CE QUE NOUS RÉVÈLE L’ADDICTION À LA TÉLÉVISION DE DFW

Paul Escudier
Paul Escudier
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15 min readSep 12, 2023
David Foster Wallace, East Village, Manhattan, NYC, 2002.
David Foster Wallace, East Village, Manhattan, NYC, 2002.

David Foster Wallace — probablement désigné jusqu’à la fin de cet article par l’acronyme DFW — est un écrivain américain né en 1962, victime en 2008 d’un felo de se¹ à peu près inéluctable quand on s’intéresse à la psyché troublée du bonhomme et qui fut durant son temps une des figures de proue du post-modernisme littéraire américain aux côtés de Pynchon et DeLillo.

Son roman le plus connu et médiatisé, Infinite Jest (1996), s’il n’est pas très connu en France, fait partie intégrante de la culture pop américaine jusqu’à être carrément devenu une sorte de meme : le bouquin fait plus de 1000 pages, est truffé de notes de bas de page qui, regroupées à la fin de l’ouvrage, obligent à effectuer des allers-retours incessants entre le texte et l’appendice et représentent parfois des chapitres entiers de plusieurs pages, utilise souvent des techniques narratives complexes et part dans des digressions techniques ultra-renseignées qui peuvent sembler inutiles, ou juste emmerdantes. La grande blague du libraire américain consiste à avancer que les Américains de moins de trente ans qui veulent un peu jouer les intellos ont tous un exemplaire lu au quart d’Infinite Jest sur leur étagère, bien mis en évidence pour la prochaine conquête qui pénètre dans leur garçonnière.

Inutile de dire que tout cela a attisé ma curiosité.

Le roman est un mélange d’anticipation géopolitique, de miroir du zeitgeist américain au cœur des 90’s, de portraits introspectifs de personnages troublés, et son action tourne autour d’un MacGuffin éloquent : une cartouche TP — équivalent Sci-Fi d’un DVD – si divertissante que quiconque s’installe devant entre dans un état hypnotique quasi catatonique. Le texte est globalement divisé en trois arcs distincts dont l’un en particulier va nous intéresser. Il s’agit de la vie de pensionnaires au sein de l’Ennet House Drug and Alcohol Recovery House, comme son nom l’indique : une sorte de rehab.

Le texte parle de drogues. Beaucoup, et avec une précision médicale. Je pense n’exagérer qu’à moitié si j’avance que DFW cite sans doute 80% des dépresseurs, antidépresseurs, opiacés, opioïdes, anxiolytiques, psychotropes et autres substances que l’Humain a mis beaucoup trop d’effort à synthétiser pour se torpiller le caisson bien comme il faut. Presque chacun des personnages combat une addiction, qu’elle soit à la weed, aux anti-douleurs, à la validation d’autrui ou à l’addiction elle-même. Sans surprise, cette fiction médicamenteuse aura valu à DFW un bon nombre de rumeurs sur ses consommations personnelles qu’il avait tendance à nier, toutes sauf une.

Sa consommation excessive de télévision.

Sans vouloir m’avancer et parler sans savoir, qui plus est d’un type mort qui ne serait pas là pour me répondre en eût-il eu quoi que ce soit à foutre de cet article, DFW a bien évidemment connu des addictions dans sa vie : le cannabis quand il était plus jeune, l’alcool plus tard, sans doute bien d’autres.

Je suis quelqu’un d’obsessionnel. Et si ça n’a pas des conséquences très drôles tous les jours, ça m’offre au moins une sorte de curiosité extatique, une capacité à me plonger totalement dans un univers jusqu’à l’occuper mentalement. Je pense que les raisons tiennent moins à mon appétit pour l’imaginaire qu’à un certain besoin de me distancier de ma réalité (ooh, don’t open that door), mais nous y voilà.

J’ai nourri des obsessions pour des films comme Mulholland Drive ou Eyes Wide Shut, des époques comme le décadentisme de la fin de siècle, les 50’s folk du Greenwich Village, des esthétiques telles que la vaporwave et le préraphaélisme, des jeux vidéo aussi, par exemple Bloodborne et Outer Wilds, et puis des gens, notamment Gainsbourg et Romain Gary.

L’heure est à David Foster Wallace.

Le lien entre un caractère obsessionnel et l’addiction peut être évident pour certaines personnes, pour les autres je propose une citation d’un des chapitres — à mon avis l’un des plus brillants — d’Infinite Jest :

That most Substance-addicted people are also addicted to thinking, meaning they have a compulsive and unhealthy relationship with their own thinking.

L’origine d’une addiction quelle qu’elle soit est ici exprimée avec un minimalisme qui donne le vertige.

Prenons un exemple : un type qui prend pour la première fois un cacheton² en soirée. Une personne relativement saine d’esprit se dira le lendemain qu’il a passé une bonne soirée, et basta. Mais un exemple de raisonnement délétère serait de se dire :

« Tiens, j’ai passé une des meilleures soirées de ma vie grâce à ce truc, pourquoi est-ce que je me limiterais lors de la prochaine ? Qu’est-ce qui m’empêche de faire de chacune la meilleure fête de ma vie ? ».

On imaginerait bien ce type à sa prochaine soirée, désabusé par la seule influence de l’alcool, qui observe compulsivement et de façon quasi monomaniaque son comportement, le défilé de ses pensées, son comportement avec les autres, et qui n’arrive pas à profiter de l’instant présent sans imaginer à quel point la soirée serait meilleure s’il était aussi défoncé que l’autre fois. C’est cette cogitation, et cette cogitation seule, qui crée un terrain favorable à l’addiction. Le sujet s’enferme dans une réalité seconde, dans une projection idéalisée de ses souvenirs qui occulte totalement les inconvénients de son expérience, projection que l’on peut facilement lier aux personnes enclines à la nostalgie, un autre état intimement lié à un caractère obsessionnel.

Selon Michael Weaver, directeur médical du Centre de Recherche Neurocomportementale sur l’Addiction à Houston, la « personnalité addictive » est un mythe et les addictions se développent selon l’expérience de vie de tout un chacun³ — une hypothèse très tabula rasa qui ne plaît pas à tout le monde.

D’autres, comme David Goldman (MD), creusent leurs recherches génétiques et sont allés jusqu’à trouver un gène, le CHRNA5, qui rendrait la première clope moins écœurante et participerait au développement d’une addiction à la nicotine.⁴

On peut ajouter des facteurs extérieurs évidents comme l’environnement familial, la tendance à la dépression ou l’incapacité à gérer la satisfaction différée⁵ mais vous voyez l’idée.

Le bonheur, à mon avis, peut subvenir à travers deux philosophies opposées.

Un bonheur prégnant et durable ne peut exister qu’à travers un certain stoïcisme mêlé d’hédonisme, un abandon complet des questions métaphysiques (« Qu’est-ce qu’on fout là ? Qu’y a-t-il après la mort ? Qu’y avait-il avant le Big Bang ? La notion de Bien a-t-elle une importance quelconque dans un monde dominé par le concept de finitude ? »), voire un certain nihilisme, comprenez : tout ceci n’a au fond à peu près aucune importance, donc flemme de me prendre la tête avec quelque chose d’aussi épisodique que mes petits tracas qui, s’ils peuvent me ruiner absolument la vie à l’instant T, me paraîtront irrémédiablement dérisoires sur mon lit de mort d’ici bien trop peu d’années.

À mon avis, ce genre de sagesse n’est atteignable que par des gens détruits par la vie ou suffisamment proches de la mort pour pouvoir relativiser sans trop d’effort psychique. Ou par les survivants d’une EMI.

Le deuxième type de bonheur, fallacieux, qui je le pense est partagé par une grande partie de la population, est un bonheur que je qualifierais d’expectatif : un bonheur conditionnel constitué d’une série de joies éphémères. Ce genre de bonheur fictif s’épanouit à peu près totalement dans un contexte capitaliste qui crée continuellement des envies pour nous vendre les moyens de les assouvir. Ce bonheur consiste à avancer dans la vie en se créant des attentes plus ou moins saines dont les réalisations se succèdent, jalonnant notre vie de plaisirs éphémères qui nous donnent l’illusion d’être heureux. Cela peut être la perspective de vacances prévues dans quelques mois, d’un rendez-vous ce weekend avec la réceptionniste de votre bureau sur laquelle vous craquez depuis six mois, ou du joint de la veille qui attend d’être rallumé à votre retour du taf ce soir.

Je me rappelle avoir fait un bébé meltdown en sortant de Disneyland Paris, quand j’avais peut-être douze ou treize ans, en pleine préadolescence, vivant des premiers symptômes qui commençaient déjà à saturer mon jeune cerveau. Le parc d’attraction représentait une échappatoire à tout ça, et cette tranche de vie prenait justement la forme d’une succession d’expectations anesthésiantes : l’attente du jour J… l’entrée dans l’atmosphère du parc… la première attraction… le déjeuner burger-frites… le petit cadeau de fin de journée… et la sortie du parc. Et là, réalisant que toutes les joies de la sortie annuelle à Disneyland étaient derrière moi, tenant dans ma petite main mon pistolet pirate dont je savais au fond qu’il ne m’occuperait pas bien longtemps, je vivais une absence totale d’expectations, la perspective froide et stérile du retour au collège le lendemain. J’ai craqué.

Je pense que cet épisode est symptomatique d’un état d’esprit très contemporain. Sans vous ressortir le cliché d’une génération zap perfusée au Zoloft qui consomme frénétiquement avec la capacité d’attention d’une huître en quête d’un fix de dopamine, c’est quand même un peu ça. Sauf que cette recherche de dopamine témoigne d’un manque de sérotonine⁶, ergo la recherche du plaisir devient une quête vers le bonheur. Chaque jour un adulte serre entre ses mains le jouet qu’il convoitait depuis tant — un job, une voiture, une femme ou le respect de ses pairs — et, se rendant compte que l’attente était finalement bien plus réalisante que l’obtention, nous fait un breakdown complet. Il n’y a qu’à voir la brutale prise de conscience de Roman Roy devant la décompensation psychique de son frère Kendall dans l’épisode final de Succession.

Fiction, certes, sauf que c’est vrai.

Dans le domaine professionnel : une étude Opinionway pour le cabinet Empreinte Humaine datant d’octobre 2021⁷ montre que le taux de burn-out a doublé entre 2020 et 2021, a continué de monter en 2022, et grimpera sans doute toujours en 2023.

Dans le domaine personnel, constat de l’OMS⁸ : une personne sur 8 souffre d’un trouble psychique. Bam. Une sur 5 en zone de conflit. Le suicide est la première cause de décès chez les jeunes. 25% en plus de troubles dépressifs ou anxieux depuis la pandémie.

Quelles en sont les causes de cette perte de repères ?

Damasio vous parlera du techno-cocon, sorte de prison virtuelle qui nous offre un confort à outrance mais nous éloigne de valeurs humaines fondamentales. Là-dessus, DFW nous prévenait dès 2003 des dangers du sexe en réalité virtuelle⁹, et imaginait un futur Wall-E-esque peuplé d’humains en perpétuelle station assise qui passent leurs journées à se pignoler sur des deepfakes immersifs en VR. Je ne dis pas qu’on y est, mais tapez « goon caves » sur les internets et vous verrez que la révolution est bel et bien en marche.

Nos petites têtes vertes comme Greta Thunberg ou Mathilde Caillard vous parleront d’éco-anxiété, d’une fin des temps imminente qui empêche les jeunes de se projeter et les noie dans un nihilisme fataliste, une idée reprise par Nevil Shute dans son roman On the Beach sorti en 1957 qui suit la vie quotidienne d’une population condamnée à une fin des temps imminente, lui-même repris dans une vidéo Youtube du remarquable Jacob Geller, analyse de l’art en ces temps pré-apocalyptiques¹⁰.

Une vision plus vieille France de ce constat serait de voir cette énième « lost generation » comme le résultat d’une absence de grand conflit, une des générations qui n’a pas connu la guerre, « si ce n’est celle de la drogue » pour citer Beigbeder. Sans véritable trauma auquel se raccrocher pour mesurer la fragilité d’une vie, on est condamnés à errer dans les limbes de l’existence pure.

Dans une société qui a développé un rapport si conditionnel au bonheur, la consommation de drogues devient quasi inévitable, mais pas pour les raisons auxquelles on pense principalement. La prise de drogue n’est pas ici un palliatif à l’anxiété, un moyen de se désinhiber ou même une échappatoire à la réalité ; la drogue devient un divertissement.

And but so, c’est là que DFW reprend la place d’honneur dans ce papier. Dans Infinite Jest, il n’écrit pas sur ses addictions au cannabis ou à l’héroïne black tar, il écrit sur la plus dangereuse de toute¹¹ : l’addiction au divertissement. Et dans ce contexte, l’addiction à la télévision devient la pire.

Quand on me demande mon avis sur la drogue la plus puissante qui existe, j’ai tendance à déclencher un tonnerre de rires sardoniques ou de soufflements condescendants alors que je réponds avec assurance : le poppers¹².

« Mais t’es fou, ça dure genre 30 secondes » me répondent-ils tous.

Quel rapport ? En effet, ça dure 30 secondes, mais je pense que les effets du poppers sont objectivement parmi les plus puissants par rapport à la simplicité de consommation et la rapidité des effets. La désinhibition provoquée par le poppers est positivement effrayante, et bien supérieure à celles de drogues considérées comme bien plus hard qui, dans les faits, ont des effets beaucoup plus latents et mesurés¹³.

Dans ce contexte de recherche de divertissement instantané, le poppers, au même titre que le protoxyde d’azote¹⁴, trouve une même fonction que la télévision et une place de choix parmi le palmarès de la dopamine : un moyen rapide et efficace d’obtenir du plaisir éphémère.

Dans un monde qui mise tout sur le divertissement permanent, plus rien ne l’est (divertissant).

Alors comment pallier cet affadissement de nos vies quotidiennes ?

Peut-être vous tournerez-vous vers la dopamine detox qui consiste à rayer de sa vie toutes les sources de divertissement dites « immédiates » du type réseaux sociaux, fast food ou média d’infobésité (mon Dieu que j’en ai marre de tous ces néologismes à la con du style éco-anxiété ou quiet quitting¹⁵).

Ou peut-être êtes-vous tombé sur cette adage, insupportable de complaisance, qui nous indique avec un galvaudé Helvetica-ferré-gauche-sur-fond-blanc que CREATIVE PEOPLE NEED TIME TO SIT AROUND AND DO NOTHING, comme si lesdits créatifs appartenaient à une race de démiurges incompris qui ont besoin de passer des journées entières à ne rien branler pour finalement nous offrir les fruits d’une inspiration divine survenue entre deux siestes, sortes de descendants spirituels de Van Gogh, Sylvia Plath ou… Don Draper.

Mais s’asseoir sur un canapé et laisser l’ennui subvenir est loin d’être à la portée de tout le monde. Certaines personnalités ne supportent pas un surplus d’immobilité, de calme et de solitude. Si quelques-uns y verront la manifestation d’une extraversion extrême, je pense plutôt à un inconfort psychique plus profond, une interdiction auto-préservatrice de se retrouver seul avec ses pensées (pensez au cliché de la veuve qui nettoie compulsivement son appartement pour éviter de penser à la mort de son mari). DFW pointait déjà tout ça du doigt quand il prédisait la mort du roman¹⁶, pensant que l’activité de lecture requérant de se trouver seul dans une pièce calme n’étant déjà pas facile pour tout le monde, elle le serait de moins en moins face à l’essor de la distraction omniprésente.

Le problème semble donc clair : nous ne sommes pas accros à des substances, nous sommes accros à nos névroses, et le divertissement à outrance est le seul moyen de nous éloigner de nos pensées néfastes, c’est ainsi que nous sommes devenus dépendants au divertissement lui-même. Le problème vient de nous, ou en des termes plus plats : nous sommes notre pire ennemi.

Je n’ai jamais profondément cru aux vertus du calme intérieur style pleine conscience ou bouddhisme car ils me semblent annihiler cela même qui fait notre humanité : nos passions, nos pensées. « Faire taire le singe » comme dirait Mingyur Rinpoche, un célèbre maître du bouddhisme tibétain. Je préfère être névrosé et humain que vide et sain. Mais de plus en plus, je fantasme dans mes vieux jours à venir une sagesse que je n’aurai jamais soupçonnée et qui se place à peu près à l’exact opposé de mes réflexes les plus primaires : une absence quasi-totale de réflexion. Une expérience sensorielle pure. Un subtle art of not giving a fuck.

J’avoue que c’est une forme d’abandon face à l’impossibilité de dompter ses pensées, mais quand lesdites pensées finissent par s’éloigner de toute rationalité et torturent leur auteur jusqu’à drainer son énergie vitale, l’exténuation psychique devient salutaire et faire l’autruche un gigantesque fuck you à cette aberration évolutionnelle qu’est l’autoconscience.

Je laisserai tous les anxieux, névrosés, rumineux, refoulés, phobiques et TOCés sur cette perle de cynisme, une citation libératrice de DFW :

‘acceptance’ is usually more a matter of fatigue than anything else.

1. Suicide

2. Que l’on peut imaginer comme un dérivé plus ou moins coupéᵃ de la méthylènedioxy-n-méthylamphétamine — plus communément appelée MDMA, « D » ou « molly » — sous formes de petites pilules colorées et stampées contenant entre 80 et 120mg de la molécule, et des ajouts de méthylone, éphédrine, 2-CA, talc, et al. par rentabilité, incompétence dans la synthèse chimique ou, à l’inverse, par souci de cohésion moléculaire.

a. […] laissant une liberté sans précédent aux chimistes d’imaginer des pilules incorporant d’autres substances actives telles que le 2-CB, la cocaïne, la kétamine, le speed ou même de l’acide lysergique diéthylamide (LSD-25), créant par là même toute une foule de comprimés arborant des noms créatifs allant du classique taz aux plus mortels Adam et Eve, deux cachets expérimentaux mélangeant MDMA et MDEA qui, sous l’impulsion d’un quidam wannabe-Timothy Leary dans le Londres des années 80, ont causé à elles seules près de 121 morts lors du fameux Second Summer of Love.

3.Michael Weaver, professeur de psychiatrie et de sciences comportementales, directeur médical du Centre de Recherche Neurocomportementale sur l’Addiction, Centre de Science Médicale de l’Université du Texas à Houston, pour « Do you have an addictive personality? », papier de Marisa Cohen pour WebMD relu par Carol DerSarkissian (MD), mai 2023.

https://www.webmd.com/mental-health/addiction/features/do-you-have-addictive-personality

4. Goldman, D., Oroszi, G., & Ducci, F. (2005). The genetics of addictions: Uncovering the genes. Nature Reviews Genetics,6(7), 521.

https://doi.org/10.1176/foc.4.3.401.

5. Kreek, M., Nielsen, D., Butelman, E. et al. Genetic influences on impulsivity, risk taking, stress responsivity and vulnerability to drug abuse and addiction. Nat Neurosci 8, 1450–1457 (2005).

6. La dopamine, ou « molécule du plaisir », est un neurotransmetteur synthétisé à partir de la tyrosine qui est à l’origine d’une sensation de plaisir immédiat. Elle joue un grand rôle dans le circuit de la récompense qui, s’il est responsable d’un certain nombre de comportements nécessaire à notre survie comme la reproduction ou la sustentation, est aussi la cause principale d’une addiction dans le cas de son dérèglement.

La sérotonine, ou 5-hydroxytryptamine, ou « hormone du bonheur », est également un neurotransmetteur, synthétisé à partir du tryptophane, qui offre une sensation de plénitude et joue un rôle dans l’émotivité, les cycles du sommeil et l’appétit. L’équilibre dopamine-sérotonine est indispensable à l’équilibre psychique.

7. OpinionWay pour le cabinet Empreinte Humaine, enquête datant d’octobre 2021 menée sur un échantillon de 2000 personnes.

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/c-est-mon-boulot/sante-2-5-millions-de-salaries-en-etat-de-burn-out-apres-deux-ans-de-crise-sanitaire_4977885.html

8. « Rapport mondial sur la santé mentale », Organisation mondiale de la Santé, études menées en 2022 sous la direction de Dévora Kestel et Mark van Ommeren.

https://www.who.int/fr/publications-detail/9789240050860

9. Interview de 2003 donnée par DFW à la chaîne de télévision allemande ZDF.

https://www.youtube.com/watch?v=iGLzWdT7vGc

10. « Art in the Pre-Apocalypse”. Jacob Geller, Isaac Holland, 2023.

https://www.youtube.com/watch?v=O9N7Awpk9lE

11. À prendre avec des pincettes, hein.

12. Un alcaloïde nitré composé de nitrites d’alkyle dans une solution hautement volatile, commercialisé dans des petits flacons, souvent de 24mL (Double Rush, Super Rush, Amsterdam, Jungle Juice, Blue Boy, et al.). Son usage a débuté dans les milieux gays au début des années 70 dû à ses effets vasodilatateurs et euphorisants qui permettent une pénétration anale simplifiée dans la joie et la bonne humeur, puis s’est répandu comme une drogue récréative à inhaler par le nez, à effets très éphémères.

13. Cette remarque exclue bien évidemment les drogues les plus hardcore style PCP, fentanyl ou les fameux bath saltsᵃ.

a. Un groupe de drogues de synthèse dérivées de la cathinone naturelle dont l’apparence, au même titre que d’autres substances cristallines types méthamphétamine, a participé à son succès dû à sa facilité de transport et de livraison sous forme de petits sachets de sels de bain. La drogue est devenue virale en 2012 suite à un fait divers macabre impliquant Rudy « Miami Zombie » Eugene, un stoner qui aurait dévoré le visage d’un SDF suite à une consommation de bath salts, même si des analyses toxicologiques peu conclusives font pencher la balance vers une piste vaudoue.

14. Un gaz de formule chimique N2O aux effets anesthésiants, euphorisants et parfois hallucinatoires, consommé en gonflant des ballons ou des préservatifs avec un siphon alimentaire, en inhalant du déodorant à travers une serviette ou, dans les cas les plus sévères, directement avec un cracker à cartouches. Inscrit sur la liste 1 des substances vénéneuses, le « proto » peut-être à l’origine de suffocations, d’évanouissements, d’embolies pulmonaires, de thromboses cérébrales ou même de troubles neurologiques graves dus à une carence en vitamine B12. Si le protoxyde d’azote tue en moyenne 40 personnes par an, son interdiction probable sera sûrement la conséquence de ses effets dévastateurs sur la couche d’ozone, 300 fois supérieurs à ceux du CO2.

15. L’auteur fait ici preuve d’une mauvaise foi assumée compte tenu de l’importance de néologismes au sein d’une langue, puisque la création de nouveaux mots permet de recontextualiser un langage au sein de son époque et crée une inertie nécessaire à sa survieᵃ, idée reprise par le linguiste Bernard Quemada quand il avançait en 1971 que « une langue qui ne connaîtrait aucune forme de néologie serait déjà une langue morte ».

a. Jean-Charles Harvey, dans son premier succès littéraire Les Demi-Civilisés, ne disait-il pas en 1934 que l’on « constate de plus en plus que l’immobilité n’existe vraiment que dans la mort » ? La métaphore de la feuille morte, utilisée par Jean-Philippe Toussaint dans son premier roman La Salle de bain, reprend cette idée de l’immobilité comme une forme d’absence de vie.

16. Voir note 9sub.

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