont les personnes “ressources” pour vous en ce moment et quelles sont les personnes à éviter ?
- Savoir se protéger
Eloignez-vous, même provisoirement, des personnes qui ne vous font pas du bien : les jaloux, les toxiques, les toujours déprimés, etc. Votre processus vous prend de l’énergie et du temps. Pas question d’alourdir la mule. Exit les bad vibes. Vous avez besoin d’ondes positives, de vitamines mentales et de personnes vous tirant vers le haut dans cette période de transition. Ne perdez pas de temps à convaincre les réticents, les dubitatifs ou les mauvaises langues. Affranchissez-vous du poids des autres. Vous n’avez pas à rendre de compte à qui que ce soit, à part à vous-même. Etre dans une posture systématique de justification n’est ni normal, ni souhaitable. Evitez donc toutes les situations s’apparentant à un tribunal !
- Ne faites pas vôtres les peurs des autres
Par votre processus de changement, vous pouvez renvoyer à l’autre, par effet de miroir, ce qu’il n’est pas, ce qu’il ne peut pas être pour le moment ou ce qu’il ne se donne pas les moyens d’être. Autrement dit et par “effet miroir”, votre action peut lui renvoyer son inaction. Votre quête de changement lui renvoyer son immobilisme. Votre courage et votre audace lui renvoyer sa frilosité et votre bonheur lui renvoyer son insatisfaction, voire son aigreur. Place alors à la relation toxique dans laquelle le (ou la) proche concerné(e) trouvera tous les arguments du monde pour vous faire renoncer à votre projet (“c’est quand même risqué avec la crise”, “ce n’est pas le bon moment pour monter une boîte”…), se montrera excessivement sceptique ou se plaindra de votre manque de disponibilité durant cette période charnière de votre vie. En dehors des situations d’épuisement au travail ou de harcèlement, votre entourage ne peut pas comprendre que même si vous avez a priori un bon job sur le papier, vous n’en pouvez plus et avez besoin de renouveau. Les autres ne se rendent pas compte qu’un “confort inconfortable” est usant et que se sentir piégé.e dans une cage dorée vous fait perdre de votre sève vitale.
- Savoir s’entourer
Se créer un entourage propice et boostant est important. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’un tri naturel de l’entourage se fasse lors d’une reconversion. On se tourne en effet bien souvent, dans ce moment de vie, vers des personnes dites “ressources” qui sauront nous écouter sans nous juger, nous conseiller, nous partager leurs expériences et nous challenger positivement. Entourez -vous de personnes qui sont “passées par là” et qui auront l’écoute, l’empathie et la compréhension de vos états d’âme du moment, le tout sans jugement. Et qui comprendront que les choses, en pareil moment, ne peuvent pas être claires. Que le flou est inhérent à cette période de vie (ce que l’entourage ne comprend pas, il exige parfois que les choses soient “carrées”, ce qui est impossible à ce stade !). Essayez de rencontrer des personnes qui ont un projet similaire au vôtre. Il existe aujourd’hui pléthore de possibilités : les groupes en ligne dédiés à la reconversion, les workshops, les salons et conférences, les ateliers de transition de carrière et/ou de développement personnel, etc. Bref, entourez-vous de “pair.e.s”. De personnes qui partagent vos questionnements, qui comprendront vos doutes, vos peurs et vos blocages. Vous parlerez le même langage. Cela fait un bien fou dans ces moments où l’on peut se sentir bien seul.e. Votre cercle social va naturellement évoluer dans les prochaines semaines/mois et c’est tant mieux !
- Savoir retenir l’information
Au besoin, n’hésitez pas à vous protéger par la rétention d’informations. Il ne s’agit pas de mentir à vos proches mais de vous protéger en limitant les informations transmises. Faites une balance : vais-je retirer plus de bénéfices à expliquer mon cheminement que d’inconvénients ? Si oui, alors parlez. Partagez vos avancées. Si non, taisez-vous et attendez le bon moment. Savoir ériger un rempart avec les autres et se créer une carapace peut être parfois salvateur. Et vous n’avez pas à culpabiliser : rien ne vous oblige à tout expliciter. Votre vie et votre avenir vous appartiennent. Faites la tortue !
- Soyez pédagogue et partagez en sensibilisant graduellement vos proches
Si vous sentez que votre entourage est ouvert et qu’il pourrait être rassuré par vos mots, alors embarquez les dans l’aventure ! Partagez leur vos réflexions, vos avancées, vos bonnes rencontres, vos découvertes, vos résultats, etc. Par le partage, vous leur permettez de se faire à l’idée de votre futur changement en même temps que celle-ci s’imprègne en vous. L’idée est de progresser avec eux dans votre démarche. Ils intègreront les choses au fil de l’eau, en douceur. Cela vaut évidemment mieux qu’une annonce brutale le 25 décembre entre le fromage et le dessert. N’hésitez pas non plus à créer des temps d’échange dédiés au sujet avec celles ou ceux qui sont directement impacté.es par votre projet. Un café, un appel ou resto’ seront plus opportuns qu’une discussion entre la douche et le repas des enfants. Autant s’éviter d’inutiles moments d’énervement ou de tension !
Il peut également être utile de les rassurer en leur montrant que d’autres sont passés par là et que vous n’êtes pas un cas isolé. Parlez leur de parcours inspirants, de personnes qui ont réussi à faire le grand saut, envoyez leur de temps en temps une lecture ou un podcast qui a résonné en vous. Ils comprendront d’autant mieux ce que vous vivez et verront qu’il est tout à fait possible de changer de voie. Rassurez-les en leur montrant que vous n’êtes pas seul.e dans la barque : si vous vous faites accompagner par un coach ou un professionnel de la transition de carrière, parlez leur de cette personne, montrez leur des photos ou des interviews de cette personne. Là encore, ils seront rassurés de vous savoir “entre de bonnes mains”. Il est même parfois possible de faire se rencontrer votre accompagnant.e et vos proches afin d’avoir un échange informel et rassurant peux eux.
Sans aller jusqu’à l’évangélisation, les sensibiliser à vos préoccupations du moment n’est jamais vain. Au contraire, vous co-construisez avec eux votre avenir. Ils ne se sentiront ni exclus ni délaissés. Vous mettez ainsi toutes les chances de votre côté pour que tout se passe au mieux.
- Verbalisez vos besoins
Votre mari, votre épouse, vos parents ou vos enfants ne sont pas dans votre tête. Ils n’ont aucune idée, même s’ils vous connaissent bien, de vos besoins actuels. Il faut les éclairer et savoir appeler un chat, un chat. Mettez des mots sur ce dont vous avez besoin. S’il vous faut du calme en ce moment pour réfléchir, dites leur. Si en revanche vous ressentez le besoin d’avoir leur avis et leur regard sur votre projet, dites le leur également. Ils n’ont pas à deviner ce qui se passe dans votre tête. C’est un rôle trop lourd à porter et personne n’en a la faculté ! Expliquez leur en quoi cette période est importante ou délicate pour vous. Expliquez leur ce que vous attendez de ce moment d’introspection, de ce temps que vous prenez pour réfléchir à vos envies, des objectifs que vous vous fixez, etc. Si vous n’avez pas le moral, mettez des mots sur les maux et parlez. N’hésitez pas non plus à leur dire ce que vous attendez d’eux dans cette période “écoute, en ce moment, j’ai juste besoin de soutien. De temps pour moi pour avancer, etc”. Ils pourront ainsi mieux vous comprendre et opter pour la bonne posture à votre égard.
- Acceptez la critique constructive
Les proches peuvent être d’une grande aide dans ce moment de flou artistique : ils vous connaissent bien et peuvent vous challenger à chaque étape du processus. Saisissez cette chance. Ils peuvent jouer le rôle “d’avocat du diable” et vous poussez dans vos retranchements. Sous réserve que cela soit fait en toute bienveillance, accueillez l’opportunité : cela vous permettra de questionner vos croyances, vos peurs et vos résultats.
- Restez maître à bord
Ne vous laissez pas décourager par les pessimistes ou la litanie des arguments de celles et ceux n’ayant pas vécu la reconversion. Ils ne savent pas. Ils ne peuvent pas comprendre l’importance que représente ce virage de vie pour vous. Ce n’est ni de leur faute ni de la vôtre. C’est comme ça. Il faut en faire un constat plutôt qu’une source d’aigreur ou d’amertume. La décision finale vous appartient. C’est votre vie, vous n’en avez qu’une. Donnez vous le droit de la dessiner comme bon vous semble.
Pour résumer, aidez-vous en choisissant le bon moment pour échanger avec vos proches, ne dévoilez pas tout si vous sentez que cela vous pèsera plus que cela ne vous aidera et rappelez vous que les autres vous veulent (généralement) du bien. Dans quelques semaines ou mois, ils vous verront heureux.se dans votre nouvelle v(o)ie et tant pis pour les mauvaises langues, elles ne méritent pas votre temps !
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Marina Bourgeois, Dirigeante d’Oser Rêver Sa Carrière