Reprendre son travail après un épuisement
--
Retourner au travail lorsque l’on a été arrêté pour épuisement professionnel ou que l’on a quitté son job suite à un burn-out est extrêmement compliqué. Tout d’abord parce que l’on ne sait jamais exactement quand reprendre. Suis-je prêt(e) ? Est-ce le bon moment ? Comment savoir si je suis suffisamment en forme pour “tenir” ne serait-ce qu’une semaine, voire une journée ? Comment savoir si ce n’est pas “trop tôt” ? … autant de questions plus que légitimes après un arrêt de longue durée pour épuisement.
Passé le cap de l’acceptation du principe même de l’arrêt puis celui de l’acceptation des montagnes russes inhérentes à l’absence d’activité durant plusieurs semaines/mois, arrive en effet la question fatidique : quand reprendre ?
Parfois, il n’y pas le choix : les indemnités perçues durant l’arrêt, en fonction de l’entreprise dans laquelle on travaille, de son assise personnelle financière etc, ne laissent hélas aucune place à un tel questionnement. Il faut reprendre. Lorsqu’il est en revanche possible de plus ou moins décider du moment de sa reprise, il est essentiel de se poser les bonnes questions et, surtout, de préparer sa reprise ! D’anticiper.
On ne revient pas d’un arrêt longue durée sur un claquement de doigts, comme si rien ne s’était passé. Le plus gros danger est en effet de reprendre “comme avant”. Nous en parlions il y a peu de temps pour Les Echos. Le risque d’être à nouveau confronté aux mêmes problématiques et de repartir “comme en 40” est trop élevé.
Objectif ? Revenir dans de bonnes conditions en s’évitant tout risque de rechute. Un vrai travail de fond doit impérativement avoir lieu afin de comprendre les causes de son épuisement, qu’elles soient exogènes (liées à l’organisation) ou endogènes (liées à soi). S’il est évidemment difficile d’agir sur les premières (sauf, bien sûr à changer de poste, d’entreprise voire de métier), il est possible d’agir sur les secondes en interrogeant son rapport au travail et en déterminant sa part de responsabilité dans la situation ayant conduit à l’épuisement. C’est ce que nous appelons, dans notre jargon, “la part imputable”. Il est en effet souvent utile de revoir son rapport au travail (et, plus largement, la place occupée par la valeur “travail” dans sa vie) afin de modifier ce qui doit l’être et de rééduquer son comportement afin de ne plus mettre ses oeufs dans le même panier et de ne plus s’oublier. Ces questions de fond peuvent être travaillées avec l’aide d’un professionnel de santé (psychologue, psychiatre, etc) ou via un programme d’accompagnement dédié à la reconstruction post burn-out, tel le programme Kintsugi. Il s’agit de ré-envisager sa future vie, professionnelle comme personnelle, sous l’angle de l’équilibre en ré-investissant l’ensemble des pans de sa vie.
Plus concrètement, il est également particulièrement utile de procéder par étape et de commencer à appréhender son retour au travail à dose homéopathique. Voici quelques petites conseils en ce sens :
- s’essayer au bénévolat pour tester ses capacités, évaluer son degré de résistance et surtout reprendre confiance en ses capacités et compétences ;
- faire un bilan de compétences ou un bilan de carrière afin de faire le point et de s’assurer, afin de ne pas prendre de décision trop hâtive, que l’on est au bon endroit et qu’il est pertinent de continuer dans la même voie (il peut parfois être utile de changer de poste, de secteur ou de métier après un épuisement, auquel cas il est opportun de consulter un avocat afin de préparer sa stratégie de sortie. Il peut également être utile de négocier un plan de pré-retraite si celle-ci approche et si cela s’avère être une issue de sortie avantageuse) ;
- en cas de reprise sur le même poste : envisager avec son médecin et les RH une reprise en douceur via un mi-temps ou un tiers-temps thérapeutique en réclamant un vrai rendez-vous de pré-reprise et en essayant de faire le point aussi souvent que possible durant les premiers mois ;
- maintenir des rendez-vous réguliers avec son médecin et/ou psychologue (ou psychiatre) et les maintenir plusieurs mois après la reprise ;
- rester conscient, en cas de changement de poste ou d’entreprise, que la période d’essai, surtout post burn-out, est, comme son nom l’indique, faite pour “essayer” et non se marier ad vitam eternam. Vous vous rendrez peut-être compte qu’il est encore trop tôt pour reprendre ou que certaines choses doivent être ajustées : home office, modulation des horaires de travail, extraction de l’entreprise sur la pause déjeuner, etc.
Rassurez-vous, la plupart des reprises, lorsqu’elles sont préparées, se passent bien. Il y a bel et bien un “après burn-out” ! Pour que cet “après” se passe le mieux possible, il “suffit” d’anticiper sa reprise et de mettre en place le plus de béquilles possibles le temps nécessaire…autrement dit le temps qu’il VOUS faut et qui sera évidemment différent d’un individu à un autre. VOUS remettre au coeur de VOTRE vie demeure la clé principale…
Vous ❤ cet article ? N’hésitez pas à le partager !
Pour aller plus loin : Marina Bourgeois, Burn-out : le (me) comprendre & en sortir.