Augustin de Belloy : “Nous voulons faire des séries pour aider les spectateurs à imaginer différents avenirs possibles”
Augustin de Belloy est le fondateur de Left Productions, il partage avec nous son envie de produire des séries.
Peux-tu nous parler de ton parcours ?
Quand j’étais adolescent, mes parents ont créé une troupe de comédie musicale familiale, nous jouions ensemble avec ma petite sœur sur un script écrit par mon père. Nous avons fait des tournées en France et sur la côte Est américaine. J’ai donc été un enfant du spectacle, ce qui me permettait de rater les cours ! En grandissant, j’ai eu envie de travailler dans la culture, mais j’aimais aussi le business : à la sortie des spectacles je m’occupais de la vente des CDs et on se tirait la bourre avec ma soeur pour savoir qui en vendrait le plus ! Je me suis demandé quels étaient les métiers qui pouvaient mêler ces 2 dimensions, et je me suis orienté vers le métier de producteur. Dès le lycée, j’ai commencé à en rencontrer. Ils m’ont dit: “pour faire des films, il faut l’argent des autres, et il faut du coup leur donner des raisons de te faire confiance.”
Je suis du coup entré en prépa avant de faire HEC. Sur place , avec un ami de promo qui est devenu réalisateur depuis, nous faisions des films pour nous faire la main et financer nos études. Nous avons fait notre stage ensemble en tant que bras droits de Pierre-Ange Le Pogam, alors l’associé de Luc Besson chez EuropaCorp. Je suis ensuite parti un an aux Etats-Unis pour travailler dans une société de financement des films, mais je me suis très vite rendu compte que ce monde n’attendait pas les jeunes. Je suis donc rentré en France avec l’idée de monter ma propre société de production et je me suis associé avec Boris Larbouguigne, le créateur de 3èmeGauche, une chaîne YouTube dédiée à la musique, et ensemble, nous avons créé Left Productions, « the Right Company ».
Peux-tu nous présenter Left Productions ?
Left est née il y a sept ans. A l’origine, nous nous sommes concentrés sur les pubs, clips et contenus avec dans l’idée, à terme, de faire des séries. Nous sommes aujourd’hui basés à Paris et à Los Angeles avec des équipes à Londres.
Nous sommes aujourd’hui dix-neuf dans l’équipe, complétée d’un grand réseau d’intermittents. Pour ma part, je m’occupe surtout de la partie développement et stratégie commerciale, et mon associé gère la partie direction artistique et production. La société est divisée en trois secteurs : le développement/stratégie, la production/création et la post-production.
Quels sont vos projets actuels ?
Nous développons actuellement deux projets de séries TV, l’une pour les États-Unis et l’autre pour la France. Paper to Film nous a facilité la vie pour la recherche d’auteur. Nous leur avons envoyé 2 pitchs, ils ont fait un premier screening et nous avons finalement sélectionné un duo pour l’un de nos projets.
Peux-tu nous décrire en quelques mots les premières séries que vous développez ?
La série française que nous sommes en train de développer devrait aboutir à un format de 8x26 minutes. C’est une comédie sur la désobéissance civile, sur un grand mouvement qui forcerait l’Europe à vraiment combattre le réchauffement climatique. L’idée c’est de faire de la comédie tout en faisant passer des idées sur notre monde actuel, de faire une sorte de manuel de désobéissance civile pour aider les gens à s’y mettre !
La série américaine traite de la naissance de la première religion 100% digitale, dans laquelle des influenceurs créent une religion un peu comme une blague au départ, et qui se rendent compte qu’ils ont fait naître un véritable culte.
Quelles relations entretiens-tu avec les auteurs ?
Notre objectif en tant que producteurs est de créer des opportunités pour que des films se fassent. Pour cela, nous avons besoin de talents avec qui nous sommes en phase, et qui ont un “truc en plus” qui facilitera la vente du projet (des références, des expériences particulières, une renommée, etc). Une base de donnée comme celle de Paper to Film nous permet de nous mettre en contact avec des auteurs qui ont déjà passé une sélection, c’est donc un premier gage de qualité et de confiance.
Avez-vous une ligne éditoriale ?
Pour les deux séries, nous sommes à l’initiative de l’idée de départ. Nous imaginons un pitch et nous le proposons à plusieurs auteurs, puis nous voyons comment chacun s’est emparé de cette idée. Nous aimons réfléchir à des sujets qui puissent être efficaces et intéressants, mais nous avons besoin des compétences et de l’imagination des scénaristes pour développer les projets.
Sur ces deux projets, nous partons de la situation actuelle et imaginons des mondes possibles. D’un côté le postulat de départ est une nouvelle religion, de l’autre c’est un mouvement de désobéissance civile. Nous avons aussi un autre projet qui montrerait la création d’un nouveau pays. L’impulsion qui est à la base de ces projets, c’est d’aider les gens à se forger d’autres représentations possibles du monde dans lequel ils vivent.
À quoi ressemble ta vie de producteur ?
Les premiers producteurs que j’ai rencontré m’ont dit : “il n’y a pas une journée similaire”, ou encore “il y a autant de métiers de producteur que de producteurs”. En ce moment, en parallèle de nos différents projets, je travaille par exemple sur un moteur de recherche vidéo pour rendre la production plus transparente : Right.video. Paper to film facilite la mise en relation avec des scénaristes. L’objectif de Right.Video est de faire de même pour les réalisateurs notamment.
L’objectif au fond est de libérer la créativité dans l’audiovisuel et de permettre aux talents d’être trouvés plus facilement.
Comment peut-on améliorer la production ?
Le problème de la production aujourd’hui, c’est l’accès à l’information et aux relations. Tout repose sur des recommandations, mais ce système a ses limites. Il faudrait pouvoir aller de l’idée au projet final de manière beaucoup plus simple et rapide. J’espère que nous allons vers une industrie où le talent primera sur la cooptation !
Left Productions : https://www.leftproductions.com/
Right.Video : https://www.right.video/
