Les dessous d’un summit Ouishare

Alexandre Bigot-Verdier
Ouishare
Published in
5 min readMay 27, 2018

Le 11e summit de Ouishare avait lieu du 17 au 20 mai 2018 sur l’île croate de Hvar.

credit photo : Fernanda Marin

Les summits sont des respirations primordiales pour la convergence et le dynamisme de Ouishare. Il sont l’occasion de rassembler le plus de connecteurs et de membres actifs possible, issus de toutes les communautés. Ils permettent de dépasser les contacts online pour intensifier les relations entre membres et renforcer le sentiment d’appartenance à un même groupe, ce qui ne va pas de soi pour des personnes aux environnements et aux parcours professionnels si différents.

Cette fois, une cinquantaine de personnes ont fait le déplacement dont une dizaine d’Amérique (Chili, Mexique et Québec). C’est à chaque fois une communauté différente qui organise, ce qui permet de mettre en valeur des gens différents et d’impulser une nouvelle dynamique aux équipes. Antonia Banovic, consultante croate freelance en marque et culture d’organisation, nous a donc fait découvrir le lieu où elle vit avec son fiancé, natif de Hvar.

C’est un moment privilégié pour mieux comprendre les projets en cours dans les autres communautés

credit photo : Fernanda Marin

Même si les projets les plus structurants de Ouishare sont documentés pour approbation sur la plateforme de décision Loomio, rien ne vaut de discuter avec les porteurs passionnés pour bien les comprendre et en mesurer l’impact. Au menu cette année :

C’est aussi un temps précieux pour se positionner collectivement sur des élément de stratégie globale

Le summit organisé à Lisbonne en 2017 avait notamment débouché sur la mise à jour des valeurs de Ouishare après un travail critique intense sur l’alignement entre celles dont nous nous prévalions à l’époque et les actions réellement portées par la communauté.

Cette année, nous sommes revenus sur la notion des communs de Ouishare et de leur gestion. Les communs sont des actifs qui entretiennent la marque mondialement et qui bénéficient à l’ensemble des communautés (site internet, actions de communication en anglais, infrastructure technique, etc). La tentation de centraliser leur gestion et de facturer l’utilisation aux communautés étant derrière nous, il faut pourtant les administrer et trouver un moyens que tous participent à leur financement en fonction de leur stade de développement.

Une occasion unique pour dynamiser les échanges interpersonnels

credit photo : Fernanda Marin

Ces moment privilégiés, en dehors du rythme professionnel habituel, permettent de prendre le temps des retrouvailles avec de vieux amis et d’écouter les évolutions de trajectoires professionnelles. Je cite ici quelques exemples de mes rencontres qui témoignent de la diversité des parcours individuels:

  • J’ai pris avec Thomas Doennebrink et Guillaume Compain le temps de mettre à jour nos connaissances sur l’écosystème #platformcoop, qui regroupe les plateformes collaboratives éthiques (article à venir)
  • J’ai retrouvé Lucia Hernandez qui travaille désormais avec Simone Cicero sur le Platform Design Toolkit et s’apprête à réaliser une étude sur les impacts de l’économie collaborative sur le tourisme en Amérique du Sud
  • J’en sais désormais plus sur le projet qu’Antonin Léonard et Edwin Mootoosamy partagent avec d’autres membres fondateurs de Ouishare, le lancement de l’agence de propagande Stroika, grâce à l’atelier qu’ils ont organisé sur la création de mythes.
  • J’ai discuté avec Albert Canigueral de la campagne de sociofinancement de son projet de documentaire Barcelona en beta
  • J’ai bénéficié d’une mise à jour du travail de Francesca Pick sur Greaterthan, l’entreprise de finance participative qui gère notamment l’outils Cobudget que Ouishare expérimente pour la gestion participative de son budget.
  • J’ai retrouvé avec plaisir Martin Werlen, avec qui j’animais jadis la communauté Ouishare québécoise et qui oeuvre désormais à Lyon, pour l’organisation d’un atelier sur la gestion de changement, notre ancien métier.

Ce summit était particulier pour Ouishare, un test réussi de maturité

La dernière année a vu des mouvements importants dans le leadership de Ouishare. D’une part, la plupart des membres fondateurs du collectif passent doucement à autre chose, un test important pour la résilience de la communauté. D’autre part, l’événement mondial emblématique de la communauté (le Ouishare Fest) n’aura pas lieu cette année, ni à Paris ni à Barcelone.

Dans le même temps, de nouveaux formats d’intervention émergent, comme le Human Network Festival. Portée par Manel Heredero, l’équipe du projet cherche à inviter d’autre organisations émergentes pour créer un événement commun, de convergence. C’est une nouvelle étape pour ces organisations, dont Ouishare fait partie, qui partagent les même ambitions mais sont souvent en concurrence dans leurs modes d’intervention.

L’ouverture de Morning OS à Bagnolet marque également un tournant pour la communauté française, la plus ancienne. En faisant de l’animation d’un lieu son activité phare, Ouishare y fait le pari d’un ancrage important dans les problématiques de la ville et incarne une volonté d’impact local. Cette stratégie tranche avec l’image historique de ouishare, chantre des plateformes collaboratives et à l’initiative d’événements internationaux.

Ces mouvements de fonds vont de paire avec l’émergence de nouvelles personnalités dans la communauté et d’une gouvernance qui continue de se structurer et d’expérimenter de nouvelles formes.

Malgré ces bouleversement, les connecteurs étaient au rendez-vous du summit de Hvar, avec la volonté de faire le point et de continuer à identifier les enthousiasmes qu’ils ont en commun et les explorer avec la richesse que la diversité culturelle leur apporte. Lieu propice d’expression des frustrations entre les communautés, aucune « crise » n’a cette fois éclaté, preuve que la communauté s’est stabilisée. Ouishare continue d’avancer connaissant ses forces sans maintenir d’illusions sur ses contradictions.

Ouishare me parait donc dans à un stade de maturité dans son rôle de « réseau de réseaux ». Des communautés différentes y collaborent, s’influençant les unes les autres. La présence en nombre de nouveaux membres et connecteurs, l’émergence de nouvelles communautés en Amérique du Sud et en Afrique du Nord sont des signes de bonne vitalité.

Comme à chaque fois, j’en reviens gonflé à bloc pour mes propres activités et avec de nouvelles compétences à travailler, ce post étant directement relié à ma participation à l’atelier « how to write on the Ouishare Medium blog » de l’ineffable BernieMitchell.

credit photo : Fernanda Marin

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