Récit de Pierre — Mercredi 18 & Jeudi 19 Avril

Loïc CHOLLIER
Oxygen Catana 50
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2 min readApr 22, 2018

A l’heure du casse-croûte, pensif, Guy, arme le moulinet de la canne et lance un rapala en se disant qu’un thon ça améliorerait bien l’ordinaire.

Comme dans un comte, à peine le leurre toucha l’eau que le fil siffla.

Branle-bas, on met le bateau face au vent, on démarre le moteur, le génois est rentré, la GV choquée, trois minutes plus tard, un petit thon est dans l’épuisette.

On rejette le leurre et rebelotte. On rejette le leurre et re-re-belotte, mais cette fois la bestiole s’est décrochée avant de rentrer dans le filet. Ce n’est pas grave nous avons rentré 2 petits thons entre 2 et 3 kg. Un troisième du même gabarit suivra 20’ plus tard. Aussitôt pris, aussitôt préparés qui en darne qui en filet.

Grégoire fait son apprentissage de découpe avec Maître Guy, roi de l’aiguisage de couteaux.

Le vent s’y prêtant, l’humeur étant bonne, l’esprit serein, sûrs d’une routine bien établie, le lancement du G1 s’impose. Tout se passe bien jusqu’a 1m de la fin de sa montée. Au de-là, la drisse s’est remise en vrille. Et là plus possible n’y de monter, mais surtout, et c’est là le plus pénible, blocage à la descente. On se retrouve avec un long boudin de toile qui se ballade et serpente à l’avant du bateau en essayant sournoisement de se coincer dans les haubans. Bien évidemment, au loin les grains commencent à se former. Un poil de stress en plus ça ne peut pas faire de mal.

L’équipage au complet se concerte, se pend en grappe à cette p… de voile, rien y fait.

Au désespoir de Grégoire, une seule solution s’impose : la montée au mât (28m). La concentration et la mobilisation de l’équipage est totale. Guy se prépare avec un sérieux et une application quasi militaire. Grégoire est en pied de mât pour gigoter les drisses à bon escient. Claude se fait l’écho des ordres de Guy, Isa est au winch électrique pour monter ou descendre le capitaine. Quant à moi je m’accroche à la voile pour la descendre dès que le haut sera démêlé. Au final tout se passa tranquillement. Sauf qu’au moment où j’écris on ne comprend toujours pas pourquoi cette foutue drisse se torsade.

Le timing fut parfait. A peine Guy posa le pied sur le pont, qu’un grain dont on avait négligé l’approche tout occupé qu’on était à d’autre chose déversa toute son eau sur nous. Une aubaine ! on passa l’heure suivante sur le pont à se savonner sous les sauts que les cieux déversaient sur nous.

Le soir, le thon cru façon carpaccio fut un vrai bonheur et on apprécia la nuit et la journée du lendemain qui se déroulèrent dans une tranquillité appréciée même si les 190 milles parcourus compensait mal les 140 de la veille.

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