Agir pour le climat : ce que les investisseurs peuvent faire

Par Matthieu Baret, Managing Partner

Eurazeo
4 min readNov 24, 2020

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Il y a quelques jours, je me suis décidé à calculer mon empreinte carbone avec pour objectif de mieux cerner mes comportements les plus émetteurs de CO2, d’adapter mes habitudes autant que possible, et de compenser mon empreinte, même si la compensation ne pourra jamais remplacer une démarche proactive de réduction d’émissions. Toutefois, je me suis rendu compte en faisant le test sur quelques sites internet, que les calculs et les résultats pouvaient être très différents, et mon empreinte carbone varier du simple au double.

Être responsable, penser plus écolo, réduire ses déplacements, adapter son régime alimentaire… Toutes ces initiatives peuvent s’avérer complexe à l’échelle individuelle et personnelle. Alors, en tant qu’investisseur, je peux comprendre que la démarche puisse s’avérer bien plus ardue pour un entrepreneur, lorsqu’elle doit être appliquée à une start-up et à une équipe. Toutefois, et à travers mon expérience et mes rencontres, je réalise que la grande majorité des acteurs de notre société converge vers ces idées, et qu’investir de manière responsable, c’est déjà une évidence. Les entreprises, à toutes les étapes de leur croissance, ont conscience d’être une partie du problème, mais de tenir également les clés de la solution. Et loin de reléguer les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) au second plan par feignantise ou par désintérêt, c’est plus souvent l’absence d’outils efficaces et concrets qui manquent aux jeunes entreprises et à leurs fondatrices et fondateurs pour agir.

Les entreprises, à toutes les étapes de leur croissance, ont conscience d’être une partie du problème, mais de tenir également les clés de la solution.

Pourtant, intégrer dès le seed stage et la définition des business models les considérations ESG, est d’un intérêt majeur pour ces entreprises qui disruptent nos usages et nos économies, dont la croissance peut être exponentielle et qui, dans quelques années, seront peut-être leaders sur leur marché et compteront une dizaine de bureaux dans le monde et des centaines de salariés. En VC et en Growth, nous pouvons définir 3 types d’entreprises dans lesquelles nous sommes amenés à investir :

- Celles qui, dans le cœur de leur activité, proposent une alternative verte (comme Back Market, Forsee Power ou Meteo Swift) ;

- Celles, et c’est la grande majorité, dont l’activité est numérique et l’impact indirect, via, par exemple, le fonctionnement d’internet et l’usage de data centers et d’équipements informatiques ;

- Celles dont l’activité est génératrice d’émissions (dans le tourisme ou le voyage par exemple), et pour lesquelles il est particulièrement pertinent de mettre en place des plans d’action de réduction d’émissions.

Nos sociétés en portefeuille sont donc à la fois le problème et la solution. Face à ce paradoxe, chez Idinvest comme au sein du Groupe Eurazeo, nous avons intégré l’accompagnement ESG au même titre que le développement de la croissance dans notre stratégie. Cela signifie que dans nos processus de décision, nous étudions la marge de progression et d’amélioration de l’organisation sous cet angle ESG. En tant qu’investisseur et détenteur de capital, nous sommes un facteur catalyseur à travers notre portefeuille, et notre responsabilité est d’autant plus importante. Nous devons donc sensibiliser toutes nos parties prenantes et s’assurer que chacune d’entre elle, à son échelle, mette en place les actions nécessaires pour répondre au défi climatique auquel nous faisons face.

En tant qu’investisseur et détenteur de capital, nous sommes un facteur catalyseur à travers notre portefeuille, et notre responsabilité est d’autant plus importante.

Je viens de rejoindre la communauté des Leaders for Climate Action (LFCA), afin de mettre à profit notre influence et notre réseau. En effet, il me semble que pour être efficace, il faut aller au-delà des injonctions et être d’abord exemplaire en termes de lutte contre le changement climatique. LCFA regroupe aujourd’hui plus de 700 leaders qui se sont tous engagés, comme moi, à réduire leur empreinte carbone et à engager leurs organisations dans une trajectoire de neutralité. Cela est parfaitement aligné avec les objectifs de la stratégie O+ récemment dévoilée par Eurazeo, qui vise à atteindre la neutralité carbone au plus tard en 2040 et à favoriser une économie plus inclusive, notamment en accompagnant nos portefeuilles à faire de même. Chez Eurazeo, notre engagement ESG repose sur deux convictions : celle d’investir afin d’avoir un impact positif sur la société, doublée de la certitude que les sociétés responsables sont créatrices de valeurs financières et économiques.

Le climat est un enjeu systémique. Nombre de personnes souhaitent agir, tout en ne sachant pas comment. Toutefois, nous pouvons tous réduire notre empreinte carbone, aussi bien dans notre vie personnelle que dans notre environnement professionnel. N’ayons pas peur d’utiliser notre influence auprès de nos participations comme auprès de nos investisseurs, valorisons nos réussites et apprenons de nos échecs, partageons nos outils et nos connaissances, mettons à profit nos expériences afin de construire ensemble, une réponse collective.

Matthieu Baret, Managing Partner chez Idinvest Partners (Crédit photo : Peter Allan)

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