Pourquoi entend-on autant parler de futur du travail ?

Quentin Villot
OuiSpoon
Published in
5 min readApr 17, 2019

L’expression “ future of work “, littéralement en français “ futur du travail “ est devenue ces dernières années très populaire. Elle est devenue tellement importante aux yeux de tous qu’elle s’est immiscée dans le débat des primaires socialistes de 2017 sous la forme du revenu universel porté par Benoît Hamon.

Derrière l’idée d’un revenu universel, on retrouve en effet plusieurs dynamiques intrinsèquement liées au futur du travail :

  • le développement des technologies et l’ubérisation du travail, avec de plus en plus de personnes qui font le choix d’être freelance ;
  • les aspirations des salariés évoluent et ceux-ci cherchent de plus en plus à trouver du sens à leur travail, voire expriment l’envie de se consacrer à d’autres projets ;
  • le développement de l’intelligence artificielle et la robotisation menacent le travail de nombreux salariés ;
  • les métiers de chacun vont fortement évoluer sous l’influence du digital dans les prochaines décennies et il n’est pas exclu que nous ayons besoin de “retourner à l’école” pour nous y former.

Les raisons évoquées ci-dessus font partie des dynamiques qui ont consacré le futur du travail comme un sujet auquel personne ne peut échapper. Du salarié sur une chaîne de production, au directeur des ressources humaines d’un grand groupe, en passant par le manager de proximité, personne n’est épargné par les évolutions du monde du travail et c’est donc sans étonnement que le sujet du futur du travail parle au plus grand nombre.

C’est donc assez naturellement que j’ai choisi de parler de ce thème. Cependant, je n’ai pas pour prétention de vous dire de quoi sera fait ce futur, ni même de vous faire peur à coup de grand discours sur le remplacement de vos emplois par les machines. Ce que je vous propose, en revanche, c’est de jeter un coup d’oeil à deux évolutions sociétales majeures qui ont contribué à l’essor de la question du futur du travail.évolutions

Digital et évolution des métiers

Il ne fait aujourd’hui aucun doute sur le fait que l’arrivée et le développement d’internet a bouleversé notre rapport au temps et à l’accessibilité de l’information. Nous avons la possibilité d’accéder à toujours plus d’informations, toujours plus vite, qu’il s’agisse d’informations professionnelles ou non. Mais dans le même temps, nos métiers évoluent, eux aussi, toujours plus vite sous l’impulsion du digital.

D’ailleurs, plus d’une étude affirme qu’une partie non négligeable des métiers de 2030 n’existeraient pas encore aujourd’hui, une étude de l’Institute for the Future et de Dell Technologies va même jusqu’à affirmer que cette part pourrait monter à 85% ! Ce genre de statistique ne doit pas effrayer. Au contraire, elle doit faire prendre conscience aux organisations que leurs collaborateurs ont besoin d’être formés régulièrement et tout au long de leur carrière pour rester employables.

L’école ne permettrait plus de nous former à l’exercice d’un métier pour toute notre vie puisque ceux-ci évoluent plus vite que par le passé. L’entreprise aurait donc le devoir de prendre le relais sur la formation dispensée à l’école. Or aujourd’hui, il y a une disproportion énorme entre les investissements éducatifs universitaires entre 17 et 25 ans et les investissements dans l’enseignement des 35, 45 et 55 ans alors que ceux-ci se montrent de plus en plus cruciaux à la fois pour l’entreprise et pour ses salariés.

Une entreprise peut aujourd’hui posséder les bons talents pour l’exercice de son activité mais si ces talents ne bénéficient pas de formations et de mises à niveau régulières, aussi bien sur des soft skills que sur des hard skills, ladite entreprise pourrait très bien faire face à une pénurie de talents d’ici 10 ans.

Réfléchir au futur du travail, c’est donc réfléchir aux évolutions de nos métiers et aux conséquences que ces évolutions peuvent avoir sur les populations de travailleurs. En l’occurrence, le futur du travail c’est aussi le futur de la formation en entreprise pour être capable d’accompagner ses collaborateurs face aux changements.

Ce sujet touche, sans distinction, les cols blancs aussi bien que les cols bleus. Les cols blancs vont devoir apprendre à composer avec des outils de plus en plus nombreux et complexes qui les assisteront dans leurs tâches quotidiennes. Tandis que pour les cols bleus, il sera nécessaire d’être formé sur de nouveaux métiers, comme celui de superviseur de robots ou de gestionnaire d’équipes composés d’hommes et de machines. Pour vous donner un exemple concret, Cityscoot a ainsi annoncé le recrutement d’opérateurs en charge de la maintenance des scooters.

IA et robotisation

Justement, les machines, la robotisation et l’IA sont l’autre facette de la réflexion sur le futur du travail : comment envisager l’avenir de notre travail et de nos métiers avec le développement de nouvelles machines plus performantes que l’homme ?

L’utilisation de robot pour suppléer ou remplacer l’humain n’est pas véritablement nouvelle puisque l’industrie automobile y a recours depuis les années 70. A l’origine, les premiers robots conçus par l’homme l’ont été pour être envoyés dans l’espace et explorer les planètes de notre système solaires à l’heure où russes et américains se faisaient la guerre sur le terrain de la conquête spatiale. Aujourd’hui, les robots sont toujours utilisés dans l’industrie automobile et dans la recherche spatiale, mais ils sont désormais aussi utilisés dans bien d’autres domaines : médecine, logistique, maintenance, utilisation domestique, aucun domaine ne semble pouvoir y échapper.

D’ailleurs, régulièrement nous nous étonnons devant les prouesses dont sont capables certains d’entre eux et il est très possible même que vous soyez familier avec le nom de Boston Dynamics, les exploits de leurs robots faisant régulièrement le tour du monde : dernier exemple en date avec leur robot pensé pour la logistique d’un entrepôt. Certains géants ont eux-mêmes déjà massivement investi dans l’utilisation de robot pour améliorer leurs processus et leur efficacité. C’est le cas d’Alibaba qui a installé une soixantaine de robots dans un de ses entrepôts. Capables de porter jusqu’à 500kg de marchandises, ils fournissent aujourd’hui 70% du travail en s’occupant de récupérer les marchandises pour les amener au point de dépôt.

De la même manière que les robots ont eu un impact sur plusieurs industries, l’IA pourrait bouleverser nos métiers et nos habitudes de travail. A titre d’exemple, des équipes de médecins l’utilisent aujourd’hui pour les aider à diagnostiquer certains types de cancers.

Les changements qui seront provoqués par ces évolutions sont indéniables et ne pas y prêter attention serait certainement une grave erreur. C’est pourquoi le sujet du futur du travail s’intéresse aussi à notre rapport aux machines et à l’Intelligence Artificielle car ce sont des éléments avec lesquels il nous faudra composer dans le futur. Réfléchir au futur du travail, c’est donc également envisager différemment notre rapport aux machines et réfléchir à l’impact que leur utilisation croissante pourrait avoir sur les salariés d’une entreprise.

Pour répondre à la question initiale posée par cet article : si le sujet du futur du travail est devenu si central c’est parce que le digital, la robotisation et l’IA ont eux-même pris une place si importante dans notre société que nous avons le besoin, si ce n’est le devoir, de nous poser des questions sur l’avenir de nos métiers et donc de notre travail.

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Quentin Villot
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