Egée du nord

Overland Aventure
Overland Aventure
Published in
6 min readJun 9, 2018

On quitte la famille et l’île de Leros à regret pour retourner à Bodrum et reprendre notre route. Les batteries sont regonflées, on n’a pas fait que se baigner et manger des oursins on a aussi bien avancé sur le guide Tadjikistan-Kirghizstan et l faut bien qu’on rentre en France à un moment donné ! Il ne nous reste qu’un petit mois pour le retour, c’est court ! On a envie de visiter la Grèce, l’Albanie, la Croatie… ça va faire trop et il va falloir faire des choix.

On commence par s’arrêter à Ephèse, un site incontournable sur notre route. Comme on s’y attendait c’est bondé, en particulier de touristes chinois qui ne pensent qu’à une chose : se prendre en photo devant les ruines. Heureusement, les touristes turcs restent à la maison pendant le ramadan, donc on évite le pire.

Le site est impressionnant par sa taille. Il abrite en particulier le plus grand théâtre connu dans le monde grec et les vestiges de toute une ville. Mais sans vouloir faire les difficiles, ce n’est pas le site que nous avons préféré. Tout d’abord à cause de la foule mais aussi pour l’état de conservation des ruines. On s’explique : au moment de la découverte du site dans la seconde moitié du XIXème siècle, il ne restait presque rien de la ville antique. Tout avait été pillé ou détruit. De plus, comme la région a tendance à s’affaisser, les sédiments de la rivière ont comblé la plaine alluviale, ont recouvert une partie des ruines et ont bouché le port. Alors qu’Ephèse était un des ports les plus importants de la mer Egée dans l’Antiquité, les ruines se trouvent aujourd’hui à 7 km dans les terres.

Les archéologues, qui ont fait preuve d’acharnement et d’imagination pour reconstituer ce qu’était la ville, ont aussi pratiqué l’anastylose (faut le placer ça dans une conversation !) : pour donner une idée de ce qu’étaient les monuments, ils en ont reconstruit une partie, en remplaçant les morceaux manquants par du béton (pas très esthétique d’ailleurs). Le monument le plus célèbre d’Ephèse que l’on voit sur toutes les brochures est le mur de la bibliothèque qui a été remonté dans les années 70.

Sachant cela, on est finalement assez déçus, d’autant plus qu’on a visité plusieurs autres sites qui n’ont pas été restaurés ou peu et qui sont bien conservés, comme Termessos par exemple ; et qui en plus se trouve loin des foules (voir post précédent). A faire de la reconstitution, ils auraient pu tout remonter, cela aurait été encore plus impressionnant (et il y aurait encore plus de touristes !).

Effets du kebab turc : heureusement que les latrines sont encore accessibles

On s’arrête visiter Priène qui nous enchante beaucoup plus. Les morceaux de colonnes écroulés du temple d’Athéna ressemblent à des engrenages géants. Et nous sommes quasiment les seuls touristes !

C’est la saison d’éclosion des moustiques et les bivouacs deviennent un peu pénibles. Sachant cela on attend la nuit noire pour s’installer sur une belle plage de sable. Mais on se fait quand même dévorer pendant la nuit et au lever du jour ce sont des milliers de moustiques qui s’écrasent contre la moustiquaire. On change de tactique et on campe dans les terres, mais même là c’est l’attaque à la nuit tombée. Dans ces conditions, on défie même les plus écolos de ne pas penser aux bienfaits du DDT.

Bon, il est temps de quitter la Turquie pour retourner en Grèce. On décide de passer par le détroit des Dardanelles où le passage en ferry se fait rapidement, en slalomant entre les nombreux bateaux qui transitent vers Istanbul et la mer Noire.

L’accueil des Grecs sur la côte nord-est de la mer Egée où le tourisme est relativement réduit est bien sympa : on s’arrête prendre un petit déjeuner dans un café où on nous fit payer 2€ pour un café, un thé, une bouteille d’eau et des gâteaux et on repart même avec un gros sachet de biscuits offerts. On s’arrête pour se baigner dans la région de Kavala : l’eau est chaude, cristalline, et les rochers sont couverts d’oursins (ultra-pleins). Ici on peut les pécher sans avoir mauvaise conscience et sans risque de voir l’espèce péricliter. Du coup on se concocte un plat de spaghettis aux oursins, un repas digne d’un restaurant étoilé.

Spaghettis aux oursins

On n’arrête pas les bains, cette fois dans des sources chaude à 38°C, dans l’ancien complexe thermal d’Elephteres, aujourd’hui abandonné. Les thermes fonctionnaient encore en 2009 mais ils ont fait faillite, très certainement à cause de la crise. Certains bâtiments sont vandalisés, d’autres sont squattés, mais, bien que l’endroit semble connu (on croise 2 camping-car et quelques voitures), on se baigne seuls dans plusieurs bassins d’eau chaude propres et bien agréables, même si on repart en puant l’œuf pourri.

--

--