Le Conseil SAM : mieux comprendre l’insécurité alimentaire par la donnée

Entretien avec Erika Salem, agente de programme pour le Conseil SAM

CRIEM CIRM
PDS | DSH
5 min readDec 15, 2022

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Écrit par l’équipe de coordination du PDS*

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L’équipe du Pôle d’analyse de données sociales (PDS) s’est entretenue avec l’agente de programme Erika Salem au sujet de la collaboration entre le PDS et le Conseil du Système alimentaire montréalais (Conseil SAM), le premier conseil de politiques alimentaires au Québec.

Crédit: Maxime Allard

En quelques mots, présentez-nous le Conseil SAM.

Erika Salem (ES) : Le Conseil SAM mobilise une série d’acteur·rice·s intéressé·e·s à renforcer le système alimentaire montréalais, de la production à la gestion des résidus alimentaires, en passant par la transformation et la distribution des aliments. Il s’agit d’un groupe intersectoriel d’acteur·rice·s qui travaillent ensemble pour établir et réaliser une vision commune, soit un système alimentaire qui permet à tou·te·s les Montréalais·es d’avoir accès à une alimentation saine, diversifiée, de proximité, abordable et durable. Plus précisément, cette mobilisation cherche à favoriser une collaboration intersectorielle, afin de traiter de cinq enjeux principaux, notamment l’insécurité alimentaire.

Le Conseil SAM est formé de 24 membres qui se réunissent de façon régulière, mais nous travaillons aussi à mobiliser un réseau composé de plus de 200 partenaires qui désirent collaborer pour assurer un système alimentaire plus durable à Montréal. Il s’agit de chercheur·se·s, d’institutions publiques, d’entreprises et d’organisations qui gravitent autour du Conseil SAM et qui partagent la vision commune mise en place par notre plan d’action régional.

Quel est votre rôle au sein de l’organisation ?

ES : Essentiellement, il s’agit d’un rôle de soutien à la réalisation du plan d’action du Conseil SAM. En tant qu’agente de programme, je fais le suivi des projets, je mobilise les intervenant·e·s et je transmets l’information entre les différent·e·s acteur·rice·s qui mènent des projets souvent très similaires d’un quartier à l’autre. Idem sur le plan régional: les parties prenantes qui travaillent sur des enjeux communs ne se connaissent pas toujours. Il s’agit donc vraiment d’un rôle de connection entre les différentes personnes et leaders qui travaillent à bâtir un système alimentaire plus durable.

Au quotidien, je développe des outils de communication qui rassemblent des informations afin d’exposer les enjeux du système alimentaire, en plus d’indiquer qui fait quoi à Montréal pour les résoudre. À titre d’exemple, nous avons développé le site Web csam.ca, en plus de faire un appel à participation auprès de l’ensemble de notre réseau pour établir notre plan d’action 2020–2022. Plus de 92 projets, portés par 55 organisations montréalaises, composent notre plan. Le Conseil fait le suivi des différents projets et tente de soutenir leur développement par un appui financier, technique et sur le plan des communications.

On observe un taux de plus en plus élevé d’insécurité alimentaire à Montréal, en particulier depuis les débuts de la pandémie. Si l’on ajoute à cela inflation économique actuelle, la hausse des loyers et les impacts des changements climatiques, on constate qu’il s’agit d’une problématique qui va toucher de plus en plus de Montréalais·es.

Quels sont les enjeux auxquels le Conseil SAM s’intéresse ?

ES: Nous privilégions une approche de développement durable ; les enjeux environnementaux, sociaux et économiques sont donc à la base de nos actions. Lorsque nous parlons d’enjeux sociaux liés à l’alimentation, nous nous concentrons beaucoup sur l’insécurité alimentaire. On observe un taux de plus en plus élevé d’insécurité alimentaire à Montréal, en particulier depuis les débuts de la pandémie. Si l’on ajoute à cela inflation économique actuelle, la hausse des loyers et les impacts des changements climatiques, on constate qu’il s’agit d’une problématique qui va toucher de plus en plus de Montréalais·es.

Sur le plan environnemental, l’alimentation a un impact. Tous les êtres humains ont un impact sur l’environnement à travers leurs habitudes de consommation quotidiennes. Si nous voulons réduire notre empreinte environnementale et climatique, il faut modifier nos habitudes alimentaires, par exemple en réduisant la quantité de viande qu’on consomme et les matières résiduelles qu’on génère au quotidien lorsqu’on mange, ou encore en augmentant notre consommation de protéines végétales.

Sur le plan économique, il est certain que l’alimentation est un moteur, surtout pour la région de Montréal. Cette ville est un hub pour la transformation alimentaire. Nous avons une industrie, les acteur·rice·s du secteur bioalimentaire, les restaurateur·rice·s et les transformateur·rice·s en sont les principaux intervenant·e·s. Si l’on s’intéresse à la question de l’approvisionnement local, un grand nombre d’institutions scolaires et du milieu de la santé se sont mobilisées pour intégrer un approvisionnement plus local à leurs services alimentaires. Nous avons vraiment une pléthore d’acteurs impliqués dans nos différentes activités.

Quels avantages le Conseil SAM voit-il dans sa participation au PDS?

ES : Le Conseil SAM a l’intention d’avoir un tableau de bord pour mieux suivre les statistiques liées au système alimentaire montréalais. Nous avons cinq grands objectifs au plan d’action, et on veut avoir des indicateurs pour chacun de ces objectifs, afin de suivre nos progrès dans la réalisation du plan proposé. Le PDS s’inscrit pleinement dans cette initiative, vu son engagement dans la collecte de données sociales.

Il est difficile de suivre toutes les données qui existent, de comprendre qui vit de l’insécurité alimentaire, quelles réponses ont été apportées et quels écarts existent à ce sujet. L’équipe de coordination du Conseil SAM peut avoir accès à des statistiques, mais il n’est pas dit qu’elles soient régulièrement mises à jour. Le PDS a la capacité de rassembler des chercheur·se·s et des expert·e·s technologiques qui peuvent faciliter une visualisation géographique des données beaucoup plus sophistiquée que ce que nous pourrions faire. Il peut même nous aider à comprendre certains des problèmes liés à la gouvernance des données, ce qui, en fin de compte, élèvera notre objectif de départ.

Travailler avec l’équipe du PDS nous amènera à créer un outil puissant et centralisé pour tous les acteur·rice·s montréalais·es qui ont à cœur cet enjeu social.

Quels sont les objectifs que votre équipe tentera d’atteindre au cours de la prochaine année ?

ES : Nous souhaitons revoir les indicateurs que nous avons présélectionnés avec les membres du Conseil SAM et les partenaires du PDS. Nous prévoyons également évaluer la disponibilité et la qualité des jeux de données liés à ces indicateurs. Sont-ils toujours pertinents ? Quelles utilisations peut-on réellement en faire ? Tout cela se fera en collaboration avec les partenaires du PDS, la Ville de Montréal et la Direction régionale de la santé publique. Idéalement, nous espérons mobiliser d’autres acteur·rice·s qui pourraient contribuer au projet sans être directement impliqués.

Qu’est-ce qui vous incite à participer à ce projet ?

ES : Je pense qu’il y a beaucoup de potentiel. Pour moi, c’est surtout le fait que le cas d’utilisation est basé sur l’insécurité alimentaire. Le fait que l’on s’intéresse à l’un des principaux enjeux du Conseil SAM, c’est ça qui m’inspire. Le PDS a le potentiel de développer un outil permettant de partager une vision plus claire de ce qui se passe réellement dans cette ville en matière d’insécurité alimentaire. Travailler avec l’équipe du PDS nous amènera à créer un outil puissant et centralisé pour tous les acteur·rice·s montréalais·es qui ont à cœur cet enjeu social.

Cet entretien a été modifié par souci de concision et de clarté.

*Rédaction: Angelina Mazza; révision du contenu: Karolyne Arseneault, Sara Selma Maref, Erika Salem.

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Centre de recherches interdisciplinaires en études montréalaises | Centre for interdisciplinary research on Montreal