Pour fille ou pour garçon ? La question qui fait mal.

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Pandacraft

9 min readOct 29, 2019

Je travaille chez Pandacraft depuis presque 3 ans.

Au tout début, j’étais venue pour développer des nouveaux kits éducatifs pour les professeurs des écoles. Les fondateurs, Guillaume et Edouard voulaient aller plus loin et ne pas limiter le projet à nos abonnements mensuels pour les enfants.

Puis, j’ai été en charge des partenariats. Par exemple, on a fait un kit sur le droit des enfants avec l’Unicef France.

Puis, j’ai commencé à écrire des articles sur nos engagements de marque. Et j’ai découvert que j’adorais ça : écrire, raconter notre histoire, parler de nos engagements et surtout échanger avec nos abonnés !

Aujourd’hui, je suis tous les jours en contact avec eux, je leur écris (par mail, sur nos réseaux…) et je les rencontre (hier on a fêté les 5 ans de Neila chez nous !).

Et dans mes échanges avec eux, je me suis rendue compte qu’une question revenait très souvent….

“Est-ce que mes enfants recevront bien deux kits différents (fille ou garçon) ?”
“Je voudrais vous commander la version fille de vos kits”
“Avant de m’abonner, je voudrais être sûre que mon fils recevra des kits pour les garçons.”
Nos kits ? Pour fille ou pour garçon ?! Et ça a commencé à sérieusement me titiller…

La question bien ancrée

Je vais vous donner un premier exemple super concret.
Pandacraft, c’est une communauté de 60 000 enfants abonnés. Parmi eux, il y a exactement 50% de filles et 50% de garçons. Et tous ces enfants ont été abonnés par leurs parents évidemment !
Pour commencer leur abonnement, ceux-ci doivent choisir entre deux kits et l’an dernier c’était soit le kit méduse, un kit plutôt artistique avec une jolie méduse phosphorescente à réaliser, soit le kit volcan, plutôt scientifique pour découvrir différentes éruptions volcaniques…Vous voyez venir la suite ?!
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 70% des parents choisissent le kit volcan pour leur petit garçon. Contre 30% pour leur fille.
On adore les parents de nos abonnés mais…pourquoi ? Déjà à 3 ans, les filles seraient donc plus artistiques que les garçons ?!

Allez, on continue avec un autre exemple.

En octobre dernier, une maman d’abonné nous a contacté via le service client avec cette question :

“Bonjour, je viens de recevoir le kit du mois sur les 5 sens pour mon garçon, mais les lunettes sont de couleur mauve est-ce normal ?”

Encore une fois….pourquoi ? Un garçon n’aimerait pas le mauve à 3 ans ? Ou alors le mauve serait une couleur exclusivement de fille ?

La question qui conditionne.

Du coup, j’ai eu envie de comprendre et d’aller plus loin sur ce sujet des stéréotypes de genre dont on parle de plus en plus. J’avais en tête cette intuition que cette question n’était pas sans conséquence pour le développement de leurs enfants.
Et au fil de mes lectures, je me suis rendu compte que je ne m’étais (malheureusement) pas trompée.

Les jouets genrés renforcent les rôles “traditionnels” de chacun tels que « la petite ménagère » ou le « jeune bricoleur ».

C’est la conclusion de l’étude menée par la sociologue Elizabeth Sweet qui a analysé plus de 7 300 jouets proposés dans les catalogues de la chaîne américaine de magasins Sears. Et la (dure !) réalité est qu’aujourd’hui, dès 3 ans, les enfants sont déjà assignés à des rôles en fonction de leur sexe.

Les jouets genrés ont un impact direct sur le développement de la motricité et de la perception de l’espace des enfants.

Cette fois-ci, c’est le résultat de l’étude de Susan Levine : les garçons ont plus de probabilité que les filles de jouer à des jeux qui développent leur intelligence spatiale : construction, puzzles, Lego, etc.
A noter qu’aujourd’hui, un petit garçon a 3 fois plus de chance qu’une petite fille de recevoir un cadeau dit “STEAM” c’est à dire “ Science Technology Engineering Art and Mathematics” qui développe l’esprit scientifique par exemple.

On a aussi deux data qui m’ont vraiment fait réagir :

1. En primaire, 77% des enfants pensent que “pilote” est un métier d’homme.
2. Dès 6 ans, la majorité des filles s’estiment moins intelligentes que les garçons.

Des exemples concrets ?! J’en ai plein (malheureusement !).

En janvier dernier, nous avons fait un kit sur le thème des dinosaures. C’était un kit pour découvrir le métier de paléontologue et chercher la vraie couleur des dinosaures (saviez-vous qu’à date aucun scientifique ne connaît leur véritable couleur…?).

Ce kit nous l’avons conçu avec un paléontologue du Museum d’histoire naturelle de Paris, Florent Goussard. Dans tout le magazine, il accompagne la lecture et les découvertes des enfants.
Pour aller au bout de l’expérience, on a proposé aux abonnés de lui poser leurs questions au travers d’un questionnaire.
Et parmi les questions récoltées, il y a eu celle de Nora, 7 ans :

“ Je voudrais devenir paléontologue mais est-ce que c’est réservé aux garçons ?”

Et des histoires comme celle-ci, on en a beaucoup d’autres…

Et cela a de vraies conséquences sur l’orientation des enfants lorsqu’ils grandissent !

À titre d’exemple, il suffit de regarder les chiffres de la proportion de femmes dans certains champs des études supérieures.
Selon l’Observatoire des Inégalités, en 2015/2016, elles sont moins de 30% en classes préparatoires scientifiques ou en écoles d’ingénieurs et même seulement 14% à Polytechnique.
On le connait bien… c’est le fameux “plafond de verre” des femmes ou encore “l’effet Matilda” dans le domaine scientifique. L’effet Matilda : “ la minimisation récurrente et systémique de la contribution des femmes scientifiques à la recherche, dont le travail est souvent attribué à leurs collègues masculins.”

La question du rôle des parents

Nous, les adultes, serions-nous vraiment des machines à conditionner les enfants ?
Oui. Evidemment.
C’est nous qui faisons des choix pour eux.
C’est nous qui les orientons.
C’est nous qui décidons d’offrir une dînette à notre fille ou un camion à notre garçon.

Mais c’est aussi nous, les adultes, qui pouvons leur ouvrir le champs de tous les possibles.

Oui. Evidemment.
C’est aussi nous qui les accompagnons dans leurs envies.
Qui leur montrons les différentes possibilités qui s’offrent à eux.
Qui les aidons à comprendre ce qu’ils ressentent “oui, j’aime” ou “non je n’aime pas”.
Qui leur montrons des modèles inspirants d’hommes et de femmes.
Par exemple, on a rencontré l’astronaute Claudie Haigneré pour notre kit sur l’espace ! (retrouvez notre session de travail ici et son message pour les enfants ici )
Et on a aussi rencontré Michel Sarran (“Tout est possible, pour tout le monde!” )

Une question qui n’existe pas chez nous

Toutes ces questions de nos abonnés, ces datas ou ces analyses de spécialistes nous ont permis de mettre le doigt sur un sujet qui n’existe pas chez nous.
Très concrètement, à aucun moment, quand on on conçoit le kit du mois prochain on ne se pose la question “Pour fille ou pour garçon ?”.

A aucun moment, nous ne choisissons des thèmes ou des activités manuelles plus “garçon” ou plus “fille”.

A aucun moment, on se dit : “tiens, les lunettes du kit sur les 5 sens, elles seront vertes, comme ça ce sera ni pour fille et pour garçon”.

En revanche, les questions qu’on se pose en permanence c’est plutôt :

Qu’est-ce que nous voulons faire découvrir à nos abonnés ce mois-ci ?

Quel thème leur permettrait de mieux comprendre ce qu’il se passe dans leur quotidien ?
Un kit sur l’espace à l’occasion des 50 ans du premier pas sur la lune ou encore un kit sur les plantes avec l’arrivée du printemps !

Quelle activité manuelle va permettre aux 3–7 ans de développer leur motricité fine ? Et aux 8–12 ans leur esprit critique et d’analyse ?

Comment faire pour qu’ils aient envie d’aller plus loin sur le thème du mois ? Une fois le kit fini.

Nous concevons nos kits pour les enfants tout simplement.
Sans considération de leur genre.

Chez Pandacraft, nous croyons qu’un enfant est avant tout…un enfant.
Nous croyons que leurs passions sont définies par leur infinie curiosité et leur immense créativité. Pas leur genre.
Nous croyons que chaque enfant est capable de grandes choses !
Nous croyons que notre rôle à nous — adultes, parents, acteurs de l’éducation — est de leur ouvrir le champ de tous les possibles, d’attiser leur soif de découverte et de stimuler leur envie d’expériences.

La question qu’on va combattre à Noël !

Les fêtes de Noël approchent…et avec elles la question “pour fille ou pour garçon ?” va forcément resurgir de plus belle !

Alors, on s’est dit qu’on avait un vrai rôle à jouer.
En tant qu’acteur de l’éducation des enfants, c’est à nous de nous engager pour sensibiliser les parents.

Et on le fait.

Pour montrer que cette question est absurde, on a fait trois vidéos en “fausse” caméra-cachée.

2. Pour sensibiliser les parents — les adultes en général aussi — on prend la parole sur le sujet, sans mâcher nos mots.

Sur les réseaux sociaux, Guillaume et Edouard, nos fondateurs, se lâchent au micro de Simone :

Et aussi en podcast. Guillaume, tout jeune papa à l’antenne de Histoire de Darons, ce podcast génial de Fabrice Florent.
3. Et puis, pour passer à l’action, relevez le défi avec nous !
Cette année, ne foncez pas tête baissée dans les rayons rose-bonbon pour combler votre petite nièce.
Cette année, vous ne taperez pas sur Google “idée cadeau garçon”.

Cette année, remplacez la question “Pour fille ou pour garçon ? ” par :
“ Qu’est-ce que mon enfant aime faire ? ”
ou encore “Qu’est-ce que j’aimerais lui faire découvrir ?”

Prenons profondément conscience que nos choix d’aujourd’hui ont des conséquences sur les adultes que seront nos enfants demain. Pas besoin de faire une révolution ! Ce changement doit se faire calmement et de façon optimiste pour eux ! Sans paniquer ou trop se jeter la pierre ! Nous ne sommes pas parfaits…
Et puis … Rome ne s’est pas faite en un jour.

4. Vous êtes un peu perdu maintenant ?! “Ok mais je vais offrir quoi à mes enfants, ma nièce ou mon filleul à Noël ?”

Je ne vais pas vous laisser bredouille comme ça ! Des idées de cadeaux chouettes, ludiques, éducatifs, qui font vraiment plaisir aux enfants, on en a plein à vous proposer !

Déjà, vous pouvez l’abonner à Pandacraft ( sans blague !)
Dans la catégorie “activité manuelle”, privilégiez des jeux qui stimulent leur créativité !
- Par exemple, on adore les posters géants de stickers de Poppik. Celui pour découvrir les constellations est extrêmement bien fait !
- Ou des kapplas tout simplement !
Dans la catégorie “littérature jeunesse”, voici une petite liste (non exhaustive !) de ce qui nous inspire :
- Un beau livre illustré : Le grand voyage, de Orane Sigal. Une histoire
- Une BD : toutes les BD Pico Bogue éditées par Dargaud, crées par Alexis Dormal et Dominique Roques
Dans la catégorie “écran intelligent” : emmenez-le au cinéma voir Les Incognitos ! Une chouette histoire de scientifiques qui sauvent le monde !
Dans la catégorie “tous aux fourneaux !” :
- Un livre pour faire des recettes rigolotes en famille
- Kiddoz, un kit pour cuisiner tout en faisant des maths. J’ai rencontré les fondateurs, c’est un super projet, n’hésitez pas à les soutenir, ils font en ce moment une campagne kickstarter.
Dans la catégorie “toujours plus loin” : un télescope, un microscope ou un appareil photo… bref, des objets qui poussent les enfants à être curieux, attentifs de leur environnement et à s’émerveiller du monde !