Les Stars Invisibles qui rendent Hollywood Français

Les artistes français de l’industrie du doublage sont bien rémunérés et restent très secrets. Enfin…si ils parviennent à survivre au déluge de Netflix.

Romain Pillard
27 min readNov 20, 2014
Déborah Perret est la Jennifer Lopez, Salma Hayek, Holly Hunter, et Kate Blanchett française.

Par Mac Clelland
Photographies de Thibault Montamat

Le jour où j‘ai interviewé la Jennifer Lawrence française, sa journée était moins chargée et plus simple que celle de la vraie Jennifer Lawrence. Aujourd'hui, la vraie Jennifer Lawrence s’est réveillée pour subir une nouvelle journée de débat public houleux et bruyant, au sujet de ses photos nues volées et disponibles sur Internet. La Jennifer Lawrence française, quant à elle, s‘est réveillée, a enfilé un pull et a commencé sa journée de travail chez Dubbing Brothers, pour qui elle fait la voix de quasiment tous les rôles de Jennifer Lawrence distribués sur le marché méticuleux de l’industrie du doublage français.

Son nom est Kelly Marot. Personne en France ne pourrait la reconnaître, et à ce jour, je suis le seul journaliste sur Terre qui s‘intéresse à ce qu'elle fait - et elle est en train de dévorer une tarte de pâtisserie à peu près aussi grosse que son visage. Aujourd'hui, elle double des scènes avec le Daniel Radcliffe français (né Kelyan Blanc), un gosse avec une barbe inégale, en jeans et T-shirt sans âge, qui a fait le doublage de Harry Potter depuis “l'école des sorciers”. Grâce à leur talent, et à une représentation cohérente des stars anglophones, Marot et Blanc sont essentiels pour amener les films hollywoodiens jusqu’aux publics francophones.

“Si nous le remplaçons,“ raconte l'une des plus légendaires directrices de doublage de France, en faisant des gestes en direction de Blanc, "ce serait un scandale. Un grand scandale. "

Ce N’est PAS le Daniel Radcliffe français.

En France, berceau du cinéma, bastion du goût et de l'art et de la supériorité culturelle, 40 pour cent de la programmation à la télévision se trouve être des films et des émissions américaines. En conséquence, le pays a récemment été la cible de Netflix, qui a investi le terrain pour une domination mondiale en se lançant dès Septembre. Pendant ce temps, dans les salles de cinéma français -les français étant les cinquièmes plus gros consommateurs de cinéma dans le monde - 50 pour cent des billets vendus concernent des films produits aux États-Unis et presque tous sont doublés.

Les sorties les plus chaudes passent presque toutes par Dubbing Brothers. Ses bureaux, sont situés dans un quartier industriel périphérique de Paris où le trafic est moins dense et ses bâtiments sont de type postmoderne, dénués de charme, et sécurisés par un solide portail de fer. Derrière ces portes, la cour de la société, et ses très très nombreux collaborateurs en train de l’arpenter en fumant leurs cigarettes. A l’intérieur, un long corridor et des portes numérotées tout du long. Un calendrier électronique pend au dessus de la tête du réceptionniste et renseigne sur les salles où se déroulent les douzaines de différents projets. The Drop, avec Tom Hardy. Le nouveau film avec Daniel Radcliffe, Horns. Un épisode de la dernière saison de Revenge, un autre de la saison 9 d’Esprits Criminels.

Derrière ces portes numérotées, finie l’époque du doublage des vieux Bruce Lee de votre père. Ceci est plutôt, dans la mesure où les doubleurs, les auteurs, traducteurs, adaptateurs, ingénieurs son, réalisateurs et tout le monde impliqué dans le projet, ont suffisamment de temps et d’argent pour le faire : de l’Art.

“Vous devez vous projeter mieux !” hurle un réalisateur dans une des sessions d’enregistrement du matin. Chaque studio chez Dubbing Brothers est vaste et sombre et possède un écran de cinéma mais sans siège. C’est comme une salle de cinéma sans les places assises. A l’arrière, un ingénieur est assis derrière une grande table de mixage. A côté de lui se trouve le réalisateur et face à eux une sorte de rampe à hauteur de taille. Dans le studio que je décris, il y a actuellement un acteur qui s’appuie dessus. Il a des micros face à lui. Il y a quelques instants, quand tout le monde était prêt, l’ingénieur a appuyé sur un bouton et une scène s’est jouée, sans le son, et l’acteur a commencé à crier si fort que la barre en tremblait. Mais le réalisateur l’a alors arrêté car il ne se projetait pas comme il faut dans le personnage.

“Comme un français,” explique alors le réalisateur. "Les Américains contiennent leur énergie, même lorsqu’ils en ont beaucoup. Tout est concentré à l'intérieur. "

L’acteur acquiesce comme pour dire : oui bien sûr.

“Votre énergie est bonne”, dit le directeur, se retirant derrière la table de mixage de nouveau. “Mais rendez la plus américaine.”

Le réalisateur avait déjà arrêté l’acteur au préalable parce qu’il manquait d’emphase sur le mot “Haine” dans la phrase qu‘il venait de crier.

La prise suivante, il l’arrête car il a mélangé les répliques. L’acteur rejette alors la tête en arrière et explose de rire, frustré.

Voilà comment ils travaillent : quelques secondes de montage à la fois. Tout le monde dans la salle regarde une phrase défiler en anglais avec un script français juste en dessous, puis l’ingénieur presse Stop. Pour le films, les acteurs n‘ont généralement pas vu la scène au préalable, et parfois ils ne peuvent pas même la visionner — Hollywood est terrifié par les fuites sur Internet, ainsi, lorsque Dubbing Brothers a reçu les copies du Seigneur des Anneaux, le studio avait noirci toute la bande à l’exception d’une petite boîte autour des bouches des acteurs, y compris lorsque fermées quand ils ne parlaient pas. Donc, tout le monde regarde, ou pas, la scène deux fois maximum, l’ingénieur rembobine et il est temps d’enregistrer le doublage.

La scène est rejouée, sans son, et les acteurs récitent le script traduit. Ils reviennent en arrière et le refont. Le script français défile dans le bandeau au bas de l’image, que le logiciel de doublage permet de paramétrer pour afficher à la fois les mots et les symboles pour synchroniser les voix en fonction des actions du film. Il y a un symbole pour inspirer, un symbole pour expirer, un symbole pour les bruits de baisers, que les acteurs doivent réaliser avec la bouche contre leur main.

Ils enregistrent, puis ils il rejoue ce qu’ils viennent de faire. Une fois en français, puis une fois en français et en anglais par dessus, peut-être encore une ou deux écoutes dans chaque sens afin que le réalisateur puisse écouter et effectuer les ajustements nécessaires.

Le Sylvester Stallone français.

Son ton doit descendre, doit être plus péremptoire.

“Okay”, répond l’acteur. Il dit qu’il va le mettre plus “dans son ventre”.

“Ça doit venir de l’intérieur”, dit le réalisateur. “Comme un américain”.

Lorsqu’ils refont la scène, l’acteur hurle si fort tout en se contenant si fort que tout son corps semble vibrer. Mais il lui est difficile de garder la même intensité tout du long de la phrase. Le script du logiciel permet aussi d’indiquer si l’acteur doit parler vite ou non, et on dirait qu’il doit toujours le faire. Le terme “Bachelor Party”, par exemple, ne contient que deux mots en anglais, mais en français c’est une expression complète qui se traduit pas “enterrement de vie de garçon”. L’acteur qui joue la scène aujourd’hui a donc du mal à placer tous les mots dans le temps disponible pour une synchronisation optimale tout en conservant la fameuse énergie américaine intérieure et contenue sans se retrouver à bout de souffle ou dans un ton trop neutre.

Ils s’arrêtent pour discuter d’une phrase qui pourrait coller mieux.

Ils coupent trois mots du script.

Ils refont la prise.

Ils re-refont la prise.

“Bon,” dit le réalisateur. Et après 10 minutes de travail acharné, les voilà ayant produit 5 phrases d’un doublage de top qualité.

Mère et fille qui répètent.

Danielle Perret, la réalisatrice qui disait de Blanc qu’il était indispensable, m’invite à son bureau dont les murs sont recouverts de photos de films et de posters. Elle a fait Seven, Reservoir Dogs, Austin Powers, the Hunger Games, The Expendables, La trilogie du Seigneur des Anneaux, Le Loup de Wall Street. Elle était réalisatrice de cinéma à l’origine, des dizaines d’années plus tôt, mais elle adore doubler et exige que cela soit bien fait. Elle a 76 ans et elle pourrait se mettre à la retraite mais elle ne le fera pas. Elle est menue, porte une longue robe bleue à motifs, a de longs cheveux teints en noir et travaille avec les meilleurs talents doubleurs que la France a à offrir.

“C’est une actrice,” dit Perret de Marot, la Jennifer Lawrence française.

Parce que c’est de l’art, le doublage français cultive le personnage. A chaque fois que Tom Cruise ouvre la bouche, la même voix en sort, ceci afin que le public puisse expérimenter la même sensation d’intimité et d’attachement que le public de langue originale avec le vrai Tom Cruise. Quelques fois des changements se produisent : dix ans plus tôt, le Tom Cruise français a été remplacé parce qu’il fumait trop et que sa voix devenait trop rauque et cassée. Mais le public français a remarqué le changement et a marqué une nette désapprobation.

Le rôle de doublage phare de Kelly Marot est le personnage de Rachel dans Glee. C’est ce qui lui a permis de décrocher une audition pour le rôle de Katnis dans The Hunger Games, et la faire pénétrer dans le sérail des doubleurs les plus prisés : être la voix d’une gigantesque star américaine mondialement connue.

Si tout se passe bien pour Marot, jeune maman de 28 ans,elle aura du travail régulier aussi longtemps que Jennifer Lawrence en aura.

Marot est tellement sollicitée qu’elle travaille 7 jours sur 7. Elle joue les rôles de diverses actrices, des rôles de premier ordre dans des Show TV, elle fait le Livre Audio de Hunger Games, des bouts de scripts de jeux vidéos, de dessins animés. En plus de cela elle fait toujours la voix de Rachel dans Glee et joue Sansa dans Game of Thrones. Perret souligne tout particulièrement la qualité de voix de Marot — elle a juste ce qu’il faut de rauque dans la tonalité- et bien entendu son talent.

Quand elle était plus jeune, Marot a même tourné dans un show TV français. Mais elle a eu un enfant 9 ans plus tôt et elle n‘avait plus le temps matériel pour réussir dans l’industrie du divertissement. Des agents, des castings, de la publicité (cheveux, garde-robe, maquillage). Désormais,lorsqu’une grosse sortie se fait, avec J Law à l’affiche et que Marot est invitée par les médias, elle décline “Je ne saurais pas quoi dire” leur dit-elle. Mais le manque d’exposition n’a pas eu d’impact négatif sur sa carrière, elle gagne bien sa vie, elle a une vie privée et parvient à joindre les deux bouts, ce qui lui suffit.

Autant en avoir conscience : sous les spotlights, le monde est cruel et on se fait exploiter. Tout le monde n’a pas les épaules, les reins, ou même l’estomac pour encaisser ce genre de chose. Le doublage est donc le refuge de Marot. Pour d’autres acteurs également, cette activité procure des opportunités d’activité qu’ils n’auraient sans doute pas eues autrement.

“C’est ma peau qui ne passe pas,” me raconte Nathalie Karsenti, la January Jones française, dans son appartement au 3ème étage du quartier gay du Marais à Paris. Elle est plutôt petite, jolie et bien en chair, dans les 45 ans avec les cheveux marrons tombant sur ses épaules et une peau glabre assez hâlée.

Attirante à mes yeux, Karsenti m’explique qu’après avoir obtenu son diplôme dans une des écoles d’arts dramatiques les plus huppées de France, on lui a signifié en casting qu’elle était trop bronzée pour incarner une française typique, et qu’elle ne l’était pas assez pour jouer une arabe.

“Mes caractéristiques physiques m’ont fermé des portes,” dit-elle en s’asseyant dans sa cuisine ”même si j’avais le talent pour y parvenir”. Ses capacités de comédiennes n’étaient donc pas le souci. Mais elle n’est pas uniquement la voix de January Jones, elle est aussi celle de la Keira Knightley française, de Eva Mendes, de Zoe Saldana.

“J’ai adoré,” avait pensé Karsenti lorsqu’elle s’était essayée au doublage pour la première fois. “Plus de souci avec ma couleur de peau cette fois, je pouvais simplement travailler. Ce que je fais, à titre de femme et à titre de maman, c’est mieux que d’être une star.”

Nathalie Karsenti, ici avec sa famille, est la voix française de January Jones, Keira Knightley, Eva Mendes, et Zoe Saldana.

Mes vies de femme et de mère sont très vite devenues un sujet récurrent lors de mes entretiens avec des doubleurs. Danielle Perret, la directrice septuagénaire, raconte aussi comment le fait de devenir maman l’avait poussé vers le doublage. Après son congés de maternité, elle s’est très vite rendu compte qu’elle ne pourrait pas retourner dans l’industrie du cinéma pour laquelle elle avait travaillé plus tôt.

Et ce bébé, maintenant âgé de 50 ans, a suivi un itinéraire similaire. Comme sa mère, Déborah Perret a débuté au cinéma, avant de faire une pause afin d’avoir un enfant. Aujourd’hui, aussi grande et élancée que sa mère est petite, vêtue d’un débardeur et une paire de lunettes bleu turquoise sur ses grands yeux marrons, elle travaille dans l’industrie du doublage, en coulisse. Elle double les voix de Jennifer Lopez, Salma Hayek, Holly Hunter, et Kate Blanchett, mais elle écrit aussi les scripts en français que les autres doubleurs disent et jouent lorsqu’ils travaillent sur un projet donné. Elle écrit en partie parce qu’elle adore ça, mais aussi parce que cela lui permet d’acquérir une certaine stabilité financière. Être invisible ne suffit pas à échapper à l’univers impitoyable de l’industrie du divertissement.

“Une actrice, passés 40 ans, ne trouve plus énormément de travail” explique-t-elle. Il y a plein de rôles pour les vieux mecs dans les films — “Flics, le méchant, le héro, des flics, des flics, des flics” — mais “Pour les femmes, il y a l’héroïne, et peut-être la mère et la pute. J’ai de la chance d’avoir beaucoup de travail. Et si je bosse encore autant c’est parce que ma voix peut passer pour celle d’une femme de 35 ans.”

Le doublage ne protège donc pas entièrement les acteurs du sexisme. Tout comme il ne les isole pas non plus complètement du racisme. L’industrie a permis à Karsenti (qui est blanc), de contourner le monopole des blancs à l’écran, mais j’ai découvert, en parlant à Perret, que les stars noires américaines étaient souvent doublées par des doubleurs blancs. Cela vaut pour Denzel Washington, Morgan Freeman, Forest Whitaker — y compris dans The Butler.

Quand je lui pose la question de savoir si c’est une injustice à son sens, Thierry Desroses me répond que j’ai une réaction typiquement américaine. Ce qui veut dire qu’il pense que j’ai une réaction trop politiquement correcte. “Ce qui compte, c’est l’énergie dans la voix.” me dit-il. “La vibration, la qualité de l’acteur.”

Desroses est le Samuel L. Jackson français. Je dois admettre que je suis un peu surpris, mais en même temps soulagé lorsque je découvre qu’il est noir quand nous nous rencontrons dans un café bondé de Montmartres. En 1994, il fait la voix du personnage de Samuel L. Jackson dans Pulp Fiction. Ensuite, en 2002, quand sort Phone Booth, le représentant français de la 20th Century Fox, noir lui aussi, décide qu’il est temps d’assigner une voix de doubleur noir à Forest Whitaker, qui était doublé, jusqu’à ce jour par le même mec blanc qui avait doublé Good Morning Vietnam. “Il y avait beaucoup de blanc doublant des noirs,et il voulait que ça change. Alors il a organisé le casting..” Desroses, un beau mec fin qui participait à un show TV français à succès depuis 1999 a obtenu le rôle. A partir de là il est devenue la voix attitrée Jackson—“Sam,” comme il l’appelle. Il fait aussi la voix de Wesley Snipes, parmi tant d’autres.

“Dans ER, J’étais Dr. Benton,” dit-il.

“Je n’ai jamais vu ER.

“C’est le mec noir. Je fais aussi The Blacklist, le personnage de Harold Cooper — ”

“Lequel est-ce ?” demandai-je.

“C’est le mec noir.” Il me dit qu’il a aussi doublé “le mec noir” dans Fringe. Ce matin, me dit-il encore,il était au studio de doublage pour un personnage de chez FX’s Louie.

“C’était le mec noir ?” demandai-je.

“Ouais !”

Le Forest Whitaker blanc continue d’obtenir la plupart des rôles de Forest Whitaker cependant ; Laurence Fishburne, Kerry Washington, Oprah — sont aussi souvent doublés par des doubleurs blancs. Est-ce que Desroses a déjà doublé des acteurs blancs ? “Non. Je ne sais pas pourquoi.” Mais il s’en fiche complètement, pour lui c’est l’art qui prime. Il est “Acteur avant tout”, comme il dit, et il fait ce métier depuis 20 aujourd’hui. “Ce n’est pas une question d’argent” — on en gagne bien plus en passant à l’écran. “C’est une question de plaisir.”

En juillet dernier, alors ministre française de l’économie, Arnaud Montebourg a parlé du redressement économique. “Nous avons demandé aux acteurs de l’audiovisuel et du monde digital français de s’unir,” a-t-il dit face aux minitres et aux parlementaires , “afin de trouver des alternatives pour répondre à l’offensive anglo-saxone dans les domaines du cinéma et de la culture.”

Quarante pourcent du contenu de la télévision française est américain. Oui, avec CIS, les Simpson (anecdote rigolote, les Homer et Marge français sont ensemble dans la vraie vie), Friends et 24 heures — mais sans l’intervention de l’état, ce pourcentage serait encore supérieur. Quarante pourcent est le maximum autorisé par la loi. Dans les salles de cinéma, où aucun quota n’existe, la France et Hollywood se disputent constamment pour la suprématie. Evidemment, ces doubleurs français talentueux font du bien à Hollywood, car le public français peut alors rapporter des centaines de millions de dollars supplémentaires. Et l’industrie du cinéma le leur rend bien : Kelyan Blanc, le Daniel Radcliffe français gagne sa vie en travaillant de 5 à 20 jours par mois, son temps libre étant dévolu à ses études et ses loisirs. Il est plus difficile d’estimer si ce raz de marée de films américain mis à la portée du public francophone est positif ou non pour la France.

En 1998, les parts de marché du film français sont tombées à 27 pourcent. Les US étaient depuis des générations déjà le plus grand exportateur de films, mais la fin des années 90 a été catastrophique pour les productions françaises. Les réalisateurs français se sont regroupés et lentement les choses se sont améliorées. Jusqu’ici, en 2014, ils sont au coude à coude : les films français ont fait 46.3 pourcent du box-office domestique, tandis que les films américains engrangent 45.7 pourcent. Mais ce serait un miracle si ils parvenaient à conserver la tête jusqu’à la fin de l’année avec les énormes sorties en salle de blockbusters tels que Hunger Games : Mockingjay et Gone Girl.

“Le premier film de Woody Allen était très français,” me dit Déborah Perret alors que nous discutons dans son appartement. Mais désormais, dit-elle, “Les gens, en France s’associent pour des films” — le principe même des films — “avec l’Amérique.” Et tout comme en Amérique, ce ne sont pas les films artistiques qui se vendent le mieux. Même parmi les productions françaises, les meilleures ventes aujourd’hui, sont plutôt des comédies déjantées.

Thierry Desroses pose à côté de Samuel L. Jackson.

“Les français ne sont pas des geeks,” me dit Déborah Perret en m’expliquant que les cinéphiles français ne sont pas plus discriminant que nous le sommes aux US. En tant qu’américain, il est de mon devoir de voir les français (qui sont sujets de tellement de blagues et de jalousie dans ma culture…) comme bizarres et dramatiques, sensuels, bêcheurs et magnifiques, débordant de joie de vivre tout en émanant de cette mélancolie naturelle et collective. (Divulgation complète : je suis mariée à un français qui n’a strictement rien fait au cours de nos années d’union pour contredire toutes ces suppositions). Voilà pourquoi nous les adorons ou les détestons, mais sommes absolument obsédés par eux. Voilà pourquoi nous nous damnerions pour savoir comment ils élèvent leurs enfants et comment ils font pour ne pas devenir gros. Ils sont tellement différents !

“Les français adorent les films tels que The Expendables,” dit Perret. Ce n’est pas son opinion, mais une donnée vérifiable et quantifiable. Elle touche des royalties sur les films qu’elle a traduits et vous pouvez croire que The Expendables lui en a rapportées de belles. “Quand j’étais jeune l’économie tournait bien, alors on allait voir des films pour penser, pour réfléchir,” explique-t-elle. “De nos jours la vie est dure alors vous allez au cinéma pour vous détendre, pour vous relaxer.” La vie est pénible : voilà un sentiment qui dépasse les frontières.

“Qui sait ce qui se serait produit si aucun film américain n’avait atteint la France ?” dit-elle en haussant les épaules. Mais ce n’est pas ça qui l’empêche de dormir. La prise de pouvoir du cinéma américain était inévitable et elle est advenue. Son job, c’est juste de doubler les films du mieux possible.

Aucun des doubleurs à qui j’ai posé la question, n’a semblé s’intéresser à l’influence de la culture américaine sur la société française au travers de leurs films. Ni aucun de leurs collaborateurs du reste. Même Pascal Rogard, directeur de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques -l’équivalent de la Writers and Directors Guilds of America-, et donc l’homme dont le travail consiste à protéger l’industrie du film français, pense que la diversité des importations américaines doit être saluée. Mais son souci numéro un pour l’instant est ailleurs, il s’agit de la nouvelle percée dans l’industrie du divertissement de la menace anglo-saxonne qu’avait déjà pointée du doigt l’ancien ministre Montebourg dans son discours.

Netflix.

Ce ne fut pas chose aisée, pour le plus grand distributeur de streaming de percer en France. Ce n’est pas parce que Netflix était mal préparé, mais parce que le gouvernement français a lutté comme un lion pour résister. Lorsque je suis arrivé en France les gros titres précédents le lancement imminent voulait tout dire : “Netflix : la France résiste au géant américain.”

En France, la considération spéciale pour les biens artistiques a reçu le nom d’exception culturelle. “L’Exception Culturelle” — la culture française est exceptionnellement importante à protéger. Des décennies plus tôt c’est la SACD qui a contribué au lobby législatif permettant de protéger les films français. Il y a des taxes sur les profits du cinéma, de la télévision, et des télécommunications qui sont reversées en subventions à l’industrie cinématographique, de l’argent qui permet à la production française d’exister. Il y a aussi toutes les la législation concernant le câble (les bouquets et l’offre à la demande doivent avoir du contenu français) et le laps de temps entre la sortie en salle et la diffusion sur petit écran. Mais comme le siège social de Netflix se trouve aux Pays-Bas — qui correspond plus ou moins aux Iles Vierges européennes en matière de secret et de discrétion bancaires- , Netflix va pouvoir contourner ces obligations jusqu’à ce que l’Union Européenne, collectivement, s’entende pour promulguer des nouvelles lois limitant cela.

Cela pourrait prendre des années. Au même moment, avant même que Netflix soit lancé, sa direction a fixé les objectifs pour la société : être présent dans 1/3 des foyers français dans les dix prochaines années, voire dans les cinq.

“Ce n’est pas juste,” dit Rogard. “Vous n’avez pas besoin de vous protéger car personne n’est assez gros pour rivaliser avec vous,” se plaint-il au sujet de l’industrie du film américain. “Vous protégez votre industrie automobile. Vous avez des lois pour limiter les importations de véhicule.” Et il souligne aussi les nombreuses fondations et associations privées et les organisations à but non lucratif qui soutiennent l’industrie des arts. Mais désormais le public français va voir accès à un contenu américain illimité, qui évitera les régulations que tous les autres diffuseurs français doivent respecter.

Peut-être qu‘il a raison : ce n’est pas juste, comme le disent les réalisateurs français et les distributeurs de vidéo à la demande. Quoi qu’il en soit, et malheureusement pour les studios de doublages, il y a une autre bataille à laquelle ils vont devoir se préparer.

Didier Breitburd, un directeur de doublage de 77 ans pense que l’avènement de Netflix marquera le début de la fin pour le doublage. “Les techniques vont changer,” prévoit-il. “La qualité va être affecté. Ce ne sera pas aussi bon qu’avant.”

Depuis 1959, Breitburd a supervisé le doublage de 1,648 films (ainsi que de nombreuses séries TV ). Il a vu naître et croître l’industrie et a notamment doublé La Nuit des Morts Vivants (l’original). “L’industrie était déjà en train de tendre vers le digital de plus en plus vite ces dernières années,” dit-il. Grâce à Internet, les réalisateurs et les doubleurs n’ont plus a s’envoyer le matériel physiquement, par courrier. Grâce aux ordinateurs le processus de doublage est devenu de plus en plus pointu, et en même temps, ces progrès ont accru la pression sur les personnes en charge. “Plus on entre dans le digital,” dit Breitburd, “et plus vite Hollywood veut que le travail soit fait.”

Aller plus vite est un problème, parce que le procédé entier — et pas seulement le travail de jeu de voix- est absurde, obsédant et incroyable. Perret, la fille, qui travaille sur les scripts de grosses sorties telles que The Hunger Games et The Hundred-Foot Journey, me fait traverser le bâtiment jusqu’à son bureau. Elle m’explique alors comment elle parcourt le script original et propose, pour chaque phrase anglaise, une première phrase qui a un sens quasiment similaire mais aussi une longueur presque identique. Cette tâche seule est déjà un travail gargantuesque, les français ont une manière si particulière, langoureuse, d’agencer les mots pour infuser le sens et les idées. En plus de cela, et pour que le doublage semble encore plus réaliste, elle doit identifier toutes les fois où les personnages prononcent les sons, m, p, or b en anglais, et trouver un équivalent français avec les mêmes consonances. Et le mot de substitution doit se trouver exactement au même endroit de la phrase en français qu’il est en anglais. Elle doit aussi trouver quoi mettre à la place des nombreux noms de familles que les personnages ou les acteurs s’adressent les uns aux autres à longueur de temps dans les films ou les shows TV, car ce n’est pas une manière de parler très naturelle en France et cela sonnerait bizarre. Elle doit encore trouver des mots — sans changer le sens ou en ajouter dans une phrase donnée — pour remplir les blancs occasionnés par la kyrielle de mots-poubelles utilisés à tout bout de champ par les américains, tels que : um, uh, ah, you know, I mean. Lorsque les français ouvrent la bouche pour parler, ils font des phrases avec des vrais mots et ne possèdent qu’un mot passe-partout : euhhh. Ce mot est utilisé avec parcimonie. On ne peut pas le placer en lieu et place de chacun des mots-poubelles américains, sans quoi le personnage parlerait comme un décérébré. Perret doit aussi faire attention au fait que les mots anglais occasionnent une ouverture de bouche plus ample — whyyyyy, thaaat — alors que le français a une ouverture plus étroite, plus rapide avec ses mm mm mm mm bup bup bup plus rythmés sur le visage (ne la lancez pas sur les films chinois qu’elle traduit de temps en temps ; cela lui vaut des journées harassantes, car les chinois ont toujours la bouche ouverte). Si il y a une TV ou une radio en fond sonore, elle doit traduire ce qui est dit également, et si c’est JFK ou les Black Panthers elle a intérêt à se montrer plutôt pointu sur les nuances. Si le film a du contenu au sujet duquel elle ne se sent pas au fait — “Pour Kill the Messenger, je dois faire tout un tas de truc avec la drogue… Je ne prends pas de crack, ni rien d’autre… Et bien j’ai du apprendre à fabriquer du crack”— elle mène des recherches poussées afin de bien intégrer les idées et les “lingos” (dialectes) qu’elle traduit. Elle doit savoir capturer la nuance du terme “lingo” par exemple. Elle doit savoir capturer le sens précis et l’esprit d’expressions anglaises qui ne veulent littéralement rien dire en français (et qui parfois ne veulent littéralement rien dire en anglais non plus du reste). L’anglais britannique est encore pire, dans la mesure où le comique repose souvent sur des jeux de mots qui sont pratiquement impossibles à traduire. Elle supprime les points des phrases anglaises et les relient ensemble par des virgules, parce que alors qu’en anglais les variations de tons sont naturelles et nombreuses, en français on ne garde cette intensité que dans le cadre d’un propos continu, d’une tirade. Et lorsqu’elle a terminé, elle re-suit chaque ligne encore, et encore, et encore, avec le son afin de voir comment tout se superpose, elle fait des réglages, les retouche, puis revient en arrière et repasse quelques phrases groupées ou une scène entière,… Encore quelques réglages…

Imaginez faire ça encore et encore, et devoir le faire toujours plus vite afin de respecter les délais imposés par le flux croissant de matériel à doubler, à cause de la place prise par les distributeurs de streaming. “C’est notre stratégie,” dit Joris Evers, Directeur de la Communication chez Netflix Europe, “offrir en exclusivité de plus en plus de programmes et de séries TV américaines,” Penny Dreadful, Fargo, From Dusk Till Dawn. “Le nouveau contenu est en cours de doublage, du contenu qui n’était pas disponible en français, et nous allons promouvoir cette politique.”

Même lorsque le travail de Perret est terminé, tout est encore vérifié. “Il y a une vingtaine d’année, tu écrivais un script et personne ne le contrôlait,” raconte-t-elle. En tant qu’auteur tu avais carte blanche pour le contenu. Si tu souhaitais franciser un tant soit peu une ligne et bien libre à toi de le faire, c’était même votre prérogative. Et cela arrivait souvent. Il y a une scène dans Dirty Dancing, que les enfants français des années 80–90 connaissent par coeur comme leurs homologues américains,dans laquelle l’héroïne, Baby, se fait pincer par son père en revenant à la maison après avoir participé en cachette à un concours de mambo. “Et ôte ce truc de ton visage,” lui dit-il en regardant dédaigneusement son maquillage, “avant que ta mère te voit.” Dans la version française, les enfants ont grandi avec la réplique : “Et ôte ce truc dégoûtant de ton visage — tu ressembles à une pute.”

De nos jours, les studios de Hollywood ont des bureaux et des représentants en France pour gérer toutes ces affaires, et ils vérifient tout. Absolument tout. Ils ont tendance à forcer les auteurs à uniformiser la langue plutôt que d’encourager la créativité ou la singularité — vous pouvez dire putain et montrer des seins à la télévision en France, mais le distributeur américain préfère entendre “Tu es un idiot,” que “Tu es une merde,” dans une émission. Lors du doublage Guardians of the Galaxy, Karsenti m’a dit qu’il y a eu beaucoup de discussion de la part des auteurs de Disney pour savoir si il pouvaient laisser la phrase “se retirer le balai du cul” ou la traduire par “se retirer le balai des fesses.”

Quoi qu’il en soit, Perret a généralement un maximum de deux semaines pour boucler tout ça. Parfois une semaine et demi. Avant elle avait un mois, et les auteurs comme elle auront bientôt encore moins de temps.

“Notre promesse est diffuser les épisodes de Better Call Saul aussi vite que possible après leur diffusion aux U.S.A.,” communique Netflix. “Pourra-t-on les proposer le jour même ou le lendemain, cela prendra-t-il une semaine ?”

“Tout évolue,” dit Breitburd, par la force des choses lorsque l’on parle de production accélérée.“Nous devons évoluer de concert.” Lorsqu’il a démarré dans les films, il y avait des pistes audios analogiques et optiques, puis les bandes magnétiques. Mais cette fois, lui ne participera pas à la révolution du doublage vers l’ultra-rapide. “Ma carrière est faite,” dit-il. Il est en semi-retraite, acceptant de travailler sur des contrats un peu spéciaux et à sa manière, avec des délais plus longs, lorsque les réalisateurs américains font spécifiquement appel à lui. Il travaille beaucoup pour HBO.

En dehors de son business presque artisanal, et en tout cas personnel, “Il y a des bonnes compagnies et d’autres moins bonnes parmi les douzaines de studios de doublage français”, dit-il. “Ça ne changera jamais.” Mais les mauvaises deviennent de plus en plus mauvaises avec le temps, ainsi, de l’avis de Breitburd, même Dubbing Brothers, qui compte parmi les rares ayant une excellente réputation, commence à baisser en qualité. “Ce sont des personnes honnêtes,” dit-il, “mais à vouloir faire de la quantité, et bien vous perdez forcément quelque chose. Ils sont très compétents lorsqu’il s’agit de doubler des films mais ils sont moins bons pour les show TV, car ils en font trop.” Et cela les oblige à s’imposer des cadences encore plus infernales.

D’après l‘estimation de Breitburd, l’apogée de l’industrie du doublage est passée. “Cela fait au moins cinq ans que nous avons commencé à perdre en qualité,” dit-il. “C’est Internet.”

Comme tous ceux à qui je parle, l’un des plus célèbres doubleur d’acteurs de France ne se soucie guère d’autre chose que de la qualité de sa propre performance. Je rencontre Alain Dorval dans un café désert d’un quartier chic de Paris. Dorval est énorme : il est le Sylvester Stallone Français. C’est un rôle qui a fait de lui une véritable icône. Les films de Rocky sont rediffusés à la télévision française peut-être plus régulièrement encore qu‘en Amérique et le Stallone façon Dorval est merveilleux. Une voix cassée de gros fumeur, grâce à laquelle il fait sonner Sly d’une façon magnétique, comme une gueule cassée et un mec fort à la fois. Mais Stallone lui-même c’est quelque chose en France, il représente l’Amérique pour la culture française. Dans Les Guignols de l’info, un programme satyrique de début de soirée, une poupée à l’effigie de Stallone apparaît régulièrement, à la tête des troupes de l’armée U.S., ou à la tête de la CIA, ou plus récemment encore menant l‘expédition médico-militaire en réponse à Ebola. Quelque soit le sujet du jour abordé par la poupée de Stallone, le mec en charge de la voix de la marionnette penche vers la version de Stallone façon Dorval (qui, soit dit en passant, ne parle comme aucun américain).

J’avais été prévenu par plusieurs sources que je ne citerai pas, qu’il se pourrait que je trouve Dorval un brin trop français — je veux dire, outrageusement français. Peut-être même cassant. Pour me faire passer le message on avait d’ailleurs utilisé une expression bien française “il pète plus haut que son cul”. Mais du haut de ses 68 ans,il m’a paru chaleureux et amical, voir même philosophe (quand je lui demande ce qu’il fait de son temps libre, il me répond “Je regarde pousser mes arbres”, quand je lui demande si il travaille beaucoup il dit”A quoi bon ?”). Il a commencé sa carrière au théâtre, qui a d’ailleurs toujours sa préférence. Il hausse des épaules lorsque je lui demande si il pense avoir eu un impact important sur la culture française en donnant vie à sa manière et avec tant de talent à cette icône américaine. “Je ne sais pas,” fait-il en haussant les épaules de nouveau.

Il pense que le flot de films américains a sans doute contribué à rendre le cinéma populaire de manière plus générale en France, et que les français sont nuls pour réaliser certains genres en particulier (les westerns principalement). En retour, les américains ne savent pas réaliser des choses typiques, dans le style de ce film dramatique de 1938, intitulé Hôtel du Nord. Il conclue en disant que tout cela ne l’intéresse guère : “J’espère juste avoir fait du bon boulot.”

“Wahou !” s’est écrié un ami français lorsque je lui ai dit que j’avais rencontré la Voix de Stallone. Puis il me demanda, sans doute repensant aux posters de Stallone torse nu ornant les murs de sa chambre d’adolescent : “Il est taillé ?”

Non. Il n’est pas taillé. Kelly Marot a dit la même chose du Bradley Cooper française, avec qui elle (évidemment) travaille régulièrement, lorsque je lui ai posé la question. “Il est ok,” répondit-elle, après une longue hésitation. “Pas mal.” Elle a admit que c’était assez déconcertant de le voir après avoir entendu sa voix sortir de la magnifique bouche du beau visage de Bradley Cooper. Mais non, ce n’est pas son problème non plus. Les doubleurs gagnent moins d’argent mais ont moins de problèmes. Dorval a rencontré Stallone par deux fois, il l’aime beaucoup et le respecte profondément — mais il trouve sa vie de Stallone français infiniment plus simple que celle du vrai. Il affirme même qu’il se considère comme chanceux.

Dorval au travail.

Onze jours plus tard, je quitte la France, et d’autres photos nues de Jennifer Lawrence sont divulguées en ligne. Neuf jours plus tard, une troisième salve de photos illégales, violant sa vie privée sortent. Clay Aiken, une ancienne gloire de la télé réalité, qui n’est plus une star du tout, affirme dans leWashington Post que c’est tout ce qu’elle mérite.

De retour à la maison, je lis les news, je me demande si Marot est au courant de ce qui arrive à J-Law. Elle me répond qu’elle ne surfe pas trop sur le net. Je sais que Dorval ne sait pas, il m’a expliqué qu’il n’était pas versé dans le virtuel ou le digital, il n’a d’ailleurs pas même lu les articles publiés sur lui en ligne, mais il sait qu’il y en a.

Les ordinateurs vont peut-être bien faire du mal au doublage. Peut-être que l’industrie va entrer en période de déclin, comme le journalisme et toute l’industrie musicale et les choses qu’Internet a ruiné. Mais pour l’heure, le doublage de haute qualité demeure un véritable Art à part entière.

Lorsque j’ai demandé à Dorval si il comptait prendre sa retraite un jour, il m’a répondu que si Stallone continuait à faire des films, alors il le doublerait jusqu’à sa mort. Si cela l’amuse toujours. Il continuera aussi longtemps qu’il le pourra, buvant son café tranquillement et regardant ses arbres chéris (mais sans excès) pousser. “Si je me fais renverser par un bus,” me dit-il, toujours attablé au café, et que Stallone a besoin d’une voix française, “ils trouveront quelqu’un d’autre.”

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Cette histoire a été écrite Mac McClelland, éditée par Bobbie Johnson, vérifiée par Julia Greenberg, et corrigée par Lawrence Levi, avec les photographies de Thibault Montamat pour Matter.

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