Samedi

Philippe GUILLAUME
Outé l’Europe, Outé
4 min readDec 1, 2015

Samedi….

Lorsque Euphrosine se rend chez Nono, elle a la surprise de retrouver Babka, Piet et Lars. En cœur ils lui disent qu’ils viennent pour établir, ensemble, une conclusion. Ils pensent que la famille, avec ses cousins éparpillés à travers l’Europe, est davantage à même de donner une conclusion équilibrée.

Nono se propose de conclure.

Et Babka écoute

Et Piet écoute

Et Lars écoute

Et Nono parle.

En conclusion, il salue le courage politique récent des acteurs européens qui ont fait progresser l’esprit européen grâce à la crise financière et économique. Le caractère interdépendant des économies européennes a été mis au grand jour sans que cela fasse d’importants mouvements d’opinion.

Certes le Nord de l’Europe ne veut pas payer pour le Sud sans garanties d’un meilleur fonctionnement des administrations locales. En d’autres mots, le Nord et le Sud se sont engagés dans une relecture profonde de leurs relations dans le sens d’une plus grande interdépendance.

Le deuxième résultat de cette crise est la mise sur pied d’un droit de regard de la Commission sur la confection des budgets nationaux. Dans le cadre du Pacte de stabilité et de croissance adopté en 1997 et réécrit en 2005, le droit de regard est exercé avec autorité et il contraint les gouvernements nationaux à coordonner les contours du budget. Depuis 2011, une procédure, le Semestre européen, précise les mois de l’année de la procédure de coordination des politiques économiques et budgétaires. De plus un paquet législatif, le Six-Pakt, est mis en œuvre. Il a été complété en 2013 par le Two-Pakt.

Le troisième résultat est la grande visibilité que s’est accordée la Banque centrale européenne. Certes, son rayon d’action se limite à la zone euro. Mais son influence s’exerce non seulement dans toute l’Europe mais aussi dans le monde. Elle est devenue un des piliers de l’économie mondiale, aux côtés de la Réserve Fédérale américaine, de la Banque du Japon et de la Banque populaire de Chine.

Le quatrième résultat est la mise en chantier d’un meilleur fonctionnement de la Zone euro. Cela permettra une meilleure coordination des politiques économiques.

Mais cette crise économique à peine maîtrisée, la guerre effrayante en Syrie, en Irak et en Afghanistan a donné lieu à un débordement de ces guerres sur le sol européen et à l’arrivée massive en Europe de réfugiés de ces pays. La première réaction d’accueil des Etats européens n’a pas été unanime malgré la qualité intellectuelle d’une partie de ceux-ci. Une nouvelle politique d’accueil des réfugiés reste encore à définir. Elle distinguera l’accueil de réfugiés de celui d’émigrés qui cherchent simplement un avenir meilleur. Ce problème des réfugiés est parfois intoxiqué par les vagues d’attentats qui germent ci et là et par l’arrivée, parmi les réfugiés de terroristes. De confondre les uns avec les autres est vite fait.

Enfin, les gouvernements des Etats de l’Union sentent, de plus en plus, se resserrer autour d’eux les contraintes imposées par la Commission et décidées en accord avec ces mêmes gouvernements. Ces gouvernements européens ressentent cruellement l’évaporation de leur densité politique face au poids spécifique de l’Europe. Si ces dirigeants voient d’un mauvais œil ce nouvel état de fait, c’est que l’Europe avance.

Tous, petits et grands, gros et maigres, riches et pauvres, jeunes et vieux, soyons de plus en plus enthousiastes. Déterrons la hache pour couper les vieux réflexes frileux qui nous paralysent. L’Europe est belle, son idée fascine le monde : soyons aussi fascinés. L’Europe est le grand phare de la paix dans le monde, le poids le plus lourd dans l’économie mondiale et le seul continent encore en paix. Soyons en conscients comme le monde en est conscient.

Euphrosine répond à cette conclusion en soulignant qu’elle sait que l’Europe continue à fasciner le monde et les réalisations faites sont autant d’aimants qui attirent les gouvernements étrangers. Les demandes d’adhésion en sont l’illustration . Plusieurs Etats ont cherché à créer une entité similaire mais aucun n’y est parvenu. Imitée mais jamais égalée : telle est la réalité de l’Europe.

Comme la récente crise ukrainienne l’a montré, si l’Europe n’a pas une armée dissuasive, elle est, cependant, perçue comme une force de paix et de prospérité avec laquelle il est impératif d’avoir de bonnes relations.

Tous se lèvent, prennent un verre pour un toast et proclament que l’Europe est en marche.

Amen dico vobis

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