Forum PHP 2023 : REX d’un débutant

Nolan Prévost
ekino-france
Published in
6 min readDec 19, 2023

Cette année je me suis rendu au forum PHP sous la bannière d’ekino, entreprise pour laquelle je travaille depuis un an maintenant en tant que développeur PHP.
Spoiler : ce fut une très bonne expérience. Voyons voir pourquoi.

Avant de rentrer chez ekino, j’étais chargé de production et d’administration dans une super compagnie de théâtre, Entrées de jeu, spécialisée dans le débat théâtral. Malgré mon attachement à cette compagnie j’ai eu envie de me lancer dans une reconversion professionnelle et j’ai choisi la Wild Code School pour un bootcamp de 5 mois en développement web spécialité PHP. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’en dehors de ma formation et de mon expérience chez ekino, je ne suis pas très familier de l’univers de l’ingénierie web.
Pour des profils comme le mien, cela peut donc être un peu intimidant de se jeter dans une salle remplie d’ingénieurs pour écouter un ou une speaker parler de sujets que l’on peut imaginer trop complexes pour soi. Eh bien chers amis et amies sachez qu’il n’en est rien ! Si certaines conférences ont été hors de ma portée (coucou Maxime Weber et son moteur de collision), j’ai trouvé dans la plupart quelque chose de constructif, autant techniquement que dans mon approche du métier et du monde dans lequel il s’inscrit. Pour ma part, ce sont d’ailleurs les conférences les moins tech qui m’ont été le plus intéressantes.

Je regrouperai donc les conférences en trois catégories : celles qui m’ont apporté des choses que je pourrai mettre en pratique dans mon quotidien pro, celles qui m’ont donné une ouverture sur des possibilités techniques, et celles qui m’ont nourri sur un aspect plus contextuel du métier. Explications ci-après.

Baptiste Langlade dans le feu de l’action.

Des conférences avec un apport technique immédiat

J’exagère un peu, l’apport n’est pas tout à fait immédiat. Les conférences dont je vais parler ne m’ont pas forcément apporté des compétences que je pourrai mettre dès aujourd’hui en application mais plutôt une façon de voir les choses, une ouverture sur un sujet que je considère comme à creuser pour me perfectionner.

Je pense notamment à la conférence de Baptiste Langlade sur les tests. Confronté à une augmentation exponentielle du nombre de tests sur son application, lui et son équipe ont réussi à diminuer ce nombre tout en augmentant la couverture grâce au Property Based Testing et leur framework maison, Blackbox. Un gain de ressource et de sécurité, what else ?
Je ne connaissais pas le concept du Property Based Testing avant cette conférence et, si vous ne connaissez pas non plus, voici quelques ressources :

Du test à la preuve : introduction au Property Based Testing — Baptiste LANGLADE — AFUP Day 2020 Lyon

Property-Based Testing for Better Code — Jessica Kerr — Midwest.io 2014

Je me dois également de citer la conférence de notre cher collègue Sadetdin qui, pour son premier talk, nous a parlé de son expérience avec l’immutabilité. Encore une fois c’est un sujet que je découvrais et je ne peux que vous conseiller de vous pencher sur le sujet pour éviter les déconvenues ! Félicitations à lui et rendez-vous ici où mes collègues parlent un peu plus longuement de son intervention.

Une conférence qui m’a ouvert l’esprit sur des potentiels

La conférence de Maxime Thoonsen a bien éclairci pour moi le fonctionnement de l’IA générative, tout en expliquant assez clairement quelles utilisations on pouvait en faire. Parler d’IA est très à la mode en ce moment mais personnellement, je ne m’y suis pas trop intéressé car la majorité des contenus qui arrivaient jusqu’à moi étaient la plupart du temps alarmistes, alors que comme l’a très bien dit Laetitia Avrot dans son talk sur les index dans PostgreSQL, on appelle aujourd’hui à tort « IA » des choses qui ne sont parfois que de simples requêtes SQL que l’on sait faire depuis les années 70… Bref, tout à ma circonspection, j’ai négligé ce sujet qui s’avère finalement très intéressant. L’IA générative n’a finalement rien de sorcier et tout le monde peut l’utiliser pour créer des apps innovantes. En s’associant les services d’OpenAi, un collègue de Maxime a créé un service qui lit les PDF qu’on lui donne et peut répondre aux questions qu’on lui pose sur le contenu de celui-ci. Simple, mais efficace ! Cela m’aurait bien servi durant mes années fac. Maxime a également parlé de sa vision du futur de la rédaction en ligne. L’intelligence artificielle permettrait à un rédacteur de contenu de donner plus d’informations au robot ainsi que des instructions, ce qui permettrait aux lecteurs d’aller plus loin dans l’interaction. Imaginons un compte rendu d’un voyage, le rédacteur pourrait décrire dans les grandes lignes son périple dans son article, tout en donnant beaucoup plus d’infos au robot. Si le lecteur est intéressé par l’histoire et veut aller plus loin, il pourrait engager la conversation avec le robot qui se livrerait plus en détail en se faisant passer pour l’auteur. Intéressant, mais cela me rappelle l’histoire de Replika, une IA qui permettait à ses usagers de discuter et qui a plongé dans un profond désarroi nombre de ses utilisateurs suite à l’arrêt d’une de ses fonctionnalités (l’histoire ici).

Isabelle Collet sous les projecteurs.

Mes deux conférences préférées

Je commence cette partie avec la conférence de Loris Guémart qui a clôturé avec brio la première journée. Sur la relation entre les journalistes et le logiciel libre, son intervention présentait avec justesse le monde de la tech et ses différents protagonistes, montrant à quel point les logiciels propriétaires prenaient le pas dans l’actualité tech. En effet les journalistes, sans surprise, suivent l’audimat la plupart du temps et couvrent en majorité l’actualité la plus bankable qui est liée aux logiciels les plus liberticides.
Eh oui nous sommes tous faibles face au système, comme ces pauvres journalistes, et moi-même je me demande souvent si ma vie ne serait pas bien plus belle avec une Apple Watch au poignet…
Si beaucoup de conférences ont trouvé un écho dans ma vie professionnelle, celle-ci, plus politique, résonne jusque dans ma vie personnelle. En mettant en lumière la relation de dépendance entre le journalisme (tech) et l’argent, Loris Guémart fait finalement une critique de notre système global. Ce schéma est en effet facilement applicable à d’autres milieux professionnels, d’autres aspects de notre quotidien et il me paraît très important de questionner les rapports de forces qui s’exercent aux dessus de nos têtes pour cultiver son esprit critique.

La deuxième conférence qui m’a le plus marquée est celle d’Isabelle Collet sur la place des femmes dans la tech. Avec des exemples concrets, des chiffres et un exposé de l’histoire de l’informatique, elle propose une explication de la faible représentation des femmes dans notre secteur d’activité. Si vous lisez ceci au bureau, un rapide coup d’œil autour de vous sera probablement suffisant pour vous en convaincre.
Une conférence selon moi d’utilité publique qui a trouvé une résonnance dans mon quotidien au même titre que celle de Loris Guémart. Nous vivons une époque de lutte et les femmes n’y sont pas étrangères et à juste titre, il est donc important de sensibiliser tout le monde à l’égalité des genres. Si le point de départ ici est le monde de la tech, les problématiques exposées sont applicables à nos sociétés occidentales dans leur ensemble.

Conclusion : c’était top

Entre apports techniques, effets waouw, claques puis remise en question de ma légitimité et finalement discussions presque militantes (je n’exagère qu’un peu), je garderai un bon souvenir de mon premier événement tech.
J’ai trouvé assez courageux de la part de l’AFUP de proposer, en clôture de chacune de ces deux journées, deux conférences aux accents très progressistes. Quelques minutes de plus et nous parlions avec Loris Guémart d’anti-capitalisme et Isabelle Collet a réussi à nous parler de féminisme pendant 40 minutes sans jamais en prononcer le nom.
Partir de sujets de notre quotidien pro, finalement l’endroit où nous passons le plus de temps dans une semaine peut bien nous amener à des réflexions plus globales sur la société qui nous entoure et c’est une bonne façon d’en remettre en question le fonctionnement.
Les milieux professionnels doivent prendre leur part dans cette quête et l’AFUP l’a je crois très bien fait, je ne m’attendais pas à entendre parler de sujets sociétaux dans une conférence professionnelle mais les angles choisis leur ont donné une place de choix.

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