Peut on “enfermer” l’open innovation ?

C’est une bonne question !

Paul Richardet
Paul R

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Je me rappelle une dame venue pour organiser un événement collaboratif, ouvert, juste comme il faut, open innovation, toussa, qui après avoir visité les locaux, me dit que c’est très bien évidemment, “mais il n’y a pas de porte, comment va-ton faire pour s’enfermer ?”.

Que lui dire ? Que bien sûr si elle veut communiquer, s’ouvrir aux autres, choper des bonnes idées, faire l’interface avec l’éco-système, créer un cercle vertueux d’idées, d’inter-relations, etc… Il vaut bien mieux rester perméable, attendre la bonne occase, la complémentarité et l’effet de réseau.

Mais non, elle ne le voulait pas. Elle voulait être enfermée. Je me suis un peu moqué. Juste pour marquer la contradiction. A peine. Tu me connais.

A l’époque, les gens ne savaient pas bien. Ils voyaient juste un truc qui marche, qui fait du score, du nombre, de la réputation et de la bonne ambiance collective. Et le bouche à oreille faisant le reste, petit à petit, ils venaient voir le lieu. Un peu comme la boite de nuit à la mode, entre l’espace de travail branché et le phénomène vivant des internets. Un entre deux, entre trois, entre tout. Une fissure dans l’espace temps. Un petit bout du futur ici et maintenant.

Donc, notre petite dame n’a pas osé. Elle n’a pas voulu faire le saut dans l’inconnu. Sans doute qu’elle aurait bien aimé, mais son chef. Vous savez bien comment sont les chefs, n’est ce pas ?

Je ne lui ai pas fait le coup de la servitude volontaire ou de FuckYouShima, on va tous mourir et autant en profiter avant la grande marée qui va tous nous submerger. Ou bien la musique de l’orchestre du Titanic. Joue, mais joue donc, il n’y aura pas de canots de sauvetage pour tout le monde... D’ailleurs, il jouait quoi l’orchestre du Titanic pendant le naufrage ? Ca me turlupine cette question.

Revenons à nos moutons, au troupeau et aux chiens de berger. Donc la grande affaire de l’open innovation qui a fini par devenir le sujet à la mode. Open, donc.

C’est allé très vite cette petite histoire. Aujourd’hui, tout le monde en parle et il y a de la demande. Chacun veut son petit bout du futur, bien à lui. C’est humain. Donc, on avait dit le truc magique c’est l’ouverture, le frottement, la fameuse sérendipité, l’inter-action, le mélange, la mixité, etc. Ouvrez les portes, donnez une chance à la chance, faites péter les barrières, demain est un autre jour et le ticket est gratuit.

Et puis chacun a pris son petit bout du futur, il l’a emmené avec lui, l’a formaté à sa mesure, et puis… l’a déposé dans son petit silo, bien à lui, bien fermé, rien que pour lui… Tu vois le truc ? Un petit coup de territorial bien à lui, un petit coup de thématique bien à l’autre, ou encore une filière métier, c’est bien les filières métiers à soi tout seul, tu vois. Le pire est encore à venir, parano quand tu nous tiens, donc je me l’emporte avec moi et je m’enferme avec. La boucle est bouclée.

Elle a gagné la petite dame. Elle a fait plaisir à son chef. Et les fabricants de portes n’ont pas de souci à se faire.

Tu m’as compris ?

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Paul Richardet
Paul R
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Iconoclaste, original, décalé, sensitif, fervent, entremetteur, fraternel, irruptif, boréal, perceptible, humain, trop humain...