Pourquoi nous avons choisi le “made in Portugal”

Marion Dubuc
Pétrone
Published in
6 min readOct 31, 2018
Porto, juillet 2018

Nous avons lancé Pétrone, une marque de sous-vêtements beaux, résistants, essentiels et efficaces. Pour notre production, nous avons choisi de faire produire notre première collection au Portugal, au nord de Porto, par des usines spécialisées dans les boxers et les chaussettes. Nous vous expliquons les raisons de ce choix : des questions éthiques et réglementaires, la recherche d’un savoir-faire en matière de confection et surtout la garantie d’un excellent rapport qualité/prix. Des choix cruciaux pour nous permettre de produire des modèles de grande qualité, tout en restant dans les clous d’un prix juste.

Quand on lance une marque de textile, la question de l’implantation de la production est un sujet vaste mais stratégique. Nous l’avons abordée avec la conviction que notre modèle de production devait s’inscrire dans les principes d’action de notre marque, que nous devions en être fier et pouvoir en expliquer les atouts. C’est pour cette raison que nous n’avons jamais songé à faire produire dans un pays à bas coût.

Produire à faible coût… mais à faible qualité !

L’Asie s’est longtemps positionnée comme l’atelier de confection du monde : les T-shirts made in China ou Bangladesh inondent alors le monde. Mais depuis, les choix se sont multipliées et l’Europe est devenue compétitive. Certains coûts de main d’œuvre européenne sont même très bas : 4,9 € de l’heure en Bulgarie, 6,3 € en Roumanie, contre 36 € en France (Voir les chiffres ici).

Même si les pays européens à faible coût de la main d’oeuvre sont tenus de respecter la réglementation édictée par l’Union Européenne, ce n’est pas le cas pour les autres pays à bas coût. De manière générale les conditions de travail sont déplorables. Il reste difficile en faisant produire à l’autre bout du monde de s’assurer des conditions de travail du personnel. Des accords ont bien été mis en place, notamment sur la sécurité depuis l’épisode du Rana Plaza, mais leur insuffisance a déjà été pointée du doigt, tant ils ne couvrent qu’une infime partie du problème.

En plus des conditions de travail déplorables, les tissus y sont souvent de faible qualité, et parfois même nocifs pour la santé, que ce soit dans le choix des matières synthétiques ou de matières naturelles de qualité médiocre car cultivées de manière intensive.

Le cas de la France

Quand on parle d’une marque française de mode, la question d’une implantation de la production en France se pose forcément, et notamment quand on parle d’une marque de sous-vêtements. Les consommateurs sont sensibles à la production nationale, qui favorise la vivacité du tissu économique local. Nous soutenons nous-mêmes des marques de créateurs qui décident de fabriquer en France, en achetant leurs vêtements. Pourtant, dans l’intérêt du prix final payé par nos clients, la France n’est pas la meilleure des options pour nous.

Pourquoi ne pas faire le choix de la France ?

Evidemment, les usines françaises sont capables de réaliser du travail de très belle qualité, et le sens du service client est excellent. Mais la qualité, revue au prisme de la fiscalité française et du coût de la vie dans l’hexagone, a un coût : une production équivalente en qualité coûte 3 fois plus cher en France qu’au Portugal. Ce coût de fabrication a évidemment un impact énorme sur le prix de vente final — et c’est bien ce coût qui le rend incompatible avec notre envie de proposer un produit de très grande qualité à un prix raisonnable.

Une autre raison nous a amené à choisir le Portugal : le tissu industriel textile en France est très peu dense, et les usines sont souvent amenées à acheter leurs toiles en Italie ou au Portugal, ce qui réduit les possibilités de personnalisation des produits.

Il était donc impensable pour nous de rogner sur la qualité des finitions, pour justifier d’une production « made in France » en gardant des prix compétitifs.

Alors, le Portugal, d’accord mais pourquoi ?

C’est un environnement de travail propice : le Portugal est dans l’Union Européenne ainsi que la zone euro et respecte tous les standards européens, aussi bien sur la législation du travail que sur les normes de sécurité et de qualité des produits. Cette qualité est certifiée par des label indépendants comme OEKO-TEX. Le climat social et les entreprises y sont stables : nos fournisseurs pour cette première collections sont tous établis depuis 1985. Les employés travaillent dans de bonnes conditions certifiées par des normes comme SA8000.

Au-delà de ce cadre légal sain, c’est surtout la qualité des unités de production qui est reconnue, construite sur un savoir-faire ancien. De fait, la confection est aujourd’hui un des fleurons économiques du Portugal, soutenu par l’Etat portugais, et représente 3% du PIB national et 10% des exportations. Le Portugal est aujourd’hui reconnu comme le pays de la maille, à l’égal de l’Italie.

Globalement, ce qui fait la force du Portugal, c’est sa maîtrise de toute la chaîne de production :

  • Les matières premières sont produites sur place, ce qui nous offre plus de choix et une plus grande personnalisation des modèles ;
  • Les usines sont équipées des technologies de production les plus perfectionnées ;
  • Elles justifient d’un grand savoir-faire, en pointe dans la personnalisation et l’innovation textile.
Le textile fait tellement partie de l’histoire du Portugal qu’ils le mettent dans des musées, ici à Guimarães

Parlons de nos fournisseurs.

Pour le fil de coton, nous travaillons avec l’entreprise leader sur son marché, dont toutes les bobines de fils sont certifiées par le label OEKO-TEX standard 100. On trouve également dans leur gamme du coton 100% biologique. En plus de ces certifications de qualité, c’est aussi — et surtout — un fournisseur qui nous permet une grande palette de choix et de personnalisations.

Pour nos chaussettes, on a choisi rien de moins que l’usine la plus haut de gamme du pays, qui travaille déjà avec des maisons comme Burberry, Vetements, Norse Project — entre autres. Les chaussettes de ville sont produites sur des machines à tisser de 200 aiguilles, la Rolls Royce de la fabrication de la chaussette en somme.

Là encore, on retrouve une immense palette de personnalisations possibles, tant dans les matières, les formes que les couleurs. Et en termes de finitions, c’est du beau boulot : toutes les chaussettes sont renforcées au talon et à la pointe pour une meilleure longévité et sont remaillées à la main pour ne pas sentir les coutures quand vous les portez.

Pour ce qui est des boxers, nous travaillons avec une usine qui a plus de 30 ans d’existence. Elle est très bien implantée dans le tissu local et travaille avec de nombreux partenaires qui lui fournissent les toiles, les élastiques et nos boutons en nacre. C’est en collaborant avec un fournisseur aussi flexible qu’on a pu travailler sur un produit qui ressemble exactement à ce nous voulions faire :

  • Nous avons développé ensemble notre propre toile de 170g/m2, constituée à 47% de micromodal, 47% de coton et 6% d’élasthanne ;
  • Nous avons choisi des élastiques de qualité supérieure pour tous nos modèles et des boutons en nacre pour notre Boxer Héritage ;
  • On a l’assurance de finitions impeccables jusqu’au moindre détail : les coutures « overlock » viennent recouvrir les coutures sur le boxer pour plus de style et de confort, la ganse de maintien en bas de cuisse empêche au boxer héritage de remonter quand on monte une marche.

Ce sont donc ce savoir-faire de la confection et un excellent rapport qualité/prix qui nous ont amenés à faire le choix de fournisseurs portugais, capables de fabriquer des produits résistants, bien finis et agréables à porter. Une fabrication de qualité mais abordable, qui nous permet de vous proposer des produits haut de gamme à un prix raisonnable.

Vous pouvez en juger sur pièce en nous retrouvant sur notre site.

A bientôt,

Marion & Nicolas.

Une précision importante : chaque usine a sa spécialité, son domaine textile de prédilection. Pour tous ceux qui souhaitent trouver des fournisseurs au Portugal, nous vous recommandons de creuser du côté d’Europages et de Foursource qui sont 2 annuaires B2B qui vous permettront d’identifier des usines dans votre domaine d’intérêt.

On vous raconte nos aventures sur Facebook et Instagram.

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Marion Dubuc
Pétrone

Co-fondatrice de Pétrone — sous-vêtements masculins, beaux et confortables.