Vous connaissez l’Open Source Initiative ?

Paul Richardet
Paul R
5 min readSep 30, 2015

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Courant mai, l’Open Source Initiative — OSI organisait à NUMA un meet up pour présenter son nouveau conseil d’administration et discuter librement avec la communauté des sujets chauds du moment. Le board venait de nommer comme nouvelle présidente Allison Randall, femme développeure ou développeuse — je ne sais pas trop ce qu’il convient de dire -, spécialiste des langages Python et Perl et architecte de la Parrot Virtual Machine. Du sérieux, donc…

Cet événement était organisé par Stefano Zacchiroli en tant que membre du conseil d’administration de l’OSI qui nous a précisé que l’OSI est une association internationale qui fait la promotion du logiciel libre auprès des entreprises, gouvernements, universités et entités de l’éducation, etc… Il a bien voulu nous expliquer le rôle et l’impact de cette association.

L’OSI maintient la liste des licences qui sont autorisées à être appelées “open source”. De nombreux pays utilisent cette liste pour déterminer des critères juridiques ou d’utilisation des logiciels open source. L’OSI est donc une sorte d’organisme de certification. C’est un processus communautaire qui réalise le review des licences. La communauté propose au board d’approuver ou non une licence et la décision est prise selon la “open source définition”, avec des points très clairs et d’autres plus compliqués et génère également une jurisprudence interne.

Quelles sont les valeurs et les sujets d’application de l’Open Source ?

Tout d’abord, le logiciel libre est régi par les quatre libertés identifiées par Richard Stallman. L’utilisateur peut l’utiliser, regarder comment il est fait, le donner aux autres… L’open source est une implémentation de ces droits. On regarde la licence et on vérifie si l’utilisateur a ses droits.

Le logiciel a été le premier à être soumis à ces principes, et en suite il y a eu a un grand nombre d’exemples tel que Linux, Firefox, Debian, Wikipedia, Open Streetmap, etc… qui occupent aujourd’hui une part importante de l’activité informatique et numérique. Après ces succès, l’open source a commencé à influencer de nouveaux sujets : le hardware, l’architecture, la food, les voitures, la santé, les objets communicants… Par exemple l’organisation affiliée Open Source Hardware Association — OSHWA, ou bien Open Vehicle

Mais l’esprit open source n’est pas uniquement régi par les licences. Il est également nécessaire d’avoir une gouvernance qui soit transparente. C’est très important. Sans cela, il pourrait y avoir des tentatives de prise de contrôle par des organisations centralisées et monopolistiques en s’appropriant le code et les efforts des développeurs dédiés. C’est pour garantir transparence et démocraticité que Debian a créé il y a quelques années une “constitution” pour organiser sa gouvernance.

Au niveau de la vie sociale, les relations entre les membres se tissent tout particulièrement en ligne ou en réel avec le FOSDEM par exemple, qui est la plus grande conférence communautaire européenne autour du logiciel libre.

Le free software et l’open source sont deux visions philosophiques différentes sur les mêmes résultats pratiques. Le free software est plus axé sur les libertés de l’utilisateur et l’open source sur les détails techniques du logiciel et la manière de le développer.

Dans les relations avec les entreprises, on constate que le logiciel libre/open source a gagné. En 2015, 95% des entreprises utilisaient des logiciels libres. Cependant, les entreprises dans le domaine du logiciel peuvent avoir la tentation de “capturer” des logiciels libres. Il peut y avoir des logiciels dont la licence est open source, mais dont les contributions viennent uniquement d’une seule entreprise, pas communautaire du tout. Parfois, il existe aussi des astuces légales avec lesquelles l’entreprise peut décider que la nouvelle version du même logiciel ne sera plus un logiciel libre.

Prenons pas exemple Android. C’est un projet créé par Google, qui utilise Linux comme noyau interne, mais toute la couche autour de Linux est complètement contrôlée par Google. Aujourd’hui nous avons accès au code source d’Android. Au début d’Android, on n’autorisait pas cet accès, et on ne sait toujours pas si on pourra conserver cet accès dans les versions futures. C’est très important d’avoir le contrôle sur la technologie que nous utilisons.

Prenons un pacemaker par exemple. Qui a regardé ce qui se passe dans le logiciel d’un pacemaker ? Est ce que l’«utilisateur» peut regarder ce qui se passe dans son pacemaker ? On voit bien l’impact que cela peut avoir dans la vie des personnes. Dans les voitures, les constructeurs veulent des logiciels propriétaires pour valider la garantie — avec les résultats que nous avons vu dans le cas Volkswagen. Ils ferment les droits pour conserver un plus grand contrôle. Mais au dépend du consommateur ou de l’utilisateur ou d’autres fabricants qui pourraient venir compléter ou améliorer les produits ou services.

Il faut aussi respecter des bonnes pratiques !

Pour la bonne gouvernance des projets open source, il faut considérer certains facteurs qui pour l’instant ne sont pas officiellement codifiés, notamment :

  • une bonne licence
  • la participation de plusieurs acteurs
  • il ne faut pas qu’un seul acteur puisse modifier la licence
  • les choix techniques doivent être décidés par la méritocratie (discussion entre les devs)
  • des releases frequentes
  • processus collaboratifs des développement

Pourquoi y a-t-il beaucoup d’américains et peu d’européens dans les organisations internationales de logiciels ?

En Europe, il a beaucoup de contributeurs au logiciel libre, mais peu dans les organes politiques et de représentation internationales. Il faudrait en faire un atout. Les organisations auxquelles nous pouvons faire confiance sont celles qui ont une gouvernance transparente. Dont on peut participer à la gouvernance. Donc, si on n’est pas dedans c’est parce qu’on ne se donne pas les moyens. Prenons par exemple Debian. Il y a une grande représentation d’européens et c’est très bien comme ça.

Stefano Zacchiroli is Maître de Conférences of Computer Science at University Paris Diderot. His research interests span formal methods and their applications to improve software quality and user experience in the context of Free Software distributions. He has been an official member of the Debian Project since 2001, taking care of many tasks from package maintenance to distribution-wide Quality Assurance. He has been elected to serve as Debian Project Leader for 3 terms in a row, over the period 2010–2013. He is a Board Director of the Open Source Initiative (OSI).

Paul Richardet & Charlotte Boutier / #CMTZ / CCby

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Iconoclaste, original, décalé, sensitif, fervent, entremetteur, fraternel, irruptif, boréal, perceptible, humain, trop humain...