Mardi 3 Janvier 2017

Loïc CHOLLIER
Oxygen Catana 50
Published in
3 min readJan 5, 2017

Plus on descend vers le sud, moins on se couvre.

Nous avons entamé depuis le 29 décembre un lent et régulier striptease général qui devrait nous laisser définitivement en maillot le 14 janvier.

Le 29 décembre, c’était Odlow + Polaire + Coupe-Vent+ Pantalon. Aujourd’hui, le pantalon est relégué au fond des valises, la polaire aussi. Dans les cabines les couvertures nous encombrent et vont être rangées.

La nuit du 2 au 3 a été très douce, la lune un peu plus présente avec un beau reflet dorée sur l’eau noire, peu de vagues, le vent très (trop) doux caressant sur la peau.

Au matin on considère que la consommation de mazout tolérable est atteinte. Il doit rester 40 h d’autonomie environ — selon la mesure métrique mise en place.

En 10 minutes à peine le G1 est envoyé. Nous ne sommes pas encore en Amérique mais on file entre 5 et 7 nœuds (il nous reste plus de 2.000 milles).

Tout est cool, mais bon, sans péripétie, cela ne serait pas drôle, c’est là qu’intervient l’épisode de la trappe de la mort. De façon impromptue, le groupe électrogène s’arrête. Le groupe, outre de l’électricité en supplément de celle fournie par le moteur, alimente le dessalinisateur. Sans lui plus d’eau douce, et le VONVON n’étant pas là, on est un peu court en pinard.

Dans la recherche de la panne, une trappe en bas des escaliers est ouverte. Et c’est là que Pierre intervient en descendant les escaliers le nez en l’air. Evidemment le trou était pour lui.

De mécano, Guy assure en chirurgien pour recoller la peau de dessous de pieds avec force strip, alcool à 90° (même pas mal).

Cela n’arrête pas le marin. Après étude de la carte météo, il est décidé qu’un peu de vent arrière pour un peu plus d’ouest dans la route nous raccourcirait un peu et avec un peu de chance, ne nous ralentirait pas. Pour éviter toutes discussions, tous commentaires désobligeants de régatiers pétris de mauvais esprits (nous en connaissons), la manœuvre a été chronométrée. En 11’ exactement le G1 a été tombé et le spi mis en place. Ce n’est pas beau ça ?

Pour couronner le tout à 18h, un des 2 moulinets se met à chanter. On a eu le temps de voir au loin un grand poisson blanc sauter au-dessus de l’eau. De joie sans doute pour nous avoir piqué un beau rapala qu’on a jamais revu.

Malgré la belle vitesse d’Oxygen, l’ambiance est un peu morose : si le groupe ne redémarre pas, dur dur il nous reste 300L d’eau douce pour la fin du parcours. Nous ruminions ces sombres pensées quand Grégoire poussa un cri dans la nuit.

En poste à la surveillance du spi, il venait de recevoir presque en pleine face un poisson volant !

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